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LA PSYCHOBIOLOGIE

Publié le 02/05/2019

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SURVIVRE AVANT TOUT

 

En 1932, le physiologiste Walter Cannon propose la notion d’homéostasie. Le corps commande les fonctions de telle sorte que ses conditions internes restent constantes ou bien oscillent un peu autour des valeurs optimales. Un mécanisme de ce genre suppose, naturellement, l’existence de centres nerveux qui commandent les différentes fonctions et les mécanismes de variation, centres que Cannon identifie dans l’hypothalamus, une zone du cerveau, et dans le système nerveux autonome. L’idée se révèle substantiellement exacte.

Dans le système nerveux autonome, on peut reconnaître deux parties qui ont des fonctions opposées, le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique, respectivement responsables des réactions dites de fuite et d’attaque et des phénomènes du sommeil ou de la digestion. Cannon explique que quand le corps doit affronter une situation d’urgence, une hémorragie par exemple, ou bien une fièvre très forte, ou encore une compétition sportive, l’hypothalamus active le système nerveux sympathique, qui augmente le flux de sang vers le cœur et les muscles, dilate les bronches en améliorant l’échange de gaz, active les glandes sudoripares. Le système parasympathique a des effets opposés. Il contribue à maintenir basse la fréquence cardiaque ou bien la respiration et le métabolisme. Pour démontrer que les choses se passent effectivement de cette façon, Cannon mène des recherches dans lesquelles il prive les animaux du système sympathique, et il prouve qu’ils ne peuvent survivre que s’ils sont alimentés régulièrement et gardés au chaud.

Les recherches de Walter R. Hess (1881-1973), physiologiste suisse ayant reçu le prix Nobel en 1949, sont complémentaires de celles de Cannon. Par un patient travail de recherche mené à partir des années 20 sur des animaux, Hess parvient à localiser dans une zone du système nerveux, le diencéphale, les centres qui commandent le battement cardiaque, la pression sanguine, la respiration, les vomissements, l’appétit, les mouvements pupillaires et même la peur ou la colère.

 

 

LE SOMMEIL

 

Jusqu’aux années 50, les recherches sur le sommeil sont dominées par une représentation passive du phénomène. On croit que nous nous endormons quand le milieu ne nous stimule plus assez pour nous tenir éveillés. Les recherches portent non pas tant directement sur le sommeil que sur l’identification des centres nerveux de la veille. Dans les années 50 et 60, on découvre que la succession sommeil-veille est commandée de façon active par un système nerveux de cellules distribuées sous forme de réseau dans le tronc de l’encéphale, dans la partie inférieure de ce dernier. Ce système reçoit le nom de « formation réticulaire ». Ces recherches sont dues pour l’essentiel aux physiologistes Giuseppe Moruzzi (1910-1986) et Horace W. Magoun, qui identifient une partie de la formation réticulaire à effet « réveillant », un centre de la veille, puis, par la suite, une partie ayant un effet opposé, un centre du sommeil.

Toujours dans les années 50, William Dement et Nathaniel Kleitman identifient une activité cyclique caractéristique pendant le sommeil, consistant en l’alternance de phases de sommeil profond et de sommeil paradoxal. Ce dernier est caractérisé entre autres par des mouvements oculaires rapides (raison pour laquelle on l’appelle sommeil REM, de Rapid Eye Movements), par une activité onirique plus intense et par un tracé électroencéphalographique typique de la veille (électroencéphalogramme). On découvre que la première phase REM du sommeil apparaît à peu près 90 minutes après l’endormissement, et qu’il en apparaît trois ou quatre autres jusqu’au réveil, s’alternant avec des phases non-REM.

 

 

PSYCHOPHARMACOLOGIE

 

Les années 50 et 60 enregistrent des progrès importants dans le domaine psychopharmacologique. Sur la base des recherches commencées par Daniel Bovet (1907), on identifie les antihistaminiques, médicaments qui combattent les effets de l’histamine, substance responsable des réactions allergiques, mais qui remplit aussi la fonction de neuromédiateur cérébral. Certains antihistaminiques, en particulier la prométazine, ont un puissant effet sédatif sur le cerveau, ce qui suggère la possibilité de les utiliser à des fins thérapeutiques. Au début des années 50, Henri Laborit (1914), puis Jean Delay et Pierre Deniker étudient les effets d’un dérivé de la prométazine, la chlorpromazine. Laborit pense qu’il pourrait être utile aux anesthésistes, Delay et Deniker aux psychiatres. Le médicament, utilisé en particulier pour soigner les maladies mentales, est diffusé dans le monde entier sous le nom de Largactil. La France en consomme 428 kilogrammes en 1952, 75 000 l’année suivante, et 800 000 en 1955.

Entre-temps, l’exploration d’un autre filon de recherche a déjà commencé. À la fin des années 40, Frank Berger, un pharmacologue tchécoslovaque qui s’était réfugié à Londres pendant la dernière guerre découvre, au cours d’expériences sur de possibles médicaments antibactériens, que l’un d’entre eux, la méphénésine, a un effet calmant, ou « tranquillisant », pour employer ses propres mots, sur les animaux. Berger découvre plus tard un composé semblable, le méprobromate, qui est mis dans le commerce en 1955, et enregistre un grand succès en termes de chiffre d’affaires. Au début de la décennie suivante, dans ce filon des tranquillisants mineurs, les chercheurs des laboratoires de la société Roche Drug Company découvrent le Librium, la première en date des benzodiazépines, substances appelées à connaître un incroyable succès commercial en tant que somnifères et qu’anxiolytiques.

