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Thiers, Louis Adolphe

Publié le 18/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Thiers, Louis Adolphe (1797-1877), homme d’État et historien français.

2   UN HISTORIEN, JOURNALISTE ET AGITATEUR…

Né à Marseille, Adolphe Thiers suit des études de droit à Aix-en-Provence. Avocat en 1818, il monte à Paris trois ans plus tard et se lance dans le journalisme en collaborant au Constitutionnel. En 1823, il se fait connaître en publiant les deux premiers tomes de son Histoire de la Révolution (10 volumes, 1827), étude qui lui permet d’être intégré au milieu libéral hostile à la Restauration. Reconnu pour son intelligence « universelle «, l’ambitieux Adolphe Thiers figure bientôt parmi l’entourage du duc d’Orléans, opposé à Charles X. Or ce dernier, soucieux de maintenir son autorité et poussé à cette décision par son ministre Jules de Polignac, décide de supprimer la liberté de la presse, « instrument de désordre et de sédition « (25 juillet 1830). Adolphe Thiers, qui a fondé le National avec Armand Carrel et Auguste Mignet l’année même, prend alors la tête d’une fronde des journalistes parisiens. Ils avivent et encouragent la contestation du peuple, déjà forte, qui débouche sur la révolution des « Trois Glorieuses « (27-29 juillet 1830).

3   UN ORLÉANISTE CONSERVATEUR…

Adolphe Thiers joue un rôle clef dans le renversement de Charles X et l’installation de Louis-Philippe sur le trône. Favorable à la monarchie constitutionnelle et parlementaire, il devient l’un des hommes du nouveau régime (voir monarchie de Juillet) : député d’Aix-en-Provence et conseiller d’État (1830), secrétaire d’État aux Finances (1830-1831), ministre de l’Intérieur (1832-1836), enfin président du Conseil et ministre des Affaires étrangères à deux reprises (1836, 1840).

Son action jusqu’en 1840 permet de brosser le portrait d’un politicien avisé, déterminé, fidèle à ses convictions, parfois paradoxales. En effet, Adolphe Thiers s’affirme parlementariste mais dans le même temps, par aversion pour les républicains et les légitimistes, il est intransigeant vis-à-vis de la liberté d’expression. Ainsi, en 1832, il fait arrêter la duchesse de Berry, représentante du parti légitimiste, qui a tenté de soulever le pays contre Louis-Philippe. De même, lorsqu’il accède à la présidence du Conseil, il adopte la théorie anglaise du gouvernement parlementaire : un ministère issu de la majorité et entretenant avec elle des liens étroits, sans que le souverain intervienne dans la conduite des affaires ; d’ailleurs sa formule « le roi règne mais ne gouverne pas « est restée célèbre. Mais tout parlementariste qu’il soit, il en profite pour museler l’opposition. En 1835 en effet, en tant que ministre de l’Intérieur, il restreint la liberté de la presse puis rétablit la censure, interdisant donc cette liberté au nom de laquelle il est entré en politique. Adolphe Thiers témoigne là de son appartenance au courant de la « Résistance «, qui refuse dès 1830 d’aller au-delà des concessions constitutionnelles faites à l’issue de l’élection de Louis-Philippe. Ce conservatisme, partagé avec François Guizot, amène progressivement le régime vers l’ultra-conservatisme des années 1840-1848.

Homme d’ordre, Adolphe Thiers n’en est pas moins renseigné et visionnaire. Il pressent l’importance de la révolution industrielle et stimule, dès 1836, une ambitieuse politique de travaux publics. Sur le plan diplomatique, il cherche à affirmer la France sur la scène internationale et défend notamment — contre les Chambres — le principe d’une intervention en Espagne (1836), ce qui lui vaut sa première démission. Plus généralement, il sait flatter le sentiment national des Français, par exemple en négociant avec la Grande-Bretagne le retour des cendres de Napoléon (1840).

4   VERS LE RALLIEMENT À LA RÉPUBLIQUE

À partir de 1840, profitant d’une retraite partielle, l’académicien (1833) travaille à son Histoire du Consulat et de l’Empire (20 volumes, 1840-1862). En 1848 cependant, il apparaît toujours comme l’un des chefs de file du parti de l’Ordre, opposé à la IIe République. Il soutient la candidature de Louis Napoléon à la présidence de la République, mais rompt avec le second Empire dès 1849, avant de s’opposer au coup d’État de 1851. S’ensuit un exil suisse.

De retour en France dès 1852, Thiers ne renoue avec la politique qu’en 1863 — après avoir brigué un siège de député de la Seine. Il saisit alors le flambeau de l’opposition, critique la politique de défense des nationalités de Napoléon III, réclame les « libertés nécessaires « à la démocratisation du régime. Réélu en 1869, il dénonce la germanophobie napoléonienne et s’oppose à l’entrée en guerre contre la Prusse. Au lendemain de la défaite de Sedan, il est chargé par le gouvernement provisoire d’une mission diplomatique auprès de l’Autriche, de l’Italie et de la Russie, mission qui échoue du fait de la signature concomitante de l’armistice. Il est cependant élu « chef du pouvoir exécutif de la République Française « le 17 février 1871 puis, après la promulgation de la loi Rivet qui en définit les compétences, endosse la charge de président de la République (31 août).

Adolphe Thiers, qui a dirigé la répression de la Commune et donc mis fin à la guerre franco-allemande, apparaît alors comme le gardien d’une République bourgeoise et conservatrice. L’unanimité qui le soutient est de circonstance : les républicains intransigeants placent en lui leur espoirs car ils pensent qu’il maintiendra le régime ; pour leur part, les monarchistes attendent de lui une restauration. Pourtant, jusqu’en 1873, Adolphe Thiers use d’un autoritarisme faisant peu cas de la représentation nationale et lui permettant de mener à bien trois tâches qu’il juge urgentes : le paiement de la dette de guerre à l’Allemagne et le retrait des troupes allemandes du territoire, la réforme du service militaire (porté à cinq ans), la relance de l’activité financière française.

Sur la question du régime politique de la France, Adolphe Thiers reste d’abord évasif. Puis, constatant la souplesse du système républicain et l’obstination des monarchistes à refuser toute concession, il se prononce en sa faveur — mais en la définissant comme un régime devant intrinsèquement rester conservateur. Ce ralliement lui vaut un vote de défiance d’une Chambre, qui l’oblige à démissionner le 24 mai 1873. Adolphe Thiers devient alors la principale figure de l’opposition républicaine à Mac-Mahon et à son régime de l’Ordre moral, qu’il combat depuis le Sénat (siège de Belfort), puis de l’Assemblée (siège de Paris). Il meurt quelques semaines avant les législatives de 1877, tournant dans la stabilisation du régime républicain.

5   L’IMAGE D’ADOLPHE THIERS

Sans être issu du milieu des grands notables qui dominent le règne de Louis-Philippe et le second Empire, Adolphe Thiers est à l’origine un des principaux représentants des milieux orléanistes de la première moitié du xixe siècle. Son talent, son audace et son ascension sociale lui valent d’incarner les espoirs d’une bourgeoisie inquiète et conservatrice qui place ses espoirs dans la monarchie de Juillet et le développement économique de la France.

Du reste, le profil d’Adolphe Thiers est rendu complexe par son ralliement, tardif quoique entier, à la République qu’il a contribué à consolider. Ayant ainsi résisté à plusieurs régimes en sachant mener une carrière politique pugnace et intelligente, il a légué à la postérité l’image d’un manœuvrier hors pair, doué d’une grande éloquence et d’une rare intuition politique, et enfin d’une exceptionnelle longévité.

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