Devoir de Philosophie

Keraban Le Tetu, Vol.

Publié le 12/04/2014

Extrait du document

Keraban Le Tetu, Vol. II --Savez-vous bien, monsieur le Hollandais, dit la noble Saraboul en marchant vers son fiance, savez-vous bien quelle femme je suis ... et quelle femme j'ai ete! ... Savez-vous bien qu'a quinze ans, j'etais deja veuve! --Oui ... deja! ... repeta Yanar, et quand on a pris cette habitude de bonne heure.... --Soit, madame! repondit Van Mitten. Mais savez-vous, a votre tour, ce que je vous defie de devenir jamais, malgre l'habitude que vous en pouvez avoir? --C'est?.... --C'est de devenir veuve de moi! --Monsieur Van Mitten, s'ecria Yanar en portant la main a son yatagan, il suffirait pour cela d'un coup..... --C'est en quoi vous vous trompez, seigneur Yanar, et votre sabre ne ferait pas de madame Saraboul une veuve ... par cette excellente raison que je n'ai jamais pu etre son mari! --Hein? --Et que notre mariage meme serait nul! --Nul? --Parce que, si madame Saraboul a le bonheur d'etre veuve de ses premiers epoux, je n'ai pas celui d'etre veuf de ma premiere femme! --Marie! ... Il etait marie! ... s'ecria la noble Kurde, mise hors d'elle-meme par ce foudroyant aveu. --Oui! ... repondit Van Mitten, maintenant emballe dans la discussion, oui, marie! Et ce n'est que pour sauver mes amis, pour les empecher d'etre arretes au caravanserail de Rissar, que je me suis sacrifie! --Sacrifie! ... repliqua Saraboul, qui repeta ce mot en se laissant tomber sur un divan. --Sachant bien que ce mariage ne serait pas valable, continua Van Mitten, puisque la premiere madame Van Mitten n'est pas plus morte que je ne suis veuf ... et qu'elle m'attend en Hollande!" La fausse epouse outragee s'etait relevee, et, se retournant vers le seigneur Yanar: "Vous l'entendez, mon frere! dit-elle. --Je l'entends! --Votre soeur vient d'etre jouee! --Outragee! --Et ce traitre est encore vivant?.... --Il n'a plus que quelques instants a vivre! --Mais ils sont enrages! s'ecria Van Mitten, veritablement inquiet de l'attitude menacante du couple kurde. XIV. DANS LEQUEL VAN MITTEN ESSAIE DE FAIRE COMPRENDRE LA SITUATION A LA NOBLE SARA 105 Keraban Le Tetu, Vol. II --Je vous vengerai, ma soeur! s'ecria le seigneur Yanar, qui, la main haute, marcha vers le Hollandais. --Je me vengerai moi-mome!" Et, ce disant, la noble Saraboul se precipita sur Van Mitten, en poussant des cris de fureur qui furent heureusement entendus du dehors. XV. OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE. La porte du salon s'ouvrit aussitot. Le seigneur Keraban, Ahmet, Amasia, Nedjeb, Bruno, parurent sur le seuil. Keraban eut vite fait de degager Van Mitten. "Eh, madame! dit Ahmet, on n'etrangle pas ainsi les gens ... pour un malentendu! --Diable! murmura Bruno, il etait temps d'arriver! --Pauvre monsieur Van Mitten! dit Amasia, qui eprouvait un sentiment de sincere commiseration pour son compagnon de voyage. --Ce n'est decidement pas la femme qu'il lui faut!" ajouta Nedjeb en secouant la tete. Cependant, Van Mitten reprenait peu a peu ses esprits. "Cela a ete dur? dit Keraban. --Un peu plus, j'y passais!" repondit Van Mitten. En ce moment, la noble Saraboul revint sur le seigneur Keraban, et, le prenant directement a parti: "Et c'est vous qui vous etes prete, dit-elle, a cette.... --Mystification, repondit Keraban d'un ton aimable. C'est le mot propre ... mystification! --Je me vengerai! ... Il y a des juges a Constantinople!.... --Belle Saraboul, repondit le seigneur Keraban, n'accusez que vous-meme! Vous vouliez bien, pour un pretendu attentat, nous faire arreter et compromettre notre voyage! Eh! par Allah! on s'en tire comme on peut! Nous nous en sommes tires par un pretendu mariage et nous avions droit a cette revanche, assurement!" A cette reponse, Saraboul se laissa choir une seconde fois sur un divan, en proie a une de ces attaques de nerfs dont les femmes ont le secret, meme au Kurdistan. Nedjeb et Amasia s'empresserent a la secourir. "Je m'en vais! ... Je m'en-vais! ... criait-elle au plus fort de sa crise. Bon voyage!" repondit Bruno. Mais voici qu'a ce moment Nizib parut sur le seuil de la porte. "Qu'y a-t-il? demanda Keraban. XV. OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE. 106

« —Je vