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Tchiang Kaï-Chek : un traditionaliste militant

Publié le 17/01/2022

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8 décembre 1949 - Pour beaucoup, ce vieillard au visage lisse et digne, sanglé dans un uniforme impeccable ou portant avec élégance la longue robe chinoise, restera celui qui, sans se lasser, a répété pendant vingt-quatre ans que la victoire sur les " bandits communistes " était pour bientôt. Mais le passé de Tchiang Kaï-Chek s'enfonce beaucoup plus loin dans le temps. Tchiang Kaï-Chek est né le 31 octobre 1887 à Chikow, près du port de Ningpo, dans la province du Chekiang, au sud de la métropole de Shanghai, où sa famille possédait des terres. Son père, commerçant, meurt alors que le jeune garçon a à peine huit ans. Il est ensuite élevé par sa mère, bouddhiste pieuse envers laquelle il conservera une profonde admiration. Très jeune, il veut déjà être soldat. Après une fugue à quatorze ans, pour rejoindre un régiment provincial, on le marie à quinze ans à une demoiselle Mao-qui n'a aucun lien de parenté avec Mao Zedong. Elle lui donnera, en 1910, un fils, Tchiang Ching-kuo. En 1905, il entre premier à la nouvelle académie militaire de Paoting, près de Pékin. Un an plus tard, il s'embarque pour le Japon et passe quatre ans à se perfectionner au collège militaire impérial de Tokyo. Comme la plupart des jeunes officiers chinois ou des étudiants de l'époque, il fréquente les cercles nationalistes ou républicains qui soutiennent l'action du docteur Sun Yat-sen. Et quand la révolution de 1911 contre la dynastie mandchoue le surprend, alors qu'il vient de s'engager dans une unité nippone, il n'hésite pas à regagner son pays pour offrir ses services. A son retour à Shanghai, il rencontre Sun Yat-sen et participe à plusieurs campagnes militaires avant de s'installer comme agent de change. Comme Mao, Tchiang n'a pu manquer d'être frappé par l'extraordinaire courant d'idées nouvelles, voire révolutionnaires, qui balaie la Chine, pourtant aux mains des seigneurs de la guerre les plus rétrogrades, et par l'afflux d'idées occidentales, à un moment où ce même Occident se bouscule pour arracher des " concessions " territoriales à " l'homme malade ". C'est l'époque à laquelle des milliers de jeunes se bousculent pour écouter les philosophes Russell et Dewey, lisent à perdre haleine, sous l'influence de la revue Nouvelle Jeunesse, rejette le confucianisme, la soumission et le conformisme social qu'il prêche. C'est aussi l'époque de la révolution d'Octobre, considérée comme une défaite de l'Occident. Tchiang, après la dénonciation des " traités inégaux " par les nouveaux dirigeants soviétiques, déclarera que ces décisions " frappèrent immédiatement l'imagination et gagnèrent la nouvelle sympathie du peuple chinois ". Dans la Chine des années 20, le métier d'agent de change comporte bien des difficultés. Tchiang Kaï-Chek contracte de lourdes dettes. Heureusement, il s'est fait de bonnes relations dans les milieux d'affaires et dans le " milieu " tout court. Son officine est renflouée par le banquier Chang Ching-chiang, qui deviendra plus tard l'un de ses principaux conseillers. Après trois ans, il est repris par le démon des armes. Son ambition le pousse aux côtés de Sun Yat-sen, qui se trouve dans une position difficile à Canton. Le 26 janvier 1923, Sun Yat-sen, qui, en désespoir de cause, s'est tourné vers Moscou pour obtenir le soutien que les Occidentaux lui refusaient, conclut un accord avec le représentant du Komintern, Joffé. La même année, Tchiang est envoyé en URSS, où il passera quatre mois. Il est alors l'enfant chéri des Soviétiques, qui voient en lui le prototype du dirigeant chinois de demain. Dans la petite République de Sun Yat-sen, dont l'autorité, au début, ne dépasse pas les limites de la région de Canton et dont le pouvoir est contesté par de nombreux seigneurs de la guerre, Tchiang Kaï-Chek se voit confier la direction des forces militaires. En 1924, il devient directeur de l'école militaire de Whampoa, assisté de Zhou Enlai pour les questions politiques. Sun Yat-sen meurt le 25 février 1925 à Pékin, confiant le pouvoir à deux hommes qui représentent la gauche du