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Richelieu, cardinal de

Publié le 11/02/2013

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richelieu

1   PRÉSENTATION

Richelieu, cardinal de, né Armand Jean du Plessis (1585-1642), 1er duc de Richelieu, cardinal et homme d’État français.

En consolidant l’autorité royale, le cardinal de Richelieu — surnommé l’homme rouge — a encouragé l’absolutisme et posé les bases de la grandeur du royaume de France au xviie siècle.

2   ASCENSION D’UN ECCLÉSIASTIQUE

Né à Paris, Armand Jean du Plessis est le fils d’un grand prévôt de la noblesse poitevine et de la fille d’un avocat de la bourgeoisie de robe. Après des études au collège de Navarre et à l’académie Pluvinel, il se destine à la carrière militaire, mais doit y renoncer lorsque son frère Alphonse abandonne l’évêché de Luçon (près de La Rochelle) pour se retirer à la Grande Chartreuse. Afin de maintenir l’évêché et les revenus qui en découlent dans sa famille, le jeune homme entreprend des études de théologie et fait un voyage à Rome pour obtenir du pape Paul V les dispenses d’âge.

En 1607, à 22 ans, Armand du Plessis est ordonné évêque. Il se consacre avec zèle à l’administration de son diocèse, où il crée un séminaire et encourage les missions. Représentant du clergé aux états généraux en 1614, il présente le cahier de doléances de son ordre. À cette occasion, il déclare que les souverains ont intérêt à appeler dans leur conseil des ecclésiastiques, « à cause des vertus de capacité et de prudence auxquelles les oblige leur profession «. Son intervention ne passe pas inaperçue et, très vite, il accroît son influence dans le monde politique. Bientôt, il gagne les faveurs de la régente, la reine mère Marie de Médicis, et de son principal conseiller, Concino Concini.

Nommé aumônier de la reine mère, il entre au conseil en 1616 en tant que secrétaire d’État pour l’Intérieur et pour la Guerre. Cependant, il tombe en disgrâce dès l’année suivante, lorsque le jeune roi Louis XIII fait abattre Concini et rétablit son autorité personnelle. Chassé de la cour, l’ecclésiastique suit la reine mère dans son exil, d’abord à Blois, puis dans son prieuré de Coussay. Il profite de cette retraite forcée pour écrire deux ouvrages : Défense des principaux articles de la foi catholique (1617) et Instruction pour les chrétiens (1619). Travaillant à la réconciliation de la reine mère et du roi, il prépare son retour au conseil. En 1621, il acquiert la terre de Richelieu (qui est élevé au titre de duché dix ans plus tard). L’année suivante, il est réhabilité et nommé cardinal.

3   RICHELIEU, PRINCIPAL MINISTRE DE LOUIS XIII

En avril 1624, le cardinal de Richelieu devient le principal ministre de Louis XIII et le reste jusqu’à sa mort. Pendant ces dix-huit années d’un ministère d’une exceptionnelle longévité, le cardinal de Richelieu poursuit deux objectifs : premièrement, restaurer l’autorité royale et affirmer la force de l’État ; deuxièmement, établir la prépondérance française sur le continent européen.

3.1   Le restaurateur de l’autorité royale

Homme de son siècle, pragmatique plus que réformateur, Richelieu croit que le pouvoir monarchique, d’origine sacrée, est la condition essentielle de la puissance du pays, sous réserve que le souverain sache se faire respecter à l’intérieur et redouter à l’extérieur. Ainsi, dès son arrivée aux affaires, il entreprend la lutte sur deux fronts : d’une part contre les protestants du royaume, qu’il accuse d’avoir créé un véritable « État dans l’État « ; d’autre part contre la noblesse qui, oubliant ses devoirs, ne cesse de comploter contre son ministère, n’hésitant pas à faire appel à l’ennemi espagnol pour tenter d’affaiblir la Couronne.

3.1.1   Désamorcer la puissance huguenote

Afin de limiter la puissance des protestants du royaume, la ville de La Rochelle — place forte des huguenots soutenus par les Anglais — est assiégée à partir du 10 août 1627 sur ordre conjoint de Louis XIII et de Richelieu. Durant plus de quatorze mois, les Rochelais défendent ardemment leur ville, qui tombe finalement le 28 octobre 1628. La promulgation de l’édit de grâce d’Alès (28 juin 1629) consacre la politique du cardinal : s’il confirme la liberté de culte des protestants, il abroge leurs privilèges politiques et places fortes octroyés par l’édit de Nantes de 1598.

Parallèlement, le ministre combat le jansénisme naissant en ordonnant, en 1638, l’arrestation de l’abbé de Saint-Cyran. Il entre également en conflit avec le Saint-Siège à propos de la mise en place d’un impôt foncier destiné au clergé.

3.1.2   « Rabaisser l’orgueil des Grands «

Pour contrer l’agitation de la noblesse, Richelieu fait démanteler les châteaux forts privés et interdire les duels (1626). Si l’agitateur principal, le duc Gaston d’Orléans, demeure intouchable en sa qualité de frère du roi, ses proches sont neutralisés : les conspirateurs, tels le comte de Chalais, le duc de Montmorency et le marquis de Cinq-Mars (respectivement décapités en 1626, 1632 et 1642), sont sévèrement châtiés ; pour sa part, le comte de Soissons, qui a rallié les Espagnols, meurt au combat en 1641. La reine mère Marie de Médicis doit elle-même s’exiler après la journée des Dupes (10 novembre 1630), au cours de laquelle Richelieu échappe de peu à une destitution.

Cependant, malgré le soutien inconditionnel que le roi lui accorde, le cardinal continue de devoir faire face à l’esprit de sédition qu’entretient la noblesse. Afin d’achever la restauration de l’autorité royale, Richelieu se fait l’artisan d’une centralisation du pouvoir, par ailleurs réorganisé : réforme du Conseil du roi et de la législation (code Michau en 1629) ; limitation du droit de remontrance des parlements ; développement, aux dépens des gouverneurs de province, de l’institution des intendants royaux (qui deviennent les instruments de l’absolutisme monarchique).

Conscient du prestige que la culture et les arts peuvent apporter à la royauté, le cardinal — personnellement grand amateur d’art et collectionneur d’œuvres de Léonard de Vinci, de Michel-Ange, de Raphaël, mais également du Caravage, de Nicolas Poussin ou de Pierre Paul Rubens — crée l’Académie française en 1634 (voir Institut de France), agrandit la Sorbonne et fait bâtir le Palais-Cardinal (futur Palais-Royal). De même, il encourage la diffusion de libelles et de pamphlets appuyant son action et soutient la Gazette de France créée par Théophraste Renaudot en 1631.

3.1.3   Développer l’économie

Soucieux de favoriser le développement économique, condition selon lui de la puissance des États, Richelieu crée, en sa qualité de surintendant de la Navigation et du Commerce, des compagnies commerciales sur le modèle hollandais. Mais plus encore, il jette les bases d’un Empire colonial, notamment au Canada grâce à l’action de la Compagnie de la Nouvelle-France, qu’il a fondée en 1627.

3.2   La politique étrangère

Malgré l’importance de l’œuvre accomplie au sein du royaume, la politique étrangère demeure la principale préoccupation du cardinal de Richelieu.

3.2.1   Le jeu des alliances

La stratégie de Richelieu consiste à affaiblir les Habsbourg catholiques en s’alliant avec les puissances européennes de confession protestante. Ainsi, afin de s’assurer le soutien de l’Angleterre anglicane, il commence par organiser le mariage de la sœur du roi, Henriette Marie, avec le prince de Galles (futur Charles Ier d’Angleterre). Grand tacticien, calculateur et réfléchi, il pratique également une guerre indirecte contre les Habsbourg en versant des subsides à leurs ennemis protestants Christian IV de Danemark et Gustave II Adolphe de Suède, champion de la cause luthérienne, dont il finance l’invasion de l’Allemagne en 1631.

3.2.2   La politique des portes

Parallèlement, Richelieu met en place la « politique des portes «, qui vise à assurer la liberté de passage aux frontières, surtout alpines. La France prend une première fois le contrôle de la Valteline en 1625, coupant ainsi les communications entre Autrichiens, Italiens, Espagnols et Flamands. Une seconde offensive en Italie (1629-1630) et l’invasion du duché de Savoie aboutissent à la prise de Suse et de Pignerol par la France, et du duché de Mantoue par la maison de Nevers qui soutient Richelieu. Ce dernier s’empare également de la Lorraine, prévenant ainsi une invasion par l’Est.

3.2.3   L’entrée dans la guerre de Trente Ans

Lorsqu’en 1634, après la victoire des impériaux à Nördlingen, la paix de Prague réconcilie l’empereur et les princes allemands, la France entre directement dans la guerre de Trente Ans (mai 1635). Après de premiers revers, les armées françaises se redressent : conquête de l’Alsace sur les impériaux, prises d’Arras (1640) et de Perpignan (1642), ainsi que soutien aux révoltés catalans et portugais contre l’Espagne.

Pour financer cette politique belliqueuse, Richelieu augmente considérablement la pression fiscale (accroissement de la taille, taxes à la consommation, etc.), provoquant un mécontentement grandissant du peuple. Les nombreuses révoltes qui éclatent dans les provinces sont sévèrement réprimées, notamment celles des Croquants du Sud-Ouest (à partir de 1637) et celle des Va-nu-pieds de Normandie (1639).

Il n’en demeure pas moins que, sur tout le continent, la puissance des Habsbourg d’Espagne ne cesse de décliner, tandis que s’affirme le triomphe de l’hégémonie française. Alors que la France est en passe de devenir la première puissance militaire européenne, Richelieu meurt d’épuisement à Paris, le 14 décembre 1642. Il laisse des Mémoires et un Testament politique, dans lesquels est résumée et développée la philosophie de son action.

4   RICHELIEU, « LE SERVITEUR DE L’ÉTAT «

Le cardinal de Richelieu a été le partisan inlassable de la raison d’État. Travailleur infatigable, très ambitieux, il s’est fait le défenseur implacable des intérêts de la Couronne. Toute sa vie, Richelieu est resté fidèle à Louis XIII. Malgré un peuple rebelle et récalcitrant, une noblesse refusant vigoureusement de subordonner ses intérêts particuliers à ceux de l’État, une fiscalité écrasante et une misère croissante dans le royaume, Richelieu a réussi la gageure de consolider durablement l’appareil d’État, engageant la France dans une voie administrative moderne. Son gouvernement marque une étape sans retour dans la formation d’un État fort, dont le règne de Louis XIV est en quelque sorte l’apothéose monarchique. S’il n’a pu conquérir des « frontières naturelles « — chimère que lui ont prêtée certains historiens et à laquelle il n’a pas cru lui-même —, il a sécurisé la défense de la France par ses alliances, empêchant ainsi toute tentative d’invasion massive.

Relativement impopulaire, l’« homme rouge « a inauguré un nouveau type d’homme politique dans l’histoire de France : le serviteur de l’État.

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