rexisme

rexisme, mouvement politique belge de tendance autoritaire et antiparlementaire, dirigé par Léon Degrelle et apparu dans les années trente, qui a évolué vers le fascisme et, après 1940, vers la collaboration avec l'Allemagne nazie.

En 1930, le secrétariat de l'Action catholique crée, à Louvain, une maison d'édition appelée Christus Rex (Christ roi). La direction en est confiée à un jeune militant, Léon Degrelle. Fortement marqué par les théories de l'Action française — et plus encore par Maurras — en matière de nationalisme, Degrelle fait évoluer la maison d'édition vers une activité toujours plus politique, notamment à travers la revue Rex, mensuelle puis hebdomadaire dès 1931. La rupture avec l'Église, qui le condamne de fait, intervient en 1932. Degrelle fonde ainsi un mouvement politique qui est désormais ouvert à tous et non plus seulement aux croyants. L'ascension est rapide. Grâce à une grande série de meetings à travers toute la Wallonie, le Front populaire de Rex connaît un succès facile.

À l'origine, la force du rexisme réside dans sa critique virulente du parlementarisme et des partis traditionnels. La propagande rexiste exploite ainsi les nombreux scandales politico-financiers qui agitent la Belgique à cette époque. Hostile en particulier aux catholiques modérés, Degrelle défend un système politique à la fois autoritaire et corporatif, centré autour de l'idée de la nation belge et de la personne du roi. L'État selon Degrelle, doit être reconstruit sur la base de la famille, en supprimant notamment le divorce, et sur la reconnaissance de la diversité des provinces, qui, loin d'en être un obstacle, favorise le ralliement de tous à la nation. Cette prise en compte de la diversité amène ainsi le Wallon Degrelle à soutenir, en Flandres, le mouvement nationaliste flamingant avec lequel il passe une alliance. Les élections du 24 mai 1936 sont pour le rexisme, alors à son apogée, un succès sans précédent. Le mouvement, qui dispose de plusieurs journaux, dont Le Pays réel en Wallonie et le De Nieuwe Staat en Flandres, compte 21 députés et 12 sénateurs.

S'éloignant de plus en plus de son origine catholique, le rexisme se rapproche des mouvements fascistes qui se développent un peu partout en Europe. Ce faisant, il perd une partie de son électorat modéré. Le reflux du mouvement se fait sentir dès l’élection législative partielle du 11 avril 1937 où le Premier ministre, Paul Van Zeeland, est élu député de Bruxelles avec 276 000 voix, contre seulement 69 250 à Léon Degrelle. Le déclin s'accélère. Condamné en juillet 1937 à quatre mois de prison avec sursis pour diffamation envers le ministre Henri Jaspar, Léon Degrelle enregistre une sévère défaite lors des élections municipales d'octobre 1938. Le rexisme se radicalise alors. À l'instar des partis collaborationnistes de Jacques Doriot et Marcel Déat en France, il prône, au lendemain de l'invasion de la Belgique par les armées allemandes, en juin 1940, la collaboration avec le Reich nazi. Ainsi, Léon Degrelle constitue en août 1941, avec les rexistes les plus extrémistes, une Légion antibolchevique — la division SS « Wallonie « — qui part combattre aux côtés des Allemands sur le front russe. À la fin de la guerre, le mouvement rexiste est interdit, nombre de ses militants et dirigeants sont fusillés, tandis que Degrelle, condamné à mort par contumace, se réfugie en Espagne.