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Tang, dynastie

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Tang, dynastie, dynastie impériale chinoise (618-907), fondée par Li Yuan (nom de règne : Gaozu).

Sous la dynastie des Tang, la Chine connaît d’importantes mutations. Sur le plan démographique, on croit pouvoir dénombrer environ 50 millions d’habitants. La capitale des Tang, Chang’an (actuelle Xi'an), compte à certaines périodes jusqu’à deux millions d’habitants. Quant au sud de la Chine, il commence à prendre une importance économique réelle. La culture et le commerce du thé sont, par ailleurs, florissants. Sur le plan administratif est introduite une grande réforme : la revitalisation du système des examens et des concours qui, depuis les Han, ne joue plus qu’un rôle secondaire. Dès la fin du VIIe siècle, le pouvoir s’appuie sur une nouvelle caste de lettrés, fonctionnaires recrutés par concours, dont beaucoup sont originaires du bas Yang-tseu-kiang et du Sud. L’autre grande nouveauté est l’introduction d’un véritable impôt foncier, portant sur l’étendue et sur la valeur des terres cultivées.

L’extension de l’Empire a aussi pour effet de développer les relations avec les autres parties du monde. Le commerce se développe avec l’Asie centrale et l’Occident, le long des routes de la Soie empruntées par les caravanes à partir de Chang’an. Les marchands du Proche-Orient utilisent le port de Guangzhou pour commercer avec la Chine (voir Canton). Le pouvoir de la Chine s’étend à la Corée, au sud de la Mandchourie et au nord du Viêt Nam ; son influence culturelle s’étend au Japon et à d’autres pays. À l’ouest, grâce aux traités d’alliances avec les tribus d’Asie centrale, les Tang contrôlent les oasis du bassin du Tarim et parviennent finalement à étendre leur influence sur des pays aussi lointains que l’actuel Afghanistan. L’ère des Tang est une période de tolérance religieuse et culturelle. Chinois, barbares sinisés, Persans, Iraniens, Sogdiens, Mongols, Turcs, Arabes, Coréens, Malais se côtoient. Le bouddhisme, l’islam, le manichéisme, le nestorianisme, le zoroastrisme et le judaïsme cohabitent sans heurts.

Les cultes étrangers sont reconnus officiellement et, dans certaines villes de Chine, le visiteur trouve des églises chrétiennes de rite nestorien (la première église nestorienne de Chang’an date de 638) à côté de temples bouddhistes, taoïstes ou de mosquées.

2   LES PREMIERS TANG

Li Yuan est d’abord un haut fonctionnaire de la dynastie Sui qui a réunifié la Chine ; il se rebelle en 617 et avec l’aide de son fils, un général, il s’empare de la capitale. Il commence par mettre un jeune prince Sui sur le trône, avant de régner lui-même, l’année suivante. En 624, l’opposition à la nouvelle dynastie est écrasée, ce qui provoque d’importants dommages dans les provinces centrales de Hebei et de Henan : Li Yuan promulgue un nouveau code de gouvernement, fondé sur ceux de ses prédécesseurs Sui. En 626, son fils Li Shimin (nom de règne Taizong) s’empare du pouvoir, tue ses frères et oblige Li Yuan à abdiquer. Le nouvel empereur se montre brillant et actif. Il consolide le gouvernement Tang en recrutant des ministres compétents, et écrase les Turcs et les Tibétains qui menacent de couper la route de la Soie au nord. Le successeur de Li Shimin, Gaozong (son neveu), monte sur le trône en 649. Personnage faible, de plus en plus dominé par sa deuxième épouse, une ancienne concubine impériale et la future impératrice Wu Zetian, il meurt en 683. Les institutions des Tang se fortifient pendant que les armées chinoises avancent en Asie centrale et entrent en Corée, bien qu’à partir de 670, la Chine doive se retirer de Corée et créer une importante armée chargée de surveiller les frontières. À la mort de Gaozong, l’impératrice Wu élimine tous les prétendants pour assumer elle-même le pouvoir, en 690. Confrontés à des crises constitutionnelles et militaires, ses ministres la déposent en 705. Après cet interrègne troublé, son fils Xuanzong (Hiuan Tsong) lui succède en 713. C’est une période de rayonnement intellectuel, qu’illustre le titre posthume — Minghuang (« empereur brillant «) — qui lui sera donné.

3   SYSTÈME ADMINISTRATIF

La puissance économique et militaire de l’empire Tang repose sur un système de distribution de parcelles de terre, de dimension égale, à la population mâle adulte. Les taxes agraires payées par chacun des exploitants représentent la source la plus importante de revenus du gouvernement, et le service militaire que ceux-ci doivent régulièrement effectuer dans les milices forme la base de la puissance militaire des Tang. Pourtant, des difficultés apparaissent, en partie parce que le gouvernement impérial continue à tolérer l’exonération de taxes pour certains domaines et à distribuer de grands domaines aux favoris. Avec l’accroissement de la population au VIIIe siècle, les exploitants héritent de domaines dont la superficie est de plus en plus réduite, alors que les impôts ne baissent pas. Les paysans quittent leurs terres, réduisant d’autant les ressources de l’État. Les frontières ne pouvant plus être protégées par les milices, un nouveau système de commanderies y prend place et la défense est souvent confiée à des soldats et à des commandants qui ne sont pas chinois, mais le plus souvent des nomades sinisés.

