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Un rapport de l'inspection des finances

Publié le 17/01/2022

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6 février 1998 - En conclusion de son rapport, daté du 16 juin 1997, François Cailleteau, présentait les hypothèses qui, à ses yeux, permettraient un changement de la situation qu'il dénonçait. Voici ce qu'il écrivait huit mois avant l'assassinat du représentant de l'Etat en Corse : "La première [hypothèse] est que, pour une raison ou pour une autre, l'équilibre actuel se rompe en entraînant une réaction de l'opinion publique continentale. Ce n'est pas tout à fait un cas d'école. Après le rassemblement des encagoulés de Tralonca au début 1996, l'opinion métropolitaine s'émeut. Un homme politique (Raymond Barre) dit tout haut ce que pensent beaucoup de Français interrogés par les instituts de sondage : "Si les Corses veulent leur indépendance, qu'ils la prennent". Localement, le choc est rude : les Corses ont senti pour la première fois que le continent n'admettra pas sans limites les errements insulaires. Mais cette leçon peut être oubliée. Un attentat mal réglé et tournant au carnage, la médiatisation de quelques turpitudes particulièrement criantes aux dépens des fonds publics peuvent créer le choc entraînant une réaction de rejet de la population continentale. On se contentera d'espérer qu'un tel accident ne se produira pas. L'autre hypothèse est celle d'un retour de la Corse à des moeurs plus proches de celles des autres régions. Le retour à l'Etat de droit offrirait un avantage important : le considérable potentiel corse (paysages et climat) pourrait être normalement exploité, ce qui assurerait un niveau de vie élevé aux Corses sans recourir à la charité continentale. Nous l'avons vu, il faudrait peu de choses pour que l'économie corse décolle : quelques investissements (privés) dans des aménagements qui manquent encore (golf, salles des congrès, etc.) et une pratique commerciale plus agressive utilisant les avantages fiscaux pour réduire les prix permettraient d'attirer hors saison, une clientèle nouvelle qui serait facilement séduite pour peu que les artificiers locaux veuillent bien s'abstenir et que les transports soient assurés. Cette hypothèse ne pourrait se réaliser qu'en supposant que l'Etat décide de traiter la Corse comme l'Indre-et-Loire (selon la formule du maire de Sartène, Dominique Bucchini), ce qui supposerait de la fermeté et du doigté à tous les niveaux et pendant des années. On ne peut que souhaiter une telle détermination et ce qui a été dit ici des pratiques locales constitue une sorte d'inventaire des situations particulières à étudier puis à redresser. Bien sûr, ce qui s'est passé jusqu'ici incline au scepticisme mais on aimerait se tromper." Le Monde du 12 février 1998

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