Tanzimat
Publié le 11/02/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Tanzimat (en turc, « réorganisation «), réformes libérales opérées dans l’Empire ottoman entre 1839 et 1878 par les sultans Abdülmacid Ier, Abdülaziz et Abdülhamid II.
2 | L’ÈRE DES TANZIMAT |
Quelques semaines après son arrivée au pouvoir, Abdülmacid Ier proclame, le 3 novembre 1839, l’édit de Gülhane qui constitue la charte des réformes : celles-ci distinguent, sur le modèle européen, les domaines administratifs, juridiques et militaires. Afin de moderniser l’État et de lui donner une meilleure efficacité, progressivement, des ministères à l’européenne sont établis, les impôts sont réorganisés, un budget annuel est créé et des codes pour le commerce et la propriété foncière sont rédigés.
En 1856, lors du traité de Paris qui met fin à la guerre de Crimée, les États européens obtiennent, en échange de la reconnaissance juridique de l’Empire ottoman, l’émancipation des non-musulmans de l’Empire : chrétiens et juifs possèdent désormais les mêmes droits que les sujets musulmans, et la liberté de culte leur est reconnue. La conséquence la plus immédiate de cette mesure est la reconnaissance de communautés confessionnelles dotées de pouvoirs propres.
En 1864, l’administration provinciale est modifiée par la loi des vilayet, calqués sur l’administration provinciale française. Pour former les fonctionnaires dont l’État a besoin, des écoles publiques se substituent aux établissements islamiques, tandis que les écoles de missionnaires étrangers prospèrent pour les jeunes non-musulmans. Cette politique de libéralisation profite également aux journaux, qui constituent peu à peu une presse d’opinion.
Sur la foi de ces élans libérateurs, les réformateurs réclament à Abdülaziz une constitution écrite, tout en remettant en cause son pouvoir ; ils donnent naissance au mouvement des « Jeunes-Ottomans «. En 1876, leur dirigeant, Midhat Pacha, dépose le sultan, qui est remplacé par son frère Abdülhamid II. Dès son avènement, le nouveau sultan promulgue une Constitution, inspirée de celle de la Belgique, prévoyant la formation d’un parlement et l’octroi de libertés politiques.
3 | LE RETOUR AUX PERSÉCUTIONS |
Toutefois, confronté au démembrement de l’Empire et à la banqueroute de l’État, Abdülhamid II renvoie Midhat Pacha, suspend la Constitution (1878), puis instaure un régime absolutiste et persécute les réformistes. Un coup d’État des officiers Jeunes-Turcs en 1908 l’oblige néanmoins à remettre en vigueur la constitution de 1876, puis à abdiquer en 1909.
L’ère des Tanzimat a durablement marqué l’histoire de l’Empire ottoman, contraint de se moderniser face aux pays occidentaux, et a révélé la profondeur des résistances ottomanes aux changements.