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Tourabi, Hassan al-

Publié le 10/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Tourabi, Hassan al- (1932- ), homme politique et théoricien musulman soudanais, dirigeant islamiste.

2 L’ISLAMISTE

Hassan al-Tourabi, après avoir étudié le droit en France, crée la section soudanaise des Frères musulmans, en 1954. Revendiquant l’héritage d’Hassan al-Banna, fondateur de cette confrérie religieuse militant pour un retour de l’âge d’or musulman, mais aussi celui d’al-Afghani, Qut ou Maoudadi, penseurs de l’islamisme, Hassan al-Tourabi entend transformer radicalement la société soudanaise pour établir un État fondé sur l’application du Coran et de la charia, le code pénal islamique.

Sous sa direction, le mouvement islamique soudanais, d’abord restreint à une élite instruite, va se transformer en un mouvement populaire. En 1964, Hassan al-Tourabi devient secrétaire général du Front de la charte islamique. Il prône l’unification de la nation soudanaise, autour d’une nouvelle identité soudanaise puisant dans un islam rénové et dans une pratique religieuse en rupture avec celle des confréries traditionnelles, puissantes au Soudan. À terme, il s’agit, pour celui qui privilégie d’abord la stratégie au détriment de l’élaboration d’une doctrine, d’intégrer l’ensemble de la nation soudanaise — y compris le Sud animiste et chrétien — dans un vaste mouvement islamique.

3 LE STRATÈGE POLITIQUE

Pour parvenir au pouvoir, condition nécessaire à l’édification d’un État islamique, Hassan al-Tourabi noue des alliances tactiques avec les partis traditionnels, liés aux confréries, et même avec certains mouvements séparatistes du Sud. Après 1977, il préside à un rapprochement du front islamiste avec le régime dictatorial de Djafar al-Nemeiri, et enregistre une première victoire avec l’adoption, en septembre 1983, de lois islamiques.

Soucieux d’éliminer ses adversaires idéologiques, Hassan al-Tourabi, dont le mouvement avait manœuvré pour obtenir la dissolution du Parti communiste soudanais en 1969, obtient, en 1985, l’exécution du chef soudanais des Frères musulmans, qui s’était élevé contre les lois de 1983.

Après la chute de Djafar al-Nemeiri, Hassan al-Tourabi rebaptise son mouvement. Devenu la troisième force politique du pays aux élections de 1986, le Front national islamique (FNI) participe, pour la première fois de son histoire, à un gouvernement de coalition, à partir de 1988. Son opposition ouverte à l’accord de paix conclu en décembre 1988 avec les rebelles sudistes de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), provoque le retrait du Parti unioniste démocratique. Le secrétaire général du FNI, par ailleurs beau-frère du Premier ministre Sadek al-Mahdi, est nommé ministre des Affaires étrangères le 3 février 1989.

4 L’IDÉOLOGUE AU POUVOIR

Après le coup d’État de juin 1989, scellant l’alliance des islamistes avec les militaires, l’influence d’Hassan al-Tourabi s’accroît à tel point qu’il est présenté comme le chef spirituel de la junte au pouvoir. Le FNI, officiellement dissous comme l’ensemble des partis soudanais, est, de fait, la seule formation politique tolérée. Disposant d’importants moyens financiers, contrôlant les syndicats et de nombreuses associations, le mouvement d’Hassan al-Tourabi étend sa domination sur le pays.

Al-Tourabi, dont les écrits théoriques se sont multipliés depuis 1972, avec la publication d’un livre intitulé la Prière, pilier de l’islam, travaille à rassembler les différents mouvements islamistes du monde. En avril 1991, à Khartoum, il organise la première Conférence populaire arabe et islamique, dont il est le secrétaire général. Sous l’influence de celui qui ne cache pas sa volonté d’exporter l’islamisme dans toute l’Afrique noire, le régime soudanais apporte un soutien actif aux groupes islamistes radicaux et voit ses relations se détériorer, tant avec ses voisins qu’avec les pays occidentaux.

La position d’Hassan al-Tourabi ne cesse de se renforcer : en mars 1996, il devient le président du Parlement, puis, quelques mois plus tard, secrétaire général du Congrès national, le parti du président soudanais Omar al-Bachir. Toutefois, les graves dissensions apparues progressivement entre le président et Hassan al-Tourabi aboutissent en 2000 à l’exclusion du leader fondamentaliste du Congrès national. Tombé en disgrâce, il est accusé en février 2001 d’incitation au renversement du régime par la force après avoir conclu une alliance avec l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), mouvement du sud du Soudan entré en rébellion contre le gouvernement de Khartoum en 1983. Placé en résidence surveillée, Hassan al-Tourabi est libéré au mois d’octobre 2003, à la faveur des progrès enregistrés dans les négociations de paix intersoudanaises, lesquelles prévoient notamment la libération de tous les prisonniers politiques. Son parti, le Congrès national populaire (CNP), créé au lendemain de son départ du Congrès national, est autorisé à reprendre ses activités. Le leader islamiste est cependant de nouveau arrêté dès le mois d’avril 2004, alors qu’il est accusé d’encourager les mouvements de rébellion dans la région du Darfour. Libéré en juillet 2005, il reprend aussitôt ses invectives contre le pouvoir soudanais.

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