Kouomintang, Liao Chung-kai et Wang Ching-wei. Le premier est assassiné peu après, le second est trop faible pour s'opposer à l'ambition de Tchiang. Quatre jours après la mort de Liao, le général envoie ses cadets de Whampoa perquisitionner chez de nombreuses personnalités et arrêter une centaine de fonctionnaires, s'assurant le contrôle de Canton. La gauche, décapitée, qu'une partie des conseillers soviétiques sont expulsés. La droite rallie sans tarder le nouveau régime. Pour donner le change, Tchiang chasse quelques conservateurs. Après avoir consolidé son pouvoir, il prépare l' " expédition du Nord ", qui doit lui permettre d'écraser les seigneurs de la guerre et de réunifier le pays sous la bannière du Kouomintang. L'armée révolutionnaire s'ébranle en juillet. Elle vole de succès en succès devant des forces sans discipline et sans moral; la population lui apporte un soutien total. Le 10 novembre, la quasi-totalité de la Chine au sud du Yangzi est conquise, et le gouvernement s'installe à Wuhan. Les relations entre ce dernier, plus à gauche, et Tchiang s'altèrent. Le général engage des contacts avec les milieux d'affaires et les compradores de Shanghai et fait la chasse à la gauche, aux syndicalistes, aux " communistes ". La répression connaîtra, le 12 avril, son point culminant à Shanghai, qui s'était soulevée trois semaines auparavant et avait ouvert ses portes aux troupes nationalistes. Tchiang Kaï-Chek reçoit les doléances de ses amis, inquiets de la poussée révolutionnaire, engage des contacts avec les représentants des pays occidentaux, renoue avec la pègre. Il peut désormais rompre avec les Soviétiques, dont il n'a plus besoin. Sous le nom de " travailleurs armés du Kouomintang " et de syndicats jaunes, dix mille membres des célèbres Bandes rouge et vert se joignent à des milliers de soldats et de policiers et massacrent cinq mille personnes en deux jours. Dans la Condition humaine, Malraux évoque le calvaire de ces blessés enterrés vivants, de ces militants jetés vifs dans des chaudières de locomotives. Tchiang Kaï-Chek est vainqueur; il a réunifié et épuré le Kouomintang et gouverne la moitié de la Chine. C'est à ce moment qu'il choisit d'abandonner le pouvoir. Il voyage au Japon et épouse Mlle Song Mei-ling, la fille d'un grand banquier, très liée aux milieux d'affaires chinois et anglo-saxons. Il n'aura aucun enfant de cette union; son second fils, Wei-kuo, serait l'enfant d'un de ses conseillers, qu'il aurait adopté. Ce mariage apporte à Tchiang, qui s'est converti au méthodisme sous l'influence de sa femme, le soutien matériel dont il avait besoin et redonne confiance aux milieux étrangers, américains en particulier. En janvier 1928, il est rappelé à Nankin par ses collègues, incapables de faire face à la situation. De retour à Nankin, Tchiang organise la seconde partie de son " expédition du Nord ", qui lui permettra d'entrer à Pékin et de réunifier la Chine sous son pouvoir. Mais, au cours de cette opération, il a son premier accrochage avec les Japonais, qui entendent bien conserver leur contrôle sur la Mandchourie. Pour asseoir son autorité, Tchiang va réorganiser le pouvoir, le Kouomintang et l'armée, et effectuer quelques réformes économiques. Suivant la voie tracée par Sun Yat-sen, la période de tutelle succède à celle de dictature militaire et les nouvelles lois prévoient une union organique entre le parti et le gouvernement. Mais, en réalité, un seul homme commande, Tchiang Kaï-Chek. Dans le domaine économique, la paix retrouvée ainsi que l'ouverture du gouvernement vers l'étranger vont donner à l'industrie un coup de fouet, dont les effets se feront sentir jusqu'à la guerre. Les relations avec Londres et Washington sont bonnes, elles vont s'améliorer avec l'Italie de Mussolini et l'Allemagne de Hitler. Les rapports avec le Japon sont ambigus. Tokyo ambitionne de dominer la Chine et son gigantesque marché et étend son contrôle sur le nord du pays. Le 18 septembre 1931, les Japonais accusent les Chinois d'avoir saboté un train près de Moukden; il s'agit en réalité d'une provocation délibérée. L'incident de Moukden permet au Japon d'occuper la Mandchourie, qui devient l'Etat fantoche du Mandchoukouo. La Société des nations