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Vichy, gouvernement de

Publié le 21/02/2013

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1   PRÉSENTATION Vichy, gouvernement de, nom donné au régime politique, installé à Vichy, qui a pris le nom officiel d’État français et a dirigé la France au cours de la Seconde Guerre mondiale, du 10 juillet 1940 au mois d’août 1944.
2   LA DÉFAITE ET L'INSTAURATION DE L'ÉTAT FRANÇAIS Après la « drôle de guerre « (septembre 1939-mai 1940), l’offensive allemande, lors de la campagne de France (mai-juin 1940) provoque l’effondrement de l’armée française et est suivie d’un exode massif des civils, qui tourne à la débâcle. Paris est occupée dès le 14 juin 1940. Le 16 juin, le président du Conseil français, Paul Reynaud, est contraint à démissionner ; son successeur, le maréchal Philippe Pétain forme un nouveau gouvernement et entame, le 17 juin, des négociations pour obtenir un armistice avec l’Allemagne. Celui-ci est signé le 22 juin à Rethondes. La France, humiliée, doit se soumettre. Le territoire est divisé en deux zones ; il est prévu une occupation allemande du nord de la France jusqu’à la Loire, et le long de la côte atlantique jusqu’à la frontière espagnole. Cela signifie que 55 p. 100 du territoire national français (dont Paris) est occupé ; cependant, en zone non occupée, le nouveau régime, dirigé par Pétain, prend le nom d’État français et s’installe à Vichy, le 1er juillet 1940.
Le 10 juillet 1940, les sénateurs et députés de l’Assemblée nationale votent en faveur d’une loi qui abolit la Constitution républicaine et confère les pleins pouvoirs au maréchal Pétain (569 voix pour, 80 contre). Pourtant, ce projet de nouvelle Constitution n’a jamais été ratifié. Cette date marque la fin de la IIIe République : Pétain assume alors la fonction de chef de l’État français. Les 11 et 12 juillet, il promulgue divers actes constitutionnels qui ajournent le Sénat et la Chambre des députés, lui permettant ainsi de s’octroyer les pouvoirs exécutif et législatif. Il désigne Pierre Laval comme son successeur. La France est ainsi le seul pays d’Europe à être dirigé, durant la Seconde Guerre mondiale, par un gouvernement légal qui, profitant de la défaite, entend mener une révolution institutionnelle et morale.
3   ORGANISATION DU GOUVERNEMENT DE VICHY 3.1   Les dirigeants de l’État français Le gouvernement de Vichy est dominé par la personnalité du maréchal Pétain. Chef militaire prestigieux lors de la Première Guerre mondiale, il est, en 1940, respecté, et bénéficie du soutien de l’Église catholique et d’une popularité considérable, faisant même l’objet d’un culte de la personnalité : le « maréchalisme «. Pierre Laval dirige le gouvernement en tant que ministre d’État de 1940 à 1941, puis est rappelé au pouvoir par les Allemands, en avril 1942. Il prône la réconciliation franco-allemande. Autre homme fort du régime, l’amiral François Darlan qui pratique une politique de collaboration à l’égard de l’Allemagne.
3.2   Les différentes factions politiques Le gouvernement de Vichy est caractérisé par une certaine hétérogénéité : il est composé de personnalités issues de divers mouvements politiques, constituant un kaléidoscope des droites françaises. Ainsi les technocrates tels que Jean Bichelonne ou Pierre Pucheu côtoient des membres de l’Action française, comme Charles Maurras, ou des catholiques traditionnels, qui rêvent de constituer une nation chrétienne, tels que Xavier Vallat. Les tendances monarchiste et fasciste sont représentées. Quelques transfuges de la gauche, tels que l’ancien communiste Paul Marion ou le dirigeant de la Confédération générale du travail (CGT), René Belin, font aussi partie du gouvernement. Mais Vichy est également soumis aux critiques et à la pression des milieux collaborationnistes parisiens qui jugent l’action de l’État français trop modérée ; sous la pression des Allemands, plusieurs de leurs membres, à partir de la fin de 1943, entrent au gouvernement, comme Marcel Déat, directeur de l’Œuvre, qui fonde le Rassemblement national populaire. Jacques Doriot est l’instigateur du Parti populaire français (PPF) et des Légions des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), ainsi qu’un ardent partisan de la collaboration avec l’Allemagne. Pierre Drieu la Rochelle est également actif à cette époque, militant en faveur de la collaboration et du fascisme. Enfin, Robert Brasillach, rédacteur en chef de Je suis partout, célèbre la collaboration franco-allemande et le nazisme.
