Somalie italienne

Somalie italienne, colonie italienne de 1889 à 1941. L’histoire de cette région méridionale de la république actuelle de Somalie illustre le clivage ayant existé entre celle-ci et l’ancienne colonie britannique du Somaliland.

Le peuplement de la Corne de l’Afrique par les clans nomades somali venus du Nord est progressif et donne lieu à de multiples affrontements avec les Galla. La côte au sud du cap Guardafui est fréquentée dès le Moyen Âge par les commerçants arabes et indiens qui profitent des vents de la mousson pour venir échanger leurs produits dans les ports de Mogadiscio et de Kisimaio. Ces ports drainent les produits de l’intérieur, en particulier du bétail, et, provenant de régions plus lointaines, de l’ivoire et des captifs. Au xix^e siècle, tous les ports d’Afrique orientale sont aux mains du sultanat d’Oman, dont le sultan décide de transférer la capitale à Zanzibar, à 500 km au sud de Kisimaio (1840).

À l’issue de la conférence de Berlin qui partage l’Afrique en zones d’influence, la Grande-Bretagne établit son protectorat sur Zanzibar et scinde l’empire marchand omanais (1886). L’Italie, qui n’a pu faire valoir ses droits que sur une portion de côte en Érythrée, réussit à obtenir une façade maritime de 200 km de largeur en Somalie, dont seules les vallées du Juba et Shebele sont fertiles. Mais elle ne peut occuper l’Ogaden, dans l’intérieur, car le négus d’Éthiopie, Ménélik II, engagé lui aussi dans la course aux territoires avec les Européens, l’annexe en 1891. Les Italiens occupent d’abord les ports sur la côte, puis déclarent zone de protectorat toutes les terres qui les séparent, du sud (sultanat d’Obbia) au nord (sultanat de Midjertein), et créent une colonie appelée Bénadir, et plus tard seulement Somalie italienne ou Somalia. En 1897, le territoire occupé par les clans somali se trouve ainsi divisé entre l’Éthiopie (Ogaden), la France (Djibouti), la Grande-Bretagne (Somaliland), et l’Italie (Somalia).

Toutefois, les zones occupées sur la carte ne le sont pas obligatoirement sur le terrain. L’Italie, qui n’a pas les moyens de ses ambitions, en fait l’amère expérience dans des combats contre des clans révoltés (1887 et 1896) et d’autres soulèvements sporadiques. Néanmoins, les colonisateurs arrivent à coordonner leurs politiques, au contraire des Somali dont les clans et les sous-clans restent sourds à la tentative unificatrice de Sayyid Mohammed au Somaliland (1899-1920). Des compagnies coloniales font venir des colons pour cultiver les céréales dans les vallées (maïs et blé), tandis que les régions de nomadisme, difficilement contrôlables, sont laissées à la discrétion d’une administration indirecte très lâche, s’appuyant sur les chefs de clans. Dans les différents territoires, l’islam et le souvenir de la résistance du mahdi et de Sayyid Mohammed sont des ferments d’opposition, mais qui ne résistent pas aux rivalités claniques.

La situation évolue après la Première Guerre mondiale et la venue au pouvoir de Mussolini qui s’engage dans une politique coloniale volontariste (impôt sur les cases) dont le but est l’annexion de l’Éthiopie pour former une vaste Africa Orientale Italiana (1935). Près de 60 000 Italiens sont envoyés en Afrique orientale pour construire un réseau routier et des infrastructures administratives. Cet effort porte principalement sur l’Éthiopie mais la Somalia en bénéficie. Les travaux, qui impliquent des réquisitions des populations locales déclenchent de violentes oppositions, suivies de représailles.

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale met fin à l’entreprise coloniale de l’Italie. En janvier 1941, les troupes britanniques venues des territoires voisins occupent un territoire pratiquement sans défense. En 1950, l’administration italienne retourne en Somalia pour préparer l’accession du pays à l’indépendance. Celle-ci est proclamée le 26 juin 1960, formant avec le Somaliland britannique la république de Somalie.