proteste mollement, mais laisse faire. En janvier 1932, une attaque nipponne contre Changhaï fait vingt-cinq mille morts. Puis, tour à tour jusqu'en 1937, les provinces du Nord vont passer sous la tutelle de Tokyo. La population s'indigne. De nombreuses unités rongent leur frein. Tchiang Kaï-Chek recule pas à pas devant les ambitions japonaises. Pour lui, l'ennemi principal est ailleurs, dans les montagnes de la Chine du centre. " Le Japon est la vermine de la Chine, les communistes en sont le cancer ", déclare Tchiang. Ces communistes, massacrés en 1927, débusqués dans les villes par une répression impitoyable, ne représentaient d'abord que quelques points rouges minuscules sur l'immense carte de la Chine. Obéissant aux injonctions du Komintern, ils ont lancé leurs maigres forces à l'assaut des villes et se sont fait décimer. Mais, en 1931, à l'initiative du " bandit Chu-Mao " (on croit, en effet, à l'époque que Mao Zedong et Chu-Teh ne sont qu'une seule et même personne), naît la République soviétique du Kiangsi, à mi-chemin entre Shanghai et Canton. Il faudra cinq campagnes d'encerclement pour les en déloger, en octobre 1934, au prix d'un million de morts. Tchiang commande en personne l'attaque. Il a à ses côtés von Falkhenhausen, un général prêté par l'Allemagne nazie. Les rapports avec cette dernière sont excellents. L'un des fils de Tchiang a étudié à l'académie aérienne de Munich. Les conseillers de la Wehrmacht vont réorganiser l'état-major et former le fer de lance de l'armée. Pourchassés pendant un an au cours de la Longue Marche, les communistes, qui ont placé à leur tête Mao Zedong, font leur réapparition au nord de la Chine, dans la province du Chensi. Ils utilisent de main de maître l'exacerbation du sentiment nationaliste de la population en face du lent grignotage du pays par le Japon et de la passivité manifestée par Tchiang Kaï-Chek. En décembre 1936, le maréchal, inquiet de la situation au Chensi, s'envole pour Sian afin de prendre les mesures nécessaires pour en finir avec les " rouges ". Il est arrêté par le maréchal Tchang Hsue-liang et son adjoint, le général Yang Hu-cheng. Moscou voit là un coup des Japonais. Le " jeune maréchal ", qui est en contact depuis plusieurs mois avec les communistes voisins, les avertit de la prise. Zhou Enlai arrive aussitôt et convainc ses amis de laisser la vie sauve à Tchiang, à condition qu'il dirige la coalition contre le Japon. Ce dernier accepte, tout en se refusant à toute promesse écrite. Néanmoins, tout en jurant qu'il n'a rien conclu, Tchiang tient sa promesse et, en septembre 1937, un accord est réalisé entre le PC et le Kouomintang. Les communistes conservent leurs bases et leurs troupes au sein de la République de Chine. Entre-temps, le 7 juillet 1937, l'incident du pont Marco-Polo, près de Pékin, au cours duquel un militaire japonais trouve la mort dans des circonstances obscures, a déclenché la guerre sino-japonaise, prélude à la seconde guerre mondiale. C'est au cours de ce conflit de huit années que va se jouer le sort du régime nationaliste de Tchiang Kaï-Chek. Face aux armées japonaises lancées dans le Blitzkrieg, Tchiang Kaï-Chek oppose des forces beaucoup plus nombreuses mais disparates, mal équipées et mal commandées, et quelques divisions d'élite, auxquelles il faut ajouter environ soixante mille soldats communistes. Ces centaines de milliers d'hommes seront incapables d'endiguer le flot nippon. Les Chinois évacuent Shanghai, puis Nankin. Le gouvernement, réfugié à Wuhan, se transporte à Chungking, au coeur du pays. Entre-temps, pour retarder l'avance japonaise, Tchiang Kaï-Chek a donné l'ordre de bombarder plusieurs digues du fleuve Jaune : plusieurs millions de paysans y perdront la vie. Tandis que les Japonais contrôlent les côtes et toute la Chine " utile ", que Wang Ching-wei dirige un gouvernement fantoche à Nankin, Tchiang Kaï-Chek s'installe dans un attentisme défensif, engluant ses troupes dans une guerre de positions. Dès 1940, ses meilleures unités sont affectées au blocus des zones rouges, tandis que, dans certaines régions proches du front, des officiers nationalistes ne dédaignent pas de donner un coup de main aux Japonais contre les communistes. Le repli de