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Varsovie, pacte de

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Varsovie, pacte de, traité d’alliance militaire signé dans le contexte de la guerre froide le 14 mai 1955 entre sept États d’Europe de l’Est, sous l’égide de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).

Ce pacte est une réplique aux accords de Paris (1954), qui permettent le réarmement de la République fédérale d’Allemagne (RFA) par son intégration au sein de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le pacte de Varsovie, qui a pour nom officiel Traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle, regroupe l’Albanie, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie (aujourd’hui République tchèque et Slovaquie), la République démocratique allemande (RDA), la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, et l’URSS. Il est démantelé en 1991.

2   LE COMMANDEMENT INTÉGRÉ

Bien qu’il soit essentiellement à caractère défensif, le pacte de Varsovie est doté d’une double structure, politique et militaire. L’institution suprême du pacte est le commandement unifié, dont le commandement en chef est toujours assuré par des maréchaux soviétiques. Le commandant en chef est assisté des ministres de la Défense ou d’autres chefs militaires des États membres. L’organisation des forces militaires de chaque État membre est calquée sur celle de l’URSS.

Le règlement du commandement unifié est adopté par le Comité consultatif politique en 1956 à Prague. Le Comité décide de se réunir au moins deux fois par an. Une commission permanente du Comité, siégeant à Moscou, fait des recommandations sur la politique internationale afin d’arrêter des positions communes.

Malgré cette organisation multilatérale intégrée, tous les accords bilatéraux « d’amitié, de coopération, et d’assistance mutuelle « signés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale entre l’URSS et les démocraties populaires sont reconduits. Ils stipulent entre autres les conditions de présence des troupes russes sur les territoires de chaque État membre. Sur le plan opérationnel, ses alliés deviennent rapidement étroitement dépendants de l’URSS, qui fournit la majeure partie des forces terrestres.

3   DE LA COEXISTENCE PACIFIQUE À LA « SOUVERAINETÉ LIMITÉE «

La cristallisation des blocs en alliances militaires (OTAN et pacte de Varsovie) dans les deux camps a paradoxalement lieu dans une période de relatif assouplissement de leurs relations. Du côté du pacte de Varsovie, les initiatives favorisant la « coexistence pacifique « sont les suivantes : les ministres des huit pays du pacte décident en 1958 d’adhérer au plan Rapacki, proposé par le ministre des Affaires étrangères polonais en 1957 à l’ONU ; il est établi une zone dénucléarisée en Europe couvrant les deux Allemagnes, la Pologne et la Tchécoslovaquie ; les ministres proposent également la signature d’un accord de non-agression avec l’OTAN. Ces thèmes sont repris lors des réunions du Comité politique de 1960 à 1966 ; en 1966, il propose une conférence européenne sur la sécurité, qui ne reçoit pas d’écho favorable de la part des Occidentaux tant que les rapports entre les deux Allemagnes ne sont pas normalisés. Ce rapprochement est accompli entre 1969 et 1972 par l’Ostpolitik du chancelier allemand Willy Brandt.

Tout en affirmant sa volonté pacifique, le pacte a aussi pour fonction de maintenir le « glacis soviétique «. Aux yeux de Leonid Brejnev, « l’URSS ne peut être indifférente et ne le sera jamais aux destinées de la construction du socialisme dans les autres pays, ainsi qu’à la cause commune du socialisme mondial «. Cette déclaration de 1968 est interprétée par les Yougoslaves, les Albanais, les Chinois et les Roumains comme définissant une nouvelle orientation dans les relations entre les États socialistes : la « souveraineté limitée «. L’existence de la communauté socialiste implique que chaque parti communiste, chaque démocratie populaire soit responsable non seulement devant son peuple, mais devant tous les autres pays socialistes. Cela justifie toute éventuelle intervention, même militaire, nécessaire au rétablissement de la « cohésion « de cette communauté. C’est le cas en Tchécoslovaquie en août 1968, lorsque les troupes du pacte de Varsovie mettent fin à la tentative de libéralisation politique du « Printemps de Prague «. La Roumanie, qui émet des réserves face à la « doctrine Brejnev «, s’oppose à l’invasion et n’y participe pas, tout en restant membre du pacte. L’intervention des forces armées de l’URSS en Hongrie à l’automne 1956 a déjà pour objectif de mettre en échec une tentative de multipartisme qui relègue le Parti communiste hongrois à une position secondaire. Cependant, il ne s’agit pas alors d’une intervention du pacte de Varsovie en tant que tel, mais de la seule URSS (contre un des membres du pacte).

4   LE PACTE DE VARSOVIE ET LA DÉTENTE

Les États du pacte, hormis l’Albanie, participent à Helsinki (1973-1975) à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), qui réunit 35 États (33 États européens, dont les États occidentaux, les États-Unis et le Canada). Outre les questions de sécurité en Europe et dans la Méditerranée, l’acte adopté en 1975 réaffirme la volonté des États signataires de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales, encadre la coopération dans le domaine scientifique et technique, et établit une coopération dans les domaines humanitaires. Bien que les progrès en matière de libertés soient décevants dans les années qui suivent, l’acte d’Helsinki constitue néanmoins une base à laquelle les défenseurs des droits de l’homme dans les pays de l’Est ne cessent de se référer dans leurs revendications. C’est le cas des signataires de la Charte 77, en Tchécoslovaquie, et des syndicalistes de « Solidarité « en Pologne. Les membres du pacte de Varsovie prennent également une part active aux négociations de désarmement nucléaire : SALT II (voir Négociation sur la limitation des armes stratégiques (SALT)) dans les années 1970, puis START (Strategic Arms Reduction Talks) dans les années 1980, qui aboutissent en décembre 1987 au démantèlement des têtes nucléaires à courte et à moyenne portée en Europe.

5   LE DÉMANTÈLEMENT DU PACTE

La libéralisation politique introduite par Mikhaïl Gorbatchev en URSS à partir de 1985 s’accompagne d’un dégel à l’intérieur des démocraties populaires. En 1990, la Tchécoslovaquie et la Hongrie signent avec l’URSS des accords prévoyant le retrait des troupes soviétiques de leurs territoires. Les dirigeants des pays membres se réunissent le 7 juin à Moscou pour transformer l’alliance en un « accord fondé sur une base démocratique, entre États souverains et de droits égaux «. La RDA, du fait de son unification avec la RFA, est la première à effectivement quitter le pacte (24 septembre 1990). Par une réunion du 25 février 1991 à Budapest, les ministres des Affaires étrangères des États encore membres dissolvent la structure militaire du pacte ; sa structure politique l’est quant à elle en juillet 1991.

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