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Taylor, Charles (Liberia)

Publié le 07/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Taylor, Charles (Liberia), (1947- ), homme d’État libérien, élu président de la République du Liberia (1997-2003) après avoir été l’un des principaux acteurs de la guerre civile (1989-1996), à la tête du Front national patriotique du Liberia (NPFL).

2 UN ENFANT DE L’ÉLITE AMÉRICANO-LIBÉRIENNE

Né à Monrovia, Charles Taylor appartient, par son père, à l’élite américano-libérienne, descendante des anciens esclaves affranchis revenus des États-Unis à partir de 1820. Son parcours est celui de tout enfant américano-libérien, disposant d’un accès privilégié à l’enseignement et mû par le sentiment d’appartenir à une élite liée au pays le plus puissant du monde. Sous William Tolbert, élu président en 1971, les populations de la brousse avaient continué à s’intégrer à la société. Les intermariages se faisaient plus nombreux, à l’image de celui des parents de Charles Taylor dont la mère est issue de la petite tribu des Gio. Cette intégration en douceur est rompue en 1980 par le coup d’État sanglant du sergent-chef Samuel K. Doe, un Krahn, qui donne le pouvoir aux « autochtones «.

Parti étudier à Boston (États-Unis), Charles Taylor obtient une maîtrise d’économie au Bentley College (Massachusetts), tout en s’impliquant dans les campagnes électorales locales au profit du Parti démocrate. De retour au Liberia, sous la présidence de Samuel K. Doe, il est nommé directeur du service chargé des achats pour l’administration. En 1983, accusé de détournement de fonds pour un montant d’un million de dollars, il s’enfuit aux États-Unis. Emprisonné dans le Massachusetts (1984), il s’évade après quinze mois de détention avec la complicité de sa femme.

3 « LE GUERRIER «

Réfugié en Libye, Charles Taylor fonde une milice armée, le Front national patriotique du Liberia (National Patriotic Front of Liberia, NPLF) et, en septembre 1989, lance une offensive contre le gouvernement de Samuel Doe à partir du mont Nimba, dans le nord-est du Liberia. Alors que le NPLF progresse rapidement jusqu’aux portes de Monrovia, la capitale libérienne, des dissensions internes l’empêchent de prendre le pouvoir. Après l’assassinat, en septembre 1990, du président Doe, le pays bascule dans une guerre civile opposant plusieurs factions tribales pour le contrôle des richesses minières du pays.

En tant que l’un des chefs de cette guerre civile sanglante, Charles Taylor s’appuie sur la tribu de sa mère et fait valoir son « africanité « auprès des « gens de la brousse «. C’est du reste de la langue de sa mère que Charles Taylor tient son second prénom, Gankay (« le Guerrier «), un qualificatif qui s’applique parfaitement à un combattant sans retenue, grossissant d’enfants-soldats les rangs de son armée. Le chef de guerre, qui pratique un baptisme teinté de croyances traditionnelles, est aussi un fin politique bénéficiant d’appuis personnels non seulement auprès du colonel Kadhafi, mais aussi de l’ancien président ivoirien Houphouët-Boigny et d’hommes politiques européens et américains.

4 UN PRÉSIDENT ÉLU DE GUERRE LASSE

Au terme de sept années d’un conflit ayant dévasté le pays, provoqué la mort de 200 000 personnes et le déplacement de près d’un million de Libériens, Charles Taylor démontre qu’on ne peut compter sans lui. Face à l’impasse dans laquelle la guerre a conduit le pays, sans qu’aucune force ne parvienne à prendre un avantage décisif par les armes, les factions rebelles acceptent en 1996 l’organisation d’élections générales sous l’égide de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Charles Taylor remporte l’élection présidentielle de juillet 1997 avec 75 p. 100 des suffrages. Cette élection, qui marque plus la lassitude de la population qu’un choix délibéré, est bien accueillie par les pays occidentaux, qui voient en l’initiateur de la guerre civile le seul dirigeant capable de faire régner l’ordre dans le pays. L’assise du président libérien est cependant rapidement menacée tant au niveau national que sur le plan international.

5 UN CRIMINEL DE GUERRE

Tandis qu’il doit lui-même affronter une rébellion, Charles Taylor est mis en cause en décembre 2000 par l’Organisation des Nations unies (ONU) dans un rapport sur les trafics de diamants et d’armes en Sierra Leone. Ce document affirme que « le président Charles Taylor alimente activement la poursuite de la violence en Sierra Leone « et recommande un embargo sur les diamants en provenance du Liberia. Les sanctions de l’ONU (embargo sur les exportations de diamants et sur la vente d’armes au gouvernement libérien) tombent en juin 2001 et sont renouvelées en 2002, puis en 2003.

Au mois de février 2002, le président libérien doit faire face à une recrudescence des combats avec les rebelles du mouvement Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD). De plus en plus isolé et affaibli, il est en outre inculpé en juin 2003 par le Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone pour sa responsabilité dans les crimes de guerre et contre l’humanité commis aux côtés du Front révolutionnaire uni (RUF) en Sierra Leone. Au mois d’août, tandis que les forces rebelles s’apprêtent à prendre Monrovia, Charles Taylor renonce au pouvoir sous les pressions internationales, en particulier américaines. Il trouve asile au Nigeria. À la demande de la présidente du Liberia Ellen Johnson-Sirleaf, élue en novembre 2005, le Nigeria accepte bon gré mal gré de déférer l’ancien président devant le Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone. Après une tentative d’évasion manquée, Charles Taylor est arrêté par la police nigériane en mars 2006 puis extradé au Liberia et transféré par les forces de l’ONU vers la Sierra Leone.

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