l'administration des régions occupées par les Nippons laisse la place libre aux guérillas de Mao Zedong. Misère et corruption La moitié du pays est à feu et à sang, la famine menace, les épidémies frappent çà et là, l'inflation est vertigineuse. Les soldats ont faim, les médicaments et les armes sont revendus par des officiers, qui gonflent leurs effectifs pour en empocher la solde. Lui-même honnête, Tchiang laisse son entourage pratiquer une corruption effrénée, placer les dollars de l'aide américaine dans des comptes privés aux Etats-Unis, utiliser le pont aérien pour importer du beurre, des meubles, ou le trousseau de la fille du premier ministre. Quand le Japon capitule en août 1945, il n'a guère été battu en Chine. Mais, dans tout le nord du pays, son pouvoir est miné par des guérillas, dont l'allégeance va au PC. En 1945, Tchiang Kaï-Chek, avec Truman, Staline, Churchill et de Gaulle, apparaît au monde, et à son pays, comme un des cinq grands vainqueurs de la seconde guerre mondiale. Son prestige n'a jamais été si grand ni sa puissance si forte. Il dispose du soutien des Etats-Unis, qui lui ont fourni des centaines de millions de dollars, ont équipé et entraîné ses armées. Rares sont ceux qui imaginent que le généralissime triomphant ne sera plus, quatre ans plus tard, qu'un exilé réfugié dans l'île de Taiwan. Pourtant, un diplomate américain, John S. Service, avait écrit le 9 octobre 1944 : " Si le gouvernement nationaliste déclenche une guerre civile, une victoire communiste sera inévitable. " En effet, de profondes lézardes sont apparues dans l'édifice nationaliste, tandis que Mao se prépare, discrètement et efficacement, à un affrontement qu'il sait inéluctable. Grâce aux Américains, Tchiang prend le contrôle des villes et des régions-clés du pays, que tentaient de lui ravir les communistes; ceux-ci devront se contenter des campagnes. Au début de 1947, Tchiang Kaï-Chek, fort de l'appui militaire américain, lance une offensive généralisée contre les bastions communistes. Il a rejeté les suggestions plus prudentes de conseillers américains, qui le pressaient à consolider ses positions au sud et au centre de la Chine avant de s'attaquer au nord, où les " rouges " sont les plus forts. Mais, tandis qu'il s'empare de Yenan, la capitale communiste, et que Mao joue au chat et à la souris au Chansi avec les nationalistes, ces derniers doivent déjà immobiliser plus de la moitié de leurs effectifs pour garder les villes et les voies de communication. La situation se stabilise au bout de quelques mois. Et 1948 est l'année des grands désastres : Lin Biao conquiert la Mandchourie. Liu Po-cheng et ses troupes sont sur la rive nord du Yangzi et Pékin capitule. L'équilibre des forces est rompu, les meilleures unités de Tchiang se sont débandées. En même temps, une situation économique catastrophique, une corruption sans précédent (toute l'aide américaine est réexportée ou revendue au marché noir et les dépôts chinois à l'étranger dépassent deux milliards de dollars) et une recrudescence de la répression, qui frappe même les représentants de la " troisième force ", achèvent de ruiner le prestige de Tchiang. Au début de 1949, Tchiang Kaï-Chek quitte la présidence de la République, laissant la responsabilité des affaires au vice-président, le général Li Tsung-jen, qu'il déteste. Il prépare son repli sur Taiwan. Tchiang y a préparé le terrain en 1947, par une répression sanglante qui fit plus de dix mille morts, élimina l'élite de l'île, et mit fin au rêve de démocratie des Taiwanais. Li Tsung-jen, désarmé, tente de négocier avec les communistes. Mais ces derniers posent des conditions sévères. La guerre reprend en avril. Neuf mois plus tard, les nationalistes sont totalement chassés du continent. Tchiang Kaï-Chek a tout perdu. Alors que les forces de Chine populaire se préparent à rattacher au territoire national la seule province qui leur échappe, le déclenchement de la guerre de Corée vient à point pour mettre entre les communistes et Tchiang Kaï-Chek l'écran sauveur de la VIIe flotte. Elle restera près de vingt ans dans le détroit de Formose, assurant par là même la survie du généralissime et de son régime. PATRICE DE BEER Le Monde du 8 avril 1975

