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Le Corricolo c'est sa maniere.

Publié le 11/04/2014

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Le Corricolo c'est sa maniere. Il vous la presente d'abord du cote des ames du purgatoire. Si vous lui faites l'aumone a cette premiere sommation, tout est dit, il vous remercie et vous laisse aller en paix; mais si vous le refusez, il tourne la bourse de l'autre cote: et savez-vous ce qu'il y a de l'autre cote? son propre portrait dans son ancien costume de brigand, arme d'un enorme couteau, et au bas du portrait on lit en lettres rouges: PIETRO LE BANDIT. --Et si on ne tient pas compte des deux avis? --Alors on peut faire son paquet et se preparer a partir pour l'autre monde. Mais cela n'est jamais arrive. Il est trop connu dans le pays. A ma grande satisfaction, Francesco, toujours sous l'impression de sa terreur, n'osa plus railler les moines que nous rencontrames sur notre route, se decouvrit respectueusement devant la croix de Portici, et recita une double priere en repassant devant les statues de saint Janvier et de saint Antoine. Honneur au capucin de Resina! Il venait de convertir le dernier voltairien de notre epoque. Note: [1] Je m'apercois ici que j'ai appele notre cocher tantot Francesco, tantot Gaetano. Cela tient a ce qu'il etait baptise sous l'invocation de ces deux saints, et que nous l'appelions Francesco quand nous etions de bonne humeur, et Gaetano quand nous le boudions. XXV. Saint Joseph. Nous avons vu le lazzarone dans sa vie publique et dans sa vie privee; nous l'avons vu dans ses rapports avec l'etranger et dans ses rapports avec ses compatriotes; or, comme l'incredulite de Francesco pourrait fausser le jugement de nos lecteurs a l'endroit de ses confreres, montrons maintenant le lazzarone dans ses relations avec l'Eglise. Un moine prend un batelier au Mole. --Ou allons-nous, mon pere? --Au Pausilippe, dit le moine. Et le batelier se met a ramer de mauvaise humeur; le moine ne paie jamais son passage. Par hasard il offre une prise de tabac, voila tout. Cependant il est inoui qu'un batelier ait refuse le passage a un moine. Au bout de dix minutes, le moine sent quelque chose qui grouille dans ses jambes. --Qu'est cela? demande-t-il. --Un enfant, repond le batelier. --A toi? --On le dit. --Mais tu n'en es pas sur? XXV. Saint Joseph. 176 Le Corricolo --Qui est sur de cela? --Vous autres moins que personne. --Pourquoi nous autres moins que personne. --Vous n'etes jamais a la maison. --C'est vrai: heureusement que nous avons un moyen de nous assurer de la verite si l'enfant est de nous. --Lequel? --Nous le gardons jusqu'a cinq ans. --Apres? --A cinq ans, nous lui faisons faire une promenade en mer. --Et puis? --Et puis, quand nous sommes a la hauteur de Capri ou dans le golfe de Baya, nous le jetons a l'eau. --Eh bien? --Eh bien, s'il nage tout seul, il n'y a pas de doute sur la paternite. --Mais s'il ne nage pas? --Ah! s'il ne nage pas, c'est tout le contraire. Nous sommes surs de la chose comme si nous l'avions vue de nos deux yeux. --Alors que faites-vous de l'enfant? --Ce que nous en faisons? --Oui. --Que voulez-vous, mon pere! comme au bout du compte ce n'est pas sa faute, a ce pauvre petit, et qu'il n'a pas demande a venir au monde, nous plongeons apres lui et nous le retirons de l'eau. --Ensuite? --Ensuite nous le rapportons a la maison. --Et puis? --Et puis nous lui donnons sa nourriture; c'est ce que nous lui devons. Mais quant a son education, c'est autre chose; cela ne nous regarde pas. De sorte que, vous comprenez, mon pere, il devient un affreux garnement sans foi ni loi, ne croyant ni a Dieu ni aux saints, maugreant, jurant, blasphemant; mais lorsqu'il a atteint sa quinzieme annee, quand il n'est plus bon a rien au monde, nous en faisons... XXV. Saint Joseph. 177

« —Qui est sur de cela? —Vous autres moins que personne. —Pourquoi nous autres moins que personne. —Vous n'etes jamais a la maison. —C'est vrai: heureusement que nous avons un moyen de nous assurer de la verite si l'enfant est de nous. —Lequel? —Nous le gardons jusqu'a cinq ans. —Apres? —A cinq ans, nous lui faisons faire une promenade en mer. —Et puis? —Et puis, quand nous sommes a la hauteur de Capri ou dans le golfe de Baya, nous le jetons a l'eau. —Eh bien? —Eh bien, s'il nage tout seul, il n'y a pas de doute sur la paternite. —Mais s'il ne nage pas? —Ah! s'il ne nage pas, c'est tout le contraire.

Nous sommes surs de la chose comme si nous l'avions vue de nos deux yeux. —Alors que faites-vous de l'enfant? —Ce que nous en faisons? —Oui. —Que voulez-vous, mon pere! comme au bout du compte ce n'est pas sa faute, a ce pauvre petit, et qu'il n'a pas demande a venir au monde, nous plongeons apres lui et nous le retirons de l'eau. —Ensuite? —Ensuite nous le rapportons a la maison. —Et puis? —Et puis nous lui donnons sa nourriture; c'est ce que nous lui devons.

Mais quant a son education, c'est autre chose; cela ne nous regarde pas.

De sorte que, vous comprenez, mon pere, il devient un affreux garnement sans foi ni loi, ne croyant ni a Dieu ni aux saints, maugreant, jurant, blasphemant; mais lorsqu'il a atteint sa quinzieme annee, quand il n'est plus bon a rien au monde, nous en faisons...

Le Corricolo XXV.

Saint Joseph.

177. »

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