villeneuves et bastides

villeneuves et bastides, agglomérations issues du grand mouvement de défrichement des terres qui culmine dans l’Occident chrétien aux xii^e et xiii^e siècles.

Entreprises individuelles ou collectives sous la conduite d’un seigneur, les défrichements sont déterminés par la forte croissance démographique qui atteint l’Europe médiévale. De nombreux documents citent également des contrats d’association (pariage) entre deux seigneurs qui se partagent ensuite les revenus et les pouvoirs : l’un donne la terre et les droits de ban et l’autre recrute les colons et finance l’installation. Pour attirer les hôtes, le seigneur accorde des libertés et des privilèges variés : sur la part de leurs redevances, sur leurs droits d’usages forestiers ou sur l’utilisation du four et du moulin.

Plus présentes dans les secteurs méridionaux, les villeneuves ainsi créées sont destinées à encadrer les populations pionnières dans des régions encore désertes ; dans les zones de conquête récente ou aux frontières franco-anglaises en Aquitaine, ces agglomérations nouvelles sont appelées bastides. Ces dernières sont apparues dans la troisième grande phase de création de villeneuves après les castelnaux et les sauvetés. Les villeneuves, bourgades à vocation agricole, dominent progressivement la campagne environnante en étendant leurs terroirs et ainsi s’amenuisent les bois, les landes, les espaces vides.

Les formes de villeneuves les plus caractéristiques sont le plan circulaire (Frontignan), la forme allongée de type ville-rue (Villeneuve-sur-Yonne) et le plan « en échiquier « c’est-à-dire géométrique (Revel). Les superficies sont également variables et seules la dimension des lots à bâtir et leur disposition autour d’un espace à vocation commerciale — souvent une place entourée d’arcades — sont réellement planifiées donc souvent régulières et égales, du moins à l’origine.

Ces fondations, si proches dans le temps et dans l’espace, n’ont pas été également couronnées de succès : les contrats indiquent parfois une durée maximale pour mener à bien le projet et certains villages sont abandonnés au xiv^e et au début du xv^e siècle, du fait des guerres et des épidémies. En France, le mouvement de création des villeneuves s’est ralenti dans la seconde moitié du xiii^e siècle et la conquête agraire est devenue davantage le fait d’entreprises individuelles. L’habitat dispersé s’est multiplié en déterminant un nouveau type de paysage, l’enclos permanent.