 

 

LE CERVEAU DIVISÉ

 

 

Une contribution importante à l’étude de l’organisation du cerveau vient des recherches effectuées dans les années 60 par Roger Sperry (1913) et Michael Gazzaniga. Dans les années 50, on pensait que l’hémisphère cérébral gauche, siège du langage, jouait un rôle dominant par rapport à l’hémisphère droit, confiné au rôle de « frère pauvre », en particulier en ce qui concerne les fonctions psychiques. Au California Institute of Technology, Sperry mène des recherches qui lui vaudront le prix Nobel en 1981. Sur la base de quelques indications expérimentales des années précédentes, il entame une étude systématique des personnes présentant des défauts du corps calleux, la structure qui relie les deux hémisphères cérébraux. Cette structure peut manquer à cause d’un défaut congénital ou être enlevée à des fins thérapeutiques, dans certains cas d’épilepsie. L’absence de ces fibres de connexion isole les deux hémisphères, qui ne peuvent donc communiquer l’un avec l’autre. Grâce à des techniques particulières qui permettent aux chercheurs de communiquer avec l’un ou l’autre des deux hémisphères, Sperry démontre que l’hémisphère gauche excelle dans les capacités de calcul et dans la communication verbale et écrite, même si l’hémisphère droit est capable lui aussi de comprendre quelque chose du langage écrit ou parlé. L’hémisphère droit domine en revanche dans les tests psychologiques qui requièrent la manipulation des objets ou leur représentation visuelle dans l’espace. Des études ultérieures ont mené à la conclusion que les personnes dont le cerveau est divisé ont en quelque sorte deux esprits, dont l’un, le gauche, est sous le contrôle de la conscience et l’autre, le droit, fonctionne de façon semi-automatique.

« 2 élu sénateur en 1879.

En 1870, Gustav Fritsch et Edward Hitzig démontrent que, chez le chien, la stimulation électrique de zones précises du cerveau cause des mouvements déterminés, et que la moitié gauche du cerveau commande les mouvements de la moitié droite du corps, tandis que la moitié droite commande ceux de la moitié gauche.

Wernicke propose une carte des fonctions du cerveau, un peu sur le modèle de Gall, en soulignant toutefois que ne sont localisables que celles qui jouent un rôle d’« élément base » (mouvement, sensibilité, langage, etc.), tandis que d’autres émergent de l’activité distribuée du cerveau tout entier. La neurologie comme science des maladies du système nerveux naît en 1882, avec la création de la première chaire, à l’hôpital de La Salpêtrière de Paris, à laquelle est appelé Jean M.

Charcot (1825-1893). GOLGI ET CAJAL Jusqu’en 1873, la structure du système nerveux est demeurée invisible à l’ œ il humain.

Cette année-là, Camillo Golgi (1843-1926), médecin dans un petit hôpital pour incurables d’Abbiategrasso, met au point une méthode de coloration à base d’imprégnation de particules d’argent qui permet d’observer au microscope le tissu et la cellule nerveuse.

L’avantage de cette méthode est que, même si elle ne colore que 10 % des cellules, ces dernières sont très bien mises en évidence, ce qui permet de les analyser avec précision.

Les images montrent que chaque cellule est formée d’un corps central duquel partent un prolongement long et fin, l’axone, et d’autres prolongements courts se présentant en arborescence, les dendrites (neurone).

Golgi ne parle cependant pas de neurone, terme introduit par H.

W. Waldeyer en 1891 pour identifier l’unité anatomique et fonctionnelle du système nerveux, la cellule nerveuse.

Golgi pense à tort que les neurones sont des unités et forment entre eux un réseau diffus, thèse contestée par Waldeyer et par l’Espagnol Santiago Ramón y Cajal (1852-1934), professeur d’anatomie.

Pendant quelques années s’opposent deux conceptions du système nerveux, la conception « réticulaire » de Golgi et la conception « cellulaire » de Cajal.

Grâce à une variante de la technique de Golgi, le savant espagnol approfondit l’étude du tissu nerveux, commence les premières recherches sur le développement embryonnaire du cerveau et devient un tenant inconditionnel de la théorie neuronale selon laquelle les cellules sont des unités distinctes, même s’il existe entre elles des contacts très étroits en certains points.

Là où les images au microscope montrent un contact direct entre les cellules, il y a en fait un espace très petit, trop petit pour être vu, dit Cajal, qui avance en outre l’idée que la conduction des signaux nerveux le long de la cellule se fait dans un ordre précis, des dendrites vers le corps de la cellule et l’axone, et jamais dans le sens contraire. RÉFLEXES CONDITIONNÉS Ivan P.

Pavlov (1849-1936), diplômé de l’université de Saint-Pétersbourg, où il passe le reste de sa vie, commence, en 1879, des études sur les réflexes conditionnés.

Grâce à ses recherches sur les chiens, Pavlov démontre que la salivation, ou réflexe salivaire, est stimulée non seulement de façon directe, par la présence de la nourriture dans la bouche, mais aussi de façon indirecte, ou conditionnée.

Si, pendant un certain temps, l’animal reçoit la nourriture (stimulus inconditionné) après avoir entendu le son d’une cloche (stimulus conditionné), le. »

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