4   LA CULTURE SOUS LES TANG

L’expansion de l’Empire sous la dynastie Tang a pour conséquence un développement sans précédent de la vie intellectuelle. Les institutions et la culture des Tang sont adoptées et imitées en Corée et au Japon, tandis que la Chine bénéficie des influences des peuples de l’Empire et de ses voisins. Le bouddhisme connaît son apogée sous les premiers Tang. La Chine est en relation avec pratiquement tous les pays bouddhistes. Le célèbre moine-pèlerin Xuan Zang (602-664) rapporte en 645 des sutra bouddhistes d’Inde, favorisant l’essor de cette religion. Les écrivains Tang forgent la littérature chinoise classique. Les poètes du début de l’ère Tang, Li Bo, Wang Wei et Du Fu, leurs successeurs Bo Juyi, Li He, Li Shangyin (813-858), ainsi que le prosateur Han Yu (768-824) sont parmi les écrivains les plus talentueux, fixant les canons de la littérature et de la poésie classique. Dans le domaine de l’art chinois, Wang Wei et Wu Daozi créent les formes et les styles qui vont devenir des modèles pour les siècles suivants. La musique chinoise prend sa forme définitive, intégrant modes musicaux et instruments en usage dans les mondes arabe, persan et turc, comme le luth (ou p’i-p’a).

5   LA RÉBELLION D’AN LUSHAN ET LES DERNIERS TANG

Le règne de Xuanzong (712-756) commence par des succès : réformes gouvernementales profondes et victoire sur les Turcs et les Tibétains. Grand amateur d’art et érudit religieux, l’empereur a une cour brillante. Les récoltes de céréales et le revenu fiscal augmentent, renforçant ainsi le gouvernement. La Chine des Tang atteint une splendeur et une prospérité jusqu’alors inconnues.

Pourtant, un danger guette la dynastie : ses armées. Alors que jusqu’ici le pouvoir impérial a pris soin de n’accorder des commandements que pour une très courte période, des contre-pouvoirs quasi autonomes se constituent dans les armées des frontières. Une rébellion militaire est fomentée par un des favoris, le général An Lushan. En 755, Luoyang, puis Chang’an sont mises à sac par les armées d’An Lushan, et l’empereur s’enfuit dans le Sichuan. Les conséquences de ces huit années de guerre sont graves : les Tibétains coupent la route de l’Asie centrale, et un puissant royaume, celui du Nanzhao, voit le jour au Yunnan. Le pouvoir central doit sacrifier maintes de ses prérogatives au profit des commissaires impériaux.

Des millions de Chinois meurent et la dévastation du Henan et du Hebei provoque le déplacement de la population et des pouvoirs politiques du nord de la Chine vers la région du Yang-tseu-kiang. La paix n’est rétablie qu’en 763, grâce à des alliances que l’empereur passe avec les Ouïgours d’Asie centrale. L’héritier de Xuanzong usurpe le trône et, parmi les empereurs qui lui succèdent, très peu parviendront à égaler la puissance de leurs illustres prédécesseurs. Depuis la révolte, le gouvernement central n’est plus en mesure de reprendre le contrôle des commanderies des frontières. Certaines deviennent des royaumes héréditaires et refusent régulièrement de payer les impôts au gouvernement central. Le système des commanderies s’étend à d’autres régions de la Chine et, au IXe siècle, la zone effectivement contrôlée par le gouvernement central se limite au Shaanxi.

6   PERSÉCUTION RELIGIEUSE ET MORCELLEMENT

La révolte d’An Lushan a pour conséquences une réaction de xénophobie de la part des Chinois. Ce phénomène de « retour aux sources classiques « entraîne des persécutions religieuses — dont le bouddhisme est le premier à souffrir — et un réveil du confucianisme à la fin de l’ère Tang, qui amène, aux XIe et XIIe siècles, à la formation d’une nouvelle idéologie politique et religieuse puissante, le néoconfucianisme. Bien que le bouddhisme ait connu son apogée sous les premiers Tang, les fonctionnaires lettrés considèrent le bouddhisme comme un élément perturbateur de la société chinoise. En 845, l’empereur décide de persécuter à grande échelle les bouddhistes. Plus de 4 600 monastères et plus de 40 000 temples et lieux saints sont détruits, et plus de 260 000 moines et religieuses contraints de reprendre une vie séculaire. La croissance économique et sociale préserve l’unité pendant les années de désunion politique. Les guildes d’artisans, l’utilisation du papier-monnaie et la centralisation du commerce se développent à la fin de l’ère Tang. La pression des Tibétains au nord et celle du royaume de Nanzhao au sud affaiblissent les ressources militaires des Tang au IXe siècle. Les rébellions se font plus nombreuses, le désordre s’accroît et, en 880, une armée rebelle s’empare à nouveau de Chang’an, obligeant l’empereur à fuir. Quoique la dynastie Tang ait officiellement perduré jusqu’en 907, l’autorité des Tang n’a jamais été restaurée après ce dernier désastre, et la Chine s’est morcelée entre les royaumes rivaux de la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes. Sous les Tang, la Chine a néanmoins connu puissance et prospérité pendant presque trois siècles.

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