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Une brebis pas comme les autres

Publié le 04/12/2018

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UN CASSE-TÊTE GÉNÉALOGIQUE

 

Avec leur expérience, les biologistes écossais ont quelque peu brouillé les liens de parenté de Dolly, et il est désormais bien difficile de savoir qui est sa mère et qui est son père. Pas moins de trois brebis ont été réquisitionnées pour fabriquer cette agnelle. Une « mère porteuse » a nourri et protégé l’embryon jusqu’au terme de son développement. Une autre a fourni son ovule mais a, du même coup, apporté ses mitochondries et leur patrimoine génétique ; pour cette raison, elle peut être considérée comme une sorte de « mère génétique mineure ». Une troisième brebis a apporté le patrimoine génétique de l’espèce mouton par le don de ses chromosomes. Mais cette dernière n’est pas la mère de Dolly, car une femelle n’apporte que la moitié du patrimoine génétique, et non l’ensemble comme c’est le cas ici. Donc, d’un point de vue génétique, cette brebis est plutôt la « sœur jumelle » de Dolly. En fait, elles sont à la fois vraies jumelles - puisqu’elles ont les mêmes chromosomes - mais également fausses jumelles - car elles n’ont pas le même patrimoine génétique mitochondrial.

 

Par voie de conséquence, si Dolly a une sœur, la mère de cette dernière est un peu la sienne car elle a hérité de ses chromosomes, quoique de manière indirecte. Cette brebis qu’elle n’a jamais vue est donc une sorte de « mère génétique principale par procuration ». Ce raisonnement vaut également pour le père de sa sœur, qui devient donc son « père par procuration ». Mais ses parents ne sont-ils pas aussi ses grands-parents car elle est issue de leur fille adulte et compte deux générations d’écart avec eux ?

 

En fait, pour Dolly les problèmes de parenté n’existent pas et tout est parfaitement clair : sa mère est la brebis dont elle a senti l’odeur à la naissance, celle qui l’a nourri et l’a protégé.

Le 27 février, la très sérieuse revue scientifique Nature rapportait la naissance d’une petite brebis Finn Dorset, née en Ecosse. Conçu à partir d’une cellule somatique de brebis adulte, ce clone est rapidement devenu un « tnouton à cinq pattes ». Cette prouesse scientifique représente, sans conteste, une avancée significative dans la manipulation de la reproduction des êtres vivants. Un événement qui aura probablement de grandes conséquences dans l’industrie de l’élevage et dans le monde scientifique. Mais aussi, on peut le craindre, sur le plan éthique.

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