Yves Montand

   « Tu vois je n'ai pas oublié. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. Les souvenirs et les regrets aussi. «  « Lorsque ma mère m'appelait dehors, elle criait : "Yves, monta !". « C'est ainsi que le petit Ivo Livi, né le 13 octobre 1921 à Monsummano Alto, devient Yves Montand en 1929 à Marseille. Dans la misère bigarrée des faubourgs, il découvre Charles Trenet qui lui donne envie de chanter. Après les galas populaires, ses chansons et ses imitations font un tabac à l'Alcazar, le 21 juin 1939. Sa virtuosité féline et tendre emporte l'adhésion générale. Fuyant la police allemande, il débarque à Paris où, en 1944, ses airs rythmés et syncopés séduisent le public de l'A.B.C. Avec Édith Piaf, il découvre un nouveau répertoire musical. Luna Park et les Grands Boulevards en 1945, Battling Joe (1946) le consacrent roi du music-hall.  Au cours de l'été 1949, en compagnie de Jacques Prévert, il fait la rencontre de sa vie : Simone Signoret. « Elle avait les pieds nus et le style gitane « dira- t-il plus tard. Ils se marient le 21 décembre 1951 à Saint-Paul-de-Vence. Ensemble, ils se jettent dans l'aventure politique. Sympathisants communistes, ils participent au Congrès des Peuples de 1952 et jouent les Sorcières de Salem d'Arthur Miller (1955). Yves Montand atteint la consécration avec son récital à l'Étoile. Plus de deux cents représentations. Les Feuilles mortes sont disque d'or dès 1953. Mais, lors- qu'en octobre 1956 les chars soviétiques écrasent la révolution hongroise et malgré une tournée triomphale dans les pays de l'Est, Montand se sent dupé et s'éloigne du communisme. Puis c'est l'aventure américaine. Montand séduit Broadway, Hollywood et Marilyn Monroe avec laquelle il tourne le Milliardaire de George Cukor (1960).  De retour en France, Compartiment tueurs (1965) de Costa-Gavras le lance dans une fructueuse carrière cinématographique : Z (1969), l'Aveu (1970), la Folie des grandeurs (1970), César et Rosalie (1972), le Choix des armes (1981). Acteur, chanteur, il incarne aussi la vedette en colère des années 80. « Ni rouge, ni mort, mais libre «, il est de tous les combats. À soixante-sept ans, le « papet « de Jean de Florette et de Manon des Sources (1986) devient même papa. Sa nouvelle compagne lui donne un petit Valentin avant qu'il ne meure en 1991.