Zentrum

Zentrum (« Centre catholique «), parti politique allemand, créé en 1871, se réclamant du catholicisme. Il a joué un rôle important sous le II^e Reich et sous la République de Weimar, avant d’être dissous en juillet 1933 par le chancelier Adolf Hitler.

Fondé en 1871 par Ludwig Windthorst, le parti du Centre ou Zentrum rassemble divers groupes catholiques inquiets de la prépondérance de la Prusse protestante au sein de l’Empire allemand, constitué au lendemain de la guerre franco-allemande. De fait, le chancelier Bismarck accuse les catholiques, qui sont 15 millions et représentent un tiers de la population de l’Empire, d’obéir au pape et d’être par conséquent une menace pour l’unité allemande. Dans le cadre du Kulturkampf (« combat pour la civilisation «), le chancelier fait voter diverses mesures contre les catholiques : expulsion des jésuites, laïcisation de l’état civil, etc. Mais le Zentrum organise la résistance et l’agitation grandissante inquiète les conservateurs. Le chancelier, qui a besoin du soutien des députés du Zentrum pour faire adopter un tarif douanier, profite de l’élection de Léon XIII à la papauté pour suspendre les mesures anticléricales.

Dès lors, le Zentrum, qui a démontré sa solidité, s’intègre dans le jeu parlementaire et devient l’un des principaux partis du Reich. Hostile à un État tout-puissant, le Zentrum se fait le défenseur des divers particularismes locaux ainsi que des petites entreprises et de la petite paysannerie ; ce qui lui vaut une forte influence en Bavière, mais aussi en Rhénanie, en Westphalie et en Silésie. S’ils soutiennent Bismarck dans sa lutte contre la social-démocratie allemande, certains dirigeants du Zentrum, comme Matthias Erzberger, n’entendent pas moins donner à leur formation une orientation plus sociale. Mais le successeur de Windthorst, Lieber, s’oppose à l’adoption d’un programme social hardi. De même, le Zentrum s’ouvre peu aux protestants.

Apportant son fidèle soutien aux différents gouvernements conservateurs jusqu’en 1906, le Zentrum est confronté, sur sa droite, à la concurrence des nationalistes et, sur sa gauche, à celle des sociaux-démocrates. Ceci explique son tassement aux élections de 1912, à la suite desquelles, avec désormais moins de cent députés, il doit céder le premier rang au Parti social-démocrate (SPD).

Durant les premières années de la Première Guerre mondiale, le Zentrum supporte de manière constante la politique nationaliste. Pourtant, en juillet 1917, Erzberger, devenu leader du parti, présente au Reichstag une motion en faveur d’une paix sans annexion ; ce qui lui vaudra d’être assassiné par des extrémistes nationalistes peu après la fin de la guerre.

Après la défaite puis l’effondrement de l’Empire, le Zentrum se rallie à la République de Weimar. Principale force de droite, il bénéficie de l’adhésion de nombreux conservateurs et dirige l’Allemagne durant les années vingt, le plus souvent en coalition avec les sociaux-démocrates. Mais la crise économique de 1929, qui éloigne nombre d’Allemands du régime républicain, marque le déclin du Zentrum au profit des partis nationalistes et extrémistes, notamment le Parti national-socialiste allemand des travailleurs (NSDAP). Dans l’espoir de le contrôler, les dirigeants du Zentrum, à l’instigation de Franz von Papen, apportent leur soutien à Hitler en 1933. Mais malgré ce soutien, le Zentrum est dissous par ce dernier en même temps que les autres partis politiques en juillet 1933.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Union chrétienne démocrate (CDU) apparaît comme le successeur du Zentrum, même si la CDU accueille en son sein aussi bien des catholiques que des protestants.