« population lui apporte un soutien total.

Le 10 novembre, la quasi-totalité de la Chine au sud du Yangzi est conquise, et legouvernement s'installe à Wuhan.

Les relations entre ce dernier, plus à gauche, et Tchiang s'altèrent.

Le général engage descontacts avec les milieux d'affaires et les compradores de Shanghai et fait la chasse à la gauche, aux syndicalistes, aux" communistes ". La répression connaîtra, le 12 avril, son point culminant à Shanghai, qui s'était soulevée trois semaines auparavant et avaitouvert ses portes aux troupes nationalistes.

Tchiang Kaï-Chek reçoit les doléances de ses amis, inquiets de la pousséerévolutionnaire, engage des contacts avec les représentants des pays occidentaux, renoue avec la pègre.

Il peut désormaisrompre avec les Soviétiques, dont il n'a plus besoin.

Sous le nom de " travailleurs armés du Kouomintang " et de syndicats jaunes,dix mille membres des célèbres Bandes rouge et vert se joignent à des milliers de soldats et de policiers et massacrent cinq millepersonnes en deux jours.

Dans la Condition humaine, Malraux évoque le calvaire de ces blessés enterrés vivants, de ces militantsjetés vifs dans des chaudières de locomotives. Tchiang Kaï-Chek est vainqueur; il a réunifié et épuré le Kouomintang et gouverne la moitié de la Chine.

C'est à ce momentqu'il choisit d'abandonner le pouvoir.

Il voyage au Japon et épouse Mlle Song Mei-ling, la fille d'un grand banquier, très liée auxmilieux d'affaires chinois et anglo-saxons.

Il n'aura aucun enfant de cette union; son second fils, Wei-kuo, serait l'enfant d'un deses conseillers, qu'il aurait adopté.

Ce mariage apporte à Tchiang, qui s'est converti au méthodisme sous l'influence de sa femme,le soutien matériel dont il avait besoin et redonne confiance aux milieux étrangers, américains en particulier.

