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Sankoh, Foday

Publié le 10/04/2013

Extrait du document

1 PRÉSENTATION

Sankoh, Foday (1937-2003), chef historique du Front révolutionnaire uni (RUF), principal acteur de la guerre civile sierra-léonaise.

2 DÉBUTS MILITAIRES ET CONTESTATAIRES

Né dans la colonie britannique de la Sierra Leone, Foday Sabana Sankoh s’engage dans la voie militaire au début des années 1960, d’abord comme caporal dans l'armée britannique, puis comme Casque bleu au Congo. Après un stage en Écosse comme cameraman, il revient en Sierra Leone alors que le pays, indépendant depuis 1961, sombre dans les coups d'État à répétition. Photographe de mariages, il fixe les derniers jours d'une société privilégiée qui voit disparaître un mode de vie fortement imprégné de l’influence britannique. Les Krio (ou Créoles), descendants des anciens esclaves libérés ou enfuis de la Jamaïque au XIXe siècle, doivent maintenant compter avec les autochtones de la brousse embauchés comme dockers ou simples soldats. Le diamant, découvert en 1971, n'empêche pas le pays de s’appauvrir et suscite une corruption violemment contestée. Foday Sankoh, qui évolue dans le milieu étudiant, est emprisonné à plusieurs reprises pour ses actions de contestation.

3 L’INSTIGATEUR DE LA RÉBELLION EN SIERRA LEONE

À la fin des années 1980, Foday Sankoh rejoint en Libye un groupe de Sierra-Léonais, qui suivent un programme d’entraînement militaire mis en place par le général Kadhafi dans le but de lancer une vague de mouvements rebelles en Afrique de l’Ouest. Avec eux, Foday Sankoh fonde le Front révolutionnaire uni (Revolutionary United Front, RUF).

Après un détour par le Liberia, où il participe aux premières opérations de la rébellion menée par Charles Taylor, il revient en Sierra Leone et choisit de s'installer dans la région orientale du pays, riche en diamants. Après avoir décrété la guerre « contre la corruption, le népotisme et l'injustice «, il prend la tête, en mars 1991, d’une centaine de combattants libériens, burkinabés et sierra-léonais et attaque deux villages. Cette insurrection marque le début de la guerre civile.

4 « PAPA SANKOH « : UN CHEF DE BANDE MYSTIQUE ET SANGUINAIRE

Foday Sankoh n'est pas un révolté comme tant d'autres, mais un prophète obéissant à une « vision « qui lui a commandé de purifier la société. Si sa rébellion bénéficie d’abord d’une certaine sympathie, en raison du discrédit qui pèse sur le régime en place, ceux qui extraient des diamants pour des salaires de misère sont bientôt las de ses discours illuminés. Prenant exemple sur Charles Taylor, son mentor, il lance des raids sur les villages, enlevant des enfants pour en faire une troupe toute dévouée. Dévoyant à son profit les rites de l'initiation traditionnelle et se présentant comme leur père à tous, « Papa Sankoh « coupe ces enfants de la société en leur faisant commettre des actes excluant tout retour dans leur milieu (assassinats de proches, anthropophagie). C'est le début des horreurs que le pays connaîtra pendant une décennie, et qui culmineront avec les amputations commises sur la population civile lors de la prise de Freetown par le RUF, en janvier 1999.

Celui que l'Occident dépeint comme un fruit diabolique surgi du « cœur des ténèbres « est surtout, en réalité, une cheville ouvrière dans l'approvisionnement du marché international en « diamants du sang «. C’est en effet par le contrôle de l’extraction illicite de diamants et leur trafic vers le Liberia qu’est financée la rébellion sierra-léonaise.

5 DE L’AMNISTIE AU PROCÈS POUR CRIMES DE GUERRE

Arrêté en mars 1997 au Nigeria pour détention d’armes à feu, le caporal Foday Sankoh est condamné à mort pour trahison par la Haute Cour de justice de Freetown en octobre 1998. Mais, après la mise à feu et à sang de la capitale par les rebelles du RUF, dans le but d’obtenir la libération de leur chef historique, des pourparlers s’engagent entre la rébellion et le président Ahmad Tejan Kabbah. En juillet 1999, l’accord de paix de Lomé conclut à la nécessité d'instaurer « la paix plutôt que la justice «. Une amnistie est décrétée pour les rebelles du RUF, assortie d'un poste de vice-président de la République pour Foday Sankoh, qui hérite en outre du contrôle, stratégique, du commerce des diamants, à la tête d’une Commission chargée des ressources minières et de la reconstruction.

Mais, à la suite de la reprise des hostilités, Foday Sankoh est capturé en pleine rue en mai 2000. Au mois de janvier 2002, l'ONU et le gouvernement sierra-léonais s’accordent sur la création d'un « tribunal spécial indépendant « pour la Sierra Leone (de compétence à la fois internationale et nationale) chargé de juger les crimes commis depuis 1996 et visant, sans les nommer, Foday Sankoh et les principaux responsables du RUF. L’ancien chef rebelle comparaît devant ce tribunal en mars 2003. Il décède quelques mois plus tard.