Stresa, conférence de

Stresa, conférence de, conférence organisée, du 11 au 14 avril 1935, sur les rives du lac Majeur, dans le nord de l’Italie, entre ce pays, le Royaume-Uni et la France, à la suite des remises en cause par Adolf Hitler des clauses essentielles du traité de Versailles (1919-1923).

Le Premier ministre britannique, Ramsay MacDonald, le président du Conseil français, Pierre-Étienne Flandin, ainsi que Pierre Laval, et Benito Mussolini protestent à cette occasion officiellement contre le réarmement de l’Allemagne (rétablissement du service militaire obligatoire, création de la Wehrmacht, de la Luftwaffe et accroissement de la flotte). Ils créent ainsi le « front de Stresa «, une alliance qui a pour objectif de faire obstacle à la renaissance de l’impérialisme allemand en Europe : en 1934, Hitler a tenté un rapprochement avec la Pologne et, sans succès, de réaliser l’Anschluss ; l’assassinat, décidé à Berlin et effectué par les nazis autrichiens, du chancelier Dollfuss a beaucoup inquiété Mussolini ; en janvier 1935, la Sarre a voté massivement en faveur de son rattachement au III^e Reich.

Toutefois, la conférence de Stresa est la dernière manifestation d’unité entre les alliés de la Première Guerre mondiale face à leur ancien adversaire, et le « front de Stresa « s’effondre rapidement, les pays signataires adoptant des stratégies radicalement différentes face à la menace hitlérienne. Dès mai 1935, la France tente un rapprochement avec l’Union soviétique de Staline, alors que le Royaume-Uni entreprend une politique d’apaisement, et signe même unilatéralement un accord naval avec l’Allemagne, acceptant ainsi implicitement le réarmement allemand. En mars 1936, lorsque Hitler remilitarise la rive gauche du Rhin, les protestations franco-britanniques sont très faibles et inopérantes. Quant à l’Italie, pour mieux réaliser ses ambitions coloniales, elle change de camp. Les troupes de Mussolini, en octobre 1935, envahissent l’Éthiopie. Le Duce fait sortir son pays de la Société des Nations (SDN), qui condamne l’agression et, rompant avec la France et le Royaume-Uni, il se tourne désormais vers Hitler. La solidarité italo-germanique se concrétise dans l’aide apportée en Espagne, à partir de l’été 1936, aux putschistes du général Franco, ce qui débouche sur le traité d’amitié de l’axe Rome-Berlin, signé en octobre 1936, et confirmé, un an plus tard, par l’adhésion de l’Italie au pacte Antikomintern.