En janvier 1928, il estrappelé à Nankin par ses collègues, incapables de faire face à la situation. De retour à Nankin, Tchiang organise la seconde partie de son " expédition du Nord ", qui lui permettra d'entrer à Pékin et deréunifier la Chine sous son pouvoir.

Mais, au cours de cette opération, il a son premier accrochage avec les Japonais, quientendent bien conserver leur contrôle sur la Mandchourie. Pour asseoir son autorité, Tchiang va réorganiser le pouvoir, le Kouomintang et l'armée, et effectuer quelques réformeséconomiques. Suivant la voie tracée par Sun Yat-sen, la période de tutelle succède à celle de dictature militaire et les nouvelles lois prévoientune union organique entre le parti et le gouvernement.

Mais, en réalité, un seul homme commande, Tchiang Kaï-Chek. Dans le domaine économique, la paix retrouvée ainsi que l'ouverture du gouvernement vers l'étranger vont donner à l'industrieun coup de fouet, dont les effets se feront sentir jusqu'à la guerre.

Les relations avec Londres et Washington sont bonnes, ellesvont s'améliorer avec l'Italie de Mussolini et l'Allemagne de Hitler.

Les rapports avec le Japon sont ambigus.

Tokyo ambitionnede dominer la Chine et son gigantesque marché et étend son contrôle sur le nord du pays.

Le 18 septembre 1931, les Japonaisaccusent les Chinois d'avoir saboté un train près de Moukden; il s'agit en réalité d'une provocation délibérée.

L'incident deMoukden permet au Japon d'occuper la Mandchourie, qui devient l'Etat fantoche du Mandchoukouo.

La Société des nationsproteste mollement, mais laisse faire.

En janvier 1932, une attaque nipponne contre Changhaï fait vingt-cinq mille morts.

Puis, tourà tour jusqu'en 1937, les provinces du Nord vont passer sous la tutelle de Tokyo.

La population s'indigne.

De nombreuses unitésrongent leur frein.

Tchiang Kaï-Chek recule pas à pas devant les ambitions japonaises.

Pour lui, l'ennemi principal est ailleurs,dans les montagnes de la Chine du centre. " Le Japon est la vermine de la Chine, les communistes en sont le cancer ", déclare Tchiang.

Ces communistes, massacrés en1927, débusqués dans les villes par une répression impitoyable, ne représentaient d'abord que quelques points rouges minusculessur l'immense carte de la Chine.

Obéissant aux injonctions du Komintern, ils ont lancé leurs maigres forces à l'assaut des villes etse sont fait décimer.

Mais, en 1931, à l'initiative du " bandit Chu-Mao " (on croit, en effet, à l'époque que Mao Zedong et Chu-Teh ne sont qu'une seule et même personne), naît la République soviétique du Kiangsi, à mi-chemin entre Shanghai et Canton.

Ilfaudra cinq campagnes d'encerclement pour les en déloger, en octobre 1934, au prix d'un million de morts.

Tchiang commandeen personne l'attaque.

Il a à ses côtés von Falkhenhausen, un général prêté par l'Allemagne nazie. Les rapports avec cette dernière sont excellents.

L'un des fils de Tchiang a étudié à l'académie aérienne de Munich.

Lesconseillers de la Wehrmacht vont réorganiser l'état-major et former le fer de lance de l'armée. Pourchassés pendant un an au cours de la Longue Marche, les communistes, qui ont placé à leur tête Mao Zedong, font leurréapparition au nord de la Chine, dans la province du Chensi.

Ils utilisent de main de maître l'exacerbation du sentimentnationaliste de la population en face du lent grignotage du pays par le Japon et de la passivité manifestée par Tchiang Kaï-Chek.En décembre 1936, le maréchal, inquiet de la situation au Chensi, s'envole pour Sian afin de prendre les mesures nécessairespour en finir avec les " rouges ".

Il est arrêté par le maréchal Tchang Hsue-liang et son adjoint, le général Yang Hu-cheng.. »

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