4   L'IDÉOLOGIE ET LE PROGRAMME DE VICHY 4.1   La Révolution nationale Au lendemain de la défaite, l’État français entreprend un programme de réformes qui prend le nom de Révolution nationale et dont le but est de restructurer la société française. L’idée de Pétain stigmatisant « l’esprit de jouissance « et accusant la IIIe République d’être à l’origine de la défaite entraîne la demande d’armistice et pose les bases de l’État français et de la Révolution nationale. C’est également une des principales pommes de discorde entre le maréchal Pétain et le général de Gaulle, ce dernier expliquant la défaite par un problème de tactique de l’armée française et appelant à continuer la lutte contre l’Allemagne nazie.
Fondée sur la devise « Travail, famille, patrie «, la Révolution nationale met l’accent sur le retour à une société traditionnelle, patriarcale et hiérarchisée où règne l’ordre moral ; elle prône les valeurs traditionnelles, telles que la religion, le patriotisme, l’importance de la famille et du travail de chacun. Ainsi, le divorce devient plus difficile à obtenir, l’avortement est sévèrement réprimé et les parents de familles nombreuses reçoivent des décorations nationales. Les anciens combattants et la jeunesse se trouvent au cœur de cette nouvelle société, avec la création, en août 1940, de la Légion française des combattants et l’institution de Chantiers de jeunesse, dès juillet 1940. Le monde du travail est réorganisé en fonction d’un système corporatiste, fondé sur une nouvelle Charte du travail (loi du 4 octobre 1941). En outre, des comités d’organisation sont institués par secteurs de productions. Vichy repose donc sur un paradoxe, puisqu’il s’agit d’un gouvernement à la fois traditionaliste, réactionnaire et moderniste (reposant sur un certain dirigisme économique).
4.2   Vichy et la collaboration La politique intérieure de Vichy se caractérise par le rejet de ce que Pétain et ses ministres considèrent comme « l’anti-France «. L’État français pratique une politique de suppression des libertés et d’exclusion : l’administration et le corps enseignant sont épurés, de nombreuses municipalités de gauche sont dissoutes ; les naturalisations accordées depuis 1927 sont révisées ; en août 1940, la franc-maçonnerie est interdite ; les hommes de la IIIe République sont pourchassés, ainsi que les communistes, et l’État français s’engage dans une politique antisémite.
4.2.1   Collaboration d'État La politique de collaboration active de la France de Vichy est menée par le gouvernement français, alors qu’Hitler n’en est pas un fervent partisan. En effet, l’Allemagne nazie est plutôt préoccupée par la collaboration économique, qui doit permettre au IIIe Reich de réquisitionner des denrées sur le territoire français et de recevoir des indemnités.
La collaboration d’État est bien une initiative française : l’objectif est d’intégrer la France dans la future « Europe nouvelle « d’Hitler. C’est avec le discours de Pétain, le 11 octobre 1940, que sont posées les premières bases d’une collaboration politique, le chef de l’État français déclarant « rechercher la collaboration dans tous les domaines «. Laval décide alors d’organiser une rencontre entre Hitler et Pétain. Elle se déroule à Montoire, le 24 octobre 1940, et la poignée de main entre les deux hommes symbolise le début de la collaboration d’État.
En décembre 1940, Laval est écarté du pouvoir et remplacé à la vice-présidence par Pierre-Étienne Flandin pendant quelques mois. Mais c’est avec l’amiral Darlan que Vichy s’engage réellement dans la voie de la collaboration. En effet, en mai 1941, sont signés les protocoles de Paris, qui octroient à l’Allemagne des bases maritimes et aériennes en Syrie, en Afrique occidentale française et en Tunisie, en échange d’une diminution de l’indemnité journalière versée par la France. Cependant, contrairement aux espérances du gouvernement, le IIIe Reich refuse de rétablir la souveraineté française sur tout le territoire, et la collaboration apparaît alors comme un marché de dupes.
4.2.2   Collaboration militaire En juillet 1941, Pétain encourage la création de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), fondée par Doriot et Déat, destinée à combattre sur le front de l’Est, sous uniforme allemand.
À partir de 1942, cette politique s’intensifie et se radicalise. En avril 1942, Laval revient au pouvoir avec la « direction effective de la politique intérieure et extérieure «. L’occupation allemande se durcit et, après le débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, la zone sud est à son tour occupée, l’armée octroyée par l’armistice supprimée, et la flotte française se saborde en rade de Toulon (voir Toulon, sabordage de la flotte de).
