Troisième Force
Publié le 05/04/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Troisième Force, nom donné sous la IVe République à la coalition de partis au gouvernement qui, de 1947 à 1951, se sont unis face à l’opposition des communistes à gauche et des gaullistes à droite.
2 | NAISSANCE DE LA TROISIÈME FORCE |
Les débuts de la guerre froide, qui touche l’ensemble des pays occidentaux, provoquent en France la fin du tripartisme qui, reposant sur l’entente entre les communistes, les socialistes et les démocrates-chrétiens, dominait la vie politique française depuis la Libération. Le renvoi des ministres communistes par le président du Conseil, Paul Ramadier, le 5 mai 1947, affaiblit le régime. Ce d’autant plus que, dans le même temps, le Rassemblement du peuple français (RPF), également hostile à la IVe République, voit le jour, sous la direction du général de Gaulle. Confrontés à cette double hostilité, aussi irréductible qu’importante en termes d’audience électorale — le Parti communiste français (PCF) dénonçant la politique coloniale et l’ancrage de la France dans le camp occidental représente environ 30 p. 100 de l’électorat ; le RPF remettant en cause les institutions mêmes de la République a obtenu près de 40 p. 100 des voix dans les grandes villes à l’automne 1947 aux élections municipales —, les socialistes et les démocrates-chrétiens sont donc « contraints à s’entendre «, selon l’expression d’Henri Queuille.
Dans un premier temps, un effort est fait pour donner une véritable structure à cette Troisième Force. En janvier 1948, un bureau est formé, qui vise à organiser l’unité d’action tant au niveau national que local, mais les divergences de fond entre la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et le Mouvement républicain populaire (MRP) vont se révéler trop importantes, notamment sur la question de la laïcité, pour qu’une union réelle des deux formations puisse voir le jour. Surtout les deux partis se doivent d’élargir les contours de cette Troisième Force pour faire face aux opposants. Après la démission de Ramadier, en novembre 1947, le démocrate-chrétien Robert Schuman forme un nouveau gouvernement ouvert au centre droit.
3 | LE GLISSEMENT VERS LA DROITE |
Le centre de gravité de la coalition gouvernementale glisse ainsi vers le centre, et la SFIO, qui était le parti pivot lors du tripartisme, abandonne désormais ce rôle au sein de la Troisième Force au MRP. Très vite, les petits partis, qui peuvent faire et défaire un gouvernement, vont jouer un rôle de plus en plus important. Ainsi le radical Henri Queuille devient président du Conseil, en septembre 1948, à la tête d’une coalition qui va de la SFIO à la droite modérée en passant par le MRP, l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) et le Parti radical. Mais la difficulté d’assurer la cohésion d’une Troisième Force qui n’existe qu’en raison de son hostilité aux communistes comme aux gaullistes, conduit les différents présidents du Conseil à mener une politique d’attente afin d’éviter toute scission ou division.
La Troisième Force parvient cependant à se maintenir au pouvoir, grâce notamment à la loi sur les apparentements votée pour les élections législatives de 1951, loi qui favorise les alliances et donc affaiblit le PCF et le RPF, isolés. Mais au lendemain de ce succès électoral, la coalition vole en éclats sur la question de la laïcité. En effet, le vote des lois Marie et Barangé, en faveur de l’enseignement privé, entraîne la chute du gouvernement Pleven, provoquée par les socialistes. L’accession d’Antoine Pinay à la présidence du Conseil en mars 1952, grâce notamment au soutien d’une partie des députés du RPF, marque la fin de la Troisième Force et l’arrivée au pouvoir de la droite.