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Sue, Eugène

Publié le 18/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Sue, Eugène (1804-1857), écrivain français, maître du roman maritime et du roman populaire.

2   DES MERS DU SUD À LA LITTÉRATURE

Né à Paris, Marie-Joseph Sue est le fils d’un chirurgien célèbre et le filleul de l’impératrice Joséphine et d’Eugène de Beauharnais. Il abandonne le collège Bourbon, ancien lycée Bonaparte, où il a été admis en classe de rhétorique, pour entrer à la maison militaire du roi (1821). De 1823 à 1825, il participe à la campagne d’Espagne en qualité de chirurgien auxiliaire, puis est affecté à l’hôpital militaire de Toulon. Les deux années suivantes, il navigue dans les mers du Sud, aux Antilles et en Grèce, et assiste à la bataille de Navarin en 1827. À partir de 1830, après la mort de son père en 1829, qui le place à la tête d’une solide fortune, Eugène Sue donne sa démission et s’établit à Paris. Il mène alors une vie de dandy et fréquente les milieux littéraires et artistiques de la capitale. Ses voyages, riches en couleurs et en drames, inspirent naturellement l’homme de lettres lorsqu’il se met à écrire.

3   LE ROMAN MARITIME

À cette époque, le roman maritime est un genre à la mode, qui concurrence sérieusement le roman historique. En mars 1830 paraît en trois livraisons, dans la revue la Mode, le premier ouvrage de Sue, Kernok le Pirate, suivi par El Gitano, réunis l’année suivante sous le titre de Plik et Plok. Il écrit ensuite, dans le même registre, Atar-Gull (1831) et la Salamandre (1832), puis la Cucaratcha (1832-1834), la Vigie de Koat-Ven (1833), et enfin une inachevée Histoire de la marine française en cinq volumes (1835-1841) suivie d’une Histoire de la marine militaire de tous les peuples (1841).

4   ROMANS DE MŒURS ET ROMANS HISTORIQUES

Pour se tirer de terribles soucis financiers, Eugène Sue se trouve contraint de vivre de sa plume. Il change alors de genre, s’intéresse aux mœurs mondaines (Cécile, 1835), et s’attelle à des sujets historiques. Il publie ainsi successivement Lautréamont (1837), Arthur et Deleytar (1838), le Marquis de Létorières (1839), Jean Cavalier ou les Fanatiques des Cévennes (1840). Ce sont cependant ses romans de mœurs qui lui valent le succès et l’adhésion de la critique. Mathilde ou Mémoires d’une jeune femme (1841), son premier grand roman-feuilleton, est aussi le premier dans l’histoire du genre à connaître des prolongements imprévus encouragés par l’engouement des lecteurs. Dans cette même veine, il publie ensuite en 1842 Thérèse Dunoyer, Paula Monti puis le Morne au diable.

5   LE CRÉATEUR DU ROMAN-FEUILLETON POPULAIRE
5.1   Les Mystères de Paris

Avec la parution en feuilleton, dans le Journal des débats en 1842-1843, des Mystères de Paris, Eugène Sue connaît son premier grand succès romanesque. Récit mondain, cette œuvre est aussi un roman d’aventures exotiques où les « Apaches « de Paris remplacent ceux de l’Amérique. Mettant en scène les marginaux de la capitale, les pauvres, les ouvriers, les bandits, avec leur langage propre, leurs mœurs et leurs destins, il est surtout considéré comme l’un des premiers romans populaires. Toutes les couches de la société sont suspendues aux péripéties de ce drame quotidien. « Des malades, affirmait ironiquement Théophile Gautier, ont attendu pour mourir la fin des Mystères de Paris. «

5.2   Le Juif errant

En 1844, Eugène Sue entreprend de publier le Juif errant dans le Constitutionnel. Aussitôt, vingt mille lecteurs s’abonnent à ce journal. Violent pamphlet anticlérical, le roman conte les multiples péripéties de la lutte menée entre les descendants du Juif errant, héritiers d’une immense fortune, et la Compagnie de Jésus, qui veut la détourner à son profit. Devenu un maître incontesté des romans-feuilletons, pour lesquels la presse se dispute les parutions, Eugène Sue continue dans cette veine florissante (Mémoires d'un valet de chambre, 1846 ; les Sept Péchés capitaux, 1847-1849), ce qui lui vaut de se faire surnommer par Honoré de Balzac « le suif errant « ou « l’épicier de la littérature «.

6   L’EXIL

En 1848, après la proclamation de la IIe République, Eugène Sue publie un manifeste dans le Républicain des campagnes, pour inciter les paysans du Loiret à voter pour le programme socialiste. Élu député de Paris en 1848, il commence à rédiger la vaste fresque en seize volumes des Mystères du peuple ou Histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges (1849-1856). Le texte, violemment polémique, est condamné par la cour d’assises de Paris comme « immoral et séditieux « ; il est détruit en 1857, mais réédité à Bruxelles en 1865. Arrêté lors du coup d'État de 1851, Eugène Sue s’exile volontairement en Savoie et se fixe à Annecy-le-Vieux, d’où il n’obtiendra jamais la permission de rentrer en France. Fervent opposant au régime en place, il se lance dans une lutte farouche contre le système en publiant des brochure anti-bonapartistes comme Jeanne et Louise ou les Familles de transportés (1852) ou encore la France sous l’Empire (1857). Parallèlement, il poursuit inlassablement la publication de romans-feuilletons avec les Misères des enfants trouvés (1851), la Famille Jouffroy (1854), le Diable médecin (1855-1857) et les Secrets de l’oreiller (1858).

L’œuvre d’Eugène Sue a exercé une influence non négligeable sur ses contemporains, et il est communément considéré comme un précurseur du réalisme.

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