4.2.3   Collaboration économique En outre, l’Allemagne exige que l’économie française se mette au service de la machine de guerre nazie, par le biais d’une exploitation économique : prélèvements et réquisition de main-d’œuvre. Le gauleiter Sauckel demande l’envoi de 250 000 travailleurs en Allemagne, au printemps 1942. Laval décide alors de mettre en place un système de relève : ainsi, contre trois travailleurs qui partent, un prisonnier français doit être libéré. Mais les exigences du Reich se multiplient et, en février 1943, Laval institue le Service du travail obligatoire (STO).
4.2.4   Collaboration militaire et policière Dès 1943, des unités françaises de Waffen SS sont constituées. Des ultra-collaborationnistes, tels que Philippe Henriot et Joseph Darnand, entrent au gouvernement. Darnand dirige la Milice, créée en janvier 1943, qui participe au conflit aux côtés des Allemands.
Autour de cette collaboration d’État, existe la collaboration idéologique et politique (provoquée le plus souvent par la hantise du bolchevisme) et le collaborationnisme parisien, autour de personnalités comme Doriot, Déat, Drieu la Rochelle ou Brasillach ; enfin, une certaine collaboration culturelle et mondaine se pratique également dans les salons parisiens. (Voir aussi Collaboration).
4.3   Vichy et les Juifs Le gouvernement de Vichy prend l’initiative dans la politique antisémite (discrimination et exclusion) qui est menée en zone libre ; sa complicité est prouvée dans l’organisation de crimes contre l’Humanité. L'entrée en vigueur des lois antisémites date du 3 octobre 1940, lorsqu’un statut des Juifs est promulgué, qui les exclut de nombreuses professions (fonction publique, éducation, presse et cinéma) et de nombreux lieux publics ; l’internement des Juifs étrangers dans des camps de concentration est autorisé. En mars 1941, un Commissariat aux questions juives est créé avec Xavier Vallat. En juin 1941, le recensement des Juifs devient obligatoire, ainsi que le port de l’étoile jaune, en mai 1942. La participation de la police française à la solution finale (voir Wannsee, conférence de) culmine, en juillet 1942, avec la rafle du Vel’ d’Hiv et l’arrestation de près de 13 000 personnes. Les enfants juifs, que l’Allemagne ne réclamait pas, sont cependant livrés par l’État français. Sur les 300 000 Juifs habitant en France en 1939, 75 000 ont été déportés. Plusieurs camps d’internement sont établis en France, à Drancy, Pithiviers ou Beaune-la-Rolande. De nombreux Juifs furent transférés de ces camps vers des camps de concentration, tels qu’Auschwitz, où ils sont exterminés. Voir Génocide ; Holocauste.
5   LA FRANCE DES ANNÉES NOIRES ET LE POIDS DE L'OCCUPATION Pendant l’Occupation, les Français doivent surmonter de graves difficultés économiques provoquées par des frais d’occupation très élevés, le prélèvement des denrées agricoles et des matières premières, la réquisition de la main-d’œuvre (volontaires, prisonniers et l’instauration du STO) ; à cela s’ajoutent les maladies, les problèmes de pénurie et de ravitaillement.
En 1940, la France est traumatisée par la défaite. L’opinion publique adhère au gouvernement de Pétain pendant la première année — en particulier grâce à la propagande de Vichy et à l’organisation du culte du maréchal —, mais elle s’en détache progressivement à partir de 1941. Dans sa majorité, la population française n’est ni entièrement résistante, ni majoritairement collaboratrice, mais avant tout attentiste. La fin de la Seconde Guerre mondiale provoque, en France, une véritable guerre idéologique qui divise les Français.
La fin du régime de Vichy se caractérise par un véritable durcissement du pouvoir et par l’instauration d’un État policier pratiquant une politique de répression.
De février à avril 1942 se déroule le procès de Riom, où sont jugés les hommes du Front populaire (Daladier, Blum et les militaires Gamelin et Jacomet), accusés d’être responsables de la déroute française. Vichy instaure également une Section spéciale, véritable tribunal d’exception.
Enfin, les Français doivent subir les humiliations et la répression de l’occupant, de la police française et de la Milice, qui pourchassent les ennemis du Reich et les Résistants. Les dénonciations, les arrestations, les rafles et l’utilisation de la torture se multiplient.
À la fin de la guerre, la France n’a plus que l’illusion de sa souveraineté et apparaît comme un État-satellite du Reich. Parallèlement, les résistances s’organisent et s’intensifient, sous l’égide du général de Gaulle (voir Résistance). Durant l’été 1944, le gouvernement de Vichy est déplacé à Belfort et à Sigmaringen. Philippe Pétain est jugé en avril 1945 et condamné à mort ; sa peine est cependant commuée en détention à perpétuité.


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