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russo-japonaise, guerre

Publié le 13/02/2013

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1   PRÉSENTATION

russo-japonaise, guerre conflit armé (1904-1905) résultant de la rivalité entre la Russie et le Japon dans leur volonté d’expansion territoriale en Asie orientale.

2   L’EXPANSIONNISME RUSSE EN ASIE ORIENTALE

À la fin des années 1890, la Russie affiche avec fermeté sa volonté d’étendre en Chine et en Corée sa zone d’influence. Après la victoire japonaise sur la Chine au terme de la guerre sino-japonaise (1894-1895), la Russie, la France et l’Allemagne interviennent pour que la péninsule de Liaodong soit rétrocédée à la Chine. Trois ans plus tard, la Russie obtient pour son compte la cession en bail de la péninsule de Liaodong ; elle y aménage la base militaire de Port Arthur (ports de Dalian et de Lüshun), dans le but manifeste d’en faire le point central de sa puissance militaire et économique en Asie orientale. Déjà en 1896, le gouvernement russe a conclu un accord avec la Chine lui permettant de faire passer en Mandchourie le Transsibérien — qui doit relier Vladivostok à la Russie centrale. Enfin, elle saisit le prétexte de la révolte des Boxers, en 1900, pour occuper la Mandchourie, qu’elle refuse d’évacuer par la suite.

L’expansionnisme russe inquiète certes les Japonais, mais également les Anglais et les Américains, dont les intérêts sont alors menacés en Asie orientale. En janvier 1902, malgré l’opposition de Ito Hirobumi préférant négocier directement avec les Russes, un traité est signé entre le Japon et le Royaume-Uni : il réaffirme l’indépendance de la Chine et de la Corée mais prévoit une alliance militaire en cas de conflit armé survenant dans leur zone d’influence.

Contre toute attente, le rapport des forces entre Russes et Japonais est relativement équilibré. Certes le Japon n’a ni les ressources ni les réserves de l’immense Empire russe, mais ses forces navales — du moins dans les mers orientales — sont plus nombreuses et surtout mieux équipées. Il lui est également plus facile d’acheminer rapidement ses troupes, la Russie dépendant dans ce domaine de son Transsibérien, lent et encore inachevé.

3   LE DÉCLENCHEMENT DE LA GUERRE

En 1903, isolée sur le plan diplomatique, la Russie entreprend d’évacuer ses troupes de Mandchourie, puis se ravise. Le Japon tente alors de négocier le respect de la frontière nord de la Corée, mais la Russie réplique en réclamant le retrait des troupes japonaises stationnées au nord de la péninsule. Au Japon, l’état-major militaire, certains membres du gouvernement et une partie de l’opinion publique réclament la guerre, malgré l’opposition du Premier ministre Katsura Taro.

Finalement le Japon, fort de son alliance avec la Grande-Bretagne et persuadé de la neutralité des autres puissances occidentales, envoie à la Russie un ultimatum le 13 janvier 1904, exigeant le retrait immédiat des troupes russes de Mandchourie. Dans la nuit du 8 au 9 février suivant, prenant prétexte d’un incident mineur survenu en Corée, la flotte de l’amiral Togo Heihachiro passe à l’offensive et attaque la base navale de Port Arthur. Plusieurs navires russes sont endommagés, les autres bloqués au mouillage. Le Japon déclare finalement la guerre à la Russie le 11 février.

4   LES OPÉRATIONS ARMÉES
4.1   Les offensives terrestres

En mars 1904, la 1re armée du général Kuroki Tametomo (1844-1923) débarque en Corée, à Chemulpo (aujourd’hui Inchon) et à Nampo et repousse les troupes du général Kouropatkine vers le nord.

Une première bataille décisive a lieu en mai sur le fleuve Yalu ; dans l’attente de renforts, les Russes reculent vers la péninsule de Liaodong. Le même mois, la 2e armée, dirigée par Oku Yasutaka (1846-1930), débarque dans la péninsule de Liaodong. En quelques semaines, elle détruit les voies de communication entre Port Arthur et les principales forces russes stationnées en Mandchourie, et engage le siège de la base militaire. Les Japonais en place sont bientôt rejoints par l’armée du général Nogi Kiten (1849-1912). La flotte russe est décimée, mais la ville, bien retranchée, s’avère difficile à prendre : le siège s’éternise, tandis que les pertes humaines s’alourdissent des deux côtés.

Pendant ce temps, un quatrième corps expéditionnaire débarqué dans la péninsule de Liaodong et commandé par le général Oyama Iwao (1846-1916), repousse l’armée de Kouropatkine vers le nord. Les Russes sont battus une première fois le 14 juin 1904 à Wafangdian. La bataille de Liaoyang, qui s’engage le 25 août, s’achève le 4 septembre par une nouvelle victoire japonaise et oblige les Russes à se replier sur Mukden (actuellement Shenyang). Un siège très rude s’engage alors, d’autant que les Russes reçoivent régulièrement le renfort de troupes supplémentaires, acheminées par le Transsibérien, tandis que les réserves japonaises commencent à s’épuiser. Conscient de sa supériorité numérique, Kouropatkine lance deux offensives en Mandchourie, qui échouent l’une et l’autre. Finalement les deux armées, aux prises avec un rude hiver, se replient.

4.2   Les victoires japonaises de Port Arthur et de Mukden

À Port Arthur, les offensives japonaises, toujours plus sanglantes, se poursuivent sous le commandement du général Nogi Kiten. Au prix de la vie de près de 50 000 hommes, plusieurs positions sont conquises en décembre 1904, notamment le point stratégique appelé la Colline, haute de 203 m. Attaquée par mer et par terre, la base de Port Arthur se rend le 2 janvier 1905.

Les troupes russes et japonaises concentrent alors leurs forces autour de Mukden. Le 10 mars 1905, bien qu’inférieurs en nombre (270 000 Japonais contre 330 000 Russes) et en matériel, les Japonais obligent les troupes ennemies à abandonner la ville et à se replier vers le nord. La bataille meurtrière de Mukden (les Russes perdent 90 000 hommes et les Japonais 50 000) met fin à la guerre terrestre.

4.3   La bataille de Tsushima

Maîtres de la mer dès le début de la guerre, les Japonais confirment leur suprématie lors des batailles navales d’août 1904. La plupart des navires russes sont bloqués à Port Arthur, tandis que la flotte de Vladivostok est peu nombreuse et peu puissante. Les Russes envisagent alors d’envoyer en renfort la flotte de la Baltique, qui se trouve alors à Liepaja, dans les eaux européennes.

Une escadre composée de quarante-cinq navires, commandée par l’amiral Rojdestvenski, prend la mer le 15 octobre 1904. Après avoir contourné l’Afrique et traversé l’océan Indien, elle atteint la mer de Chine début mai 1905 et prend la direction de Vladivostok par le détroit de Tsushima (ou détroit de Corée). Elle est alors interceptée et anéantie, entre le 27 et le 29 mai 1905, par la flotte de l’amiral Togo Heihachiro, inférieure en nombre mais supérieure en vitesse et en armement. Le bilan est très lourd côté russe : huit cuirassés, neuf croiseurs et six paquebots armés, plus ou moins détruits, 4 000 morts, trois amiraux et 7 300 marins capturés.

5   LE TRAITÉ DE PORTSMOUTH

La perte de Port Arthur, les défaites de Mukden et de Tsuhima laissent les Russes désemparés et les Japonais exsangues. La guerre aurait pu continuer, mais le tsar Nicolas II, en proie à de graves difficultés intérieures, et le gouvernement japonais, dont les finances ont fortement souffert, acceptent l’offre de médiation du président américain Theodore Roosevelt.

Le traité de paix est signé le 5 septembre 1905 à Portsmouth (New Hampshire). Les Japonais souhaitent réaffirmer leur contrôle sur la péninsule coréenne, reprendre les concessions russes en Chine et revendiquent le paiement d’importantes indemnités de guerre. Finalement le traité leur accorde la moitié sud de Sakhaline, la cession de tous les droits russes en Chine (la concession de la péninsule de Liadong — y compris le Guandong —, le chemin de fer sud-mandchourien et les mines de charbon de Fushun), mais aucune indemnité. Enfin la Russie évacue la Mandchourie et reconnaît officiellement l’influence japonaise en Corée.

Le traité de Portsmouth provoque une large vague de mécontentement au Japon, en particulier en raison du non-paiement d’indemnités de guerre par la Russie. Les diplomates japonais sont accusés d’avoir « perdu la paix « : des émeutes éclatent à Tokyo, tandis que les militaires réclament la poursuite de la guerre, et en particulier de l’occupation de la Mandchourie. Le gouvernement refuse de céder et proclame la loi martiale pour ramener l’ordre dans la capitale.

L’issue de la guerre russo-japonaise marque un tournant décisif dans le Japon de l’ère Meiji. Elle révèle à l’Europe, stupéfaite, la supériorité militaire absolue du Japon sur l’empire des tsars et elle marque l’avènement du pays comme grande puissance. D’une certaine façon, elle annonce déjà l’annexion de la Corée en 1910 et la militarisation à outrance du pays au début de l’ère Taisho.

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