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Succession d'Espagne, guerre de

Publié le 09/02/2013

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espagne

1   PRÉSENTATION

Succession d'Espagne, guerre de, guerre qui opposa de 1701 à 1714 la Grande Alliance, composée à l'origine de l'Angleterre, des Provinces-Unies, du Saint Empire romain germanique et la plupart des princes allemands, rejoints plus tard par le Portugal et la Savoie, à une coalition regroupant la France, l'Espagne et certaines principautés italiennes et allemandes. Le prétexte de la guerre fut un conflit de légitimité à propos de l'accession de Philippe d'Anjou (Philippe V d'Espagne), petit-fils de Louis XIV, au trône d'Espagne (novembre 1700), conformément au testament de Charles II, que le roi de France avait accepté après de longues hésitations. La querelle de succession recouvrait un enjeu plus important. La montée sur le trône de Philippe V augmentait la puissance de la France en Europe et dans les colonies espagnoles, et menaçait l'équilibre des forces établi par la paix de Ryswick (1697).

L'empereur Léopold Ier qui souhaitait placer son propre fils sur le trône espagnol fut le seul souverain d'Europe à ne pas reconnaître l'avènement de Philippe V. Inquiète de la montée en puissance de la France, l'Angleterre résolut finalement de briser la puissance de Louis XIV et prit la tête d'une coalition européenne. La guerre de Succession d'Espagne s'inscrit donc dans la suite des conflits qui mirent aux prises les grands États européens, pour des questions d'hégémonie commerciale et politique et de conquêtes territoriales.

2   OPÉRATIONS MILITAIRES

Les combats se déroulèrent sur terre et sur mer. Les principaux théâtres d'opérations terrestres furent l'Italie, les Pays-Bas espagnols, les États allemands et l'Espagne ; les opérations navales, qui jouèrent un rôle secondaire, se déroulèrent en Méditerranée.

L'invasion des Pays-Bas espagnols par Louis XIV, le 6 février 1701, marqua le début de la guerre. L'Angleterre, les Provinces-Unies et l'empereur, qui avaient formé la Grande Alliance par le traité de La Haye (7 septembre 1701), déclarèrent la guerre à la France le 15 mai 1702. Tous les États allemands se joignirent à eux, à l'exception de la dynastie des Wittelsbach (Bavière et électorat de Cologne) qui choisirent le camp de Louis XIV. D'abord aux côtés de la France, la Savoie (novembre 1703), puis le Portugal (décembre 1703) rejoignirent la Grande Alliance. Le gouvernement espagnol, en proie au chaos, n'allait pas être d'un grand secours à la France.

Les troupes de Louis XIV étaient commandées par des chefs de guerre de très grande valeur, comme les ducs de Villars et de Vendôme. Mais ils avaient en face d'eux l'un des meilleurs généraux que l'Angleterre ait connu, John Churchill, 1er duc de Marlborough, et surtout le plus grand génie militaire de l'époque, le Prince Eugène, feld-maréchal autrichien.

Louis XIV tenta d'attaquer Vienne par l'Italie et la vallée du Danube, mais échoua malgré la victoire du maréchal Villars à Höchstädt, en Bavière, le 20 septembre 1703. L'armée franco-bavaroise fut défaite un an plus tard au même endroit (voir Höchstädt, bataille de) par le duc de Marlborough et le Prince Eugène. Les Français furent contraints de se retirer des États allemands et subirent une série de défaites qui épuisèrent leurs forces.

En 1704 les Anglais s'emparèrent de Gibraltar à l'issue d'une opération navale et terrestre. Après la défaite de Villeroi face à Marlborough, à Ramillies, le 23 mai 1706, les Français durent se retirer des Pays-Bas espagnols. Les citadelles du nord tombèrent les unes après les autres (Lille en 1708). En 1706 également, La Feuillade fut battu par les Anglais à Turin (8 septembre) et dû quitter l'Italie.

L'archiduc Charles débarqua en Espagne et s'installa à Barcelone avec le soutien d'une partie de la population, puis fut proclamé roi à Madrid en 1706 et reconnu par les alliés.

L'armée anglo-allemande — commandée par le Français Ruvigni — fut mise en déroute par une armée franco-espagnole commandée par un Anglais, le duc de Berwick, lors de la bataille d'Almansa (25 avril 1707). Philippe V reprit le contrôle du pays.

La victoire du duc de Marlborough et du Prince Eugène à Audenarde, le 11 juillet 1708, leur permit d'envahir le nord de la France et poussa Louis XIV à demander la paix. Les négociations furent interrompues par le refus français de déclarer la guerre à Philippe V d'Espagne, une exigence de la Grande Alliance qui était vécue comme une humiliation par Louis XIV. Les Français furent battus par Marlborough et le Prince Eugène à Malplaquet, le 11 septembre 1709, mais Villars avait infligé de lourdes pertes aux alliés et il put se retirer en bon ordre. D'autres défaites des Français conduisirent à une reprise des négociations de paix, en 1710, qui échouèrent pour la même raison.

Mais la victoire changea de camp et Vendôme défit les troupes alliées à Villaviciosa (Espagne) le 10 décembre 1710, puis Villars, par une habile manœuvre, coupa la route de Paris au Prince Eugène à Denain, le 24 juillet 1712.

3   RÈGLEMENT DES CONFLITS

La mort sans héritier direct de l'empereur Joseph Ier, en 1711, et l'accession au trône impérial de son frère Charles VI, qui était également prétendant au trône d'Espagne, modifia l'équilibre politique européen au profit de Louis XIV. Les Anglais, craignant qu'une victoire sur la France ne permette une hégémonie de la maison d'Autriche dans la politique européenne, se retira de la Grande Alliance. Les anciens alliés menèrent des négociations de paix séparées avec les Français, débouchant sur plusieurs pactes connus sous le nom collectif de paix d'Utrecht, en 1713. L'Angleterre s'assura la maîtrise des mers et obtint de nombreux avantages outre-mer (Terre-Neuve, Acadie, Baie d'Hudson), ainsi que Gibraltar et Minorque.

Les accords reconnaissant le petit-fils de Louis XIV comme roi d'Espagne signifiaient concrètement le rejet des prétentions de Charles VI. Il continua la guerre mais fut défait à plusieurs reprises par les Français, avec lesquels il décida finalement de signer les traités de Rastadt et Baden, le 6 mars et le 7 septembre 1714. L'Autriche faisait la paix avec la France, mais non avec l'Espagne, et recevait les Pays-Bas espagnols ainsi que plusieurs principautés italiennes (Milanais, Naples et la Sardaigne).

La guerre de Succession d'Espagne assombrit la fin du règne de Louis XIV. Coûteuse en hommes et surtout en argent, elle greva lourdement les finances du Roi-Soleil au moment où la France était ravagée par la guerre des Camisards (1702-1705) et subissait la dernière grande famine (1709) de son histoire. Elle suscita de nombreuses critiques dans l'opinion éclairée et renforça au sein de l'élite un courant d'opposition à l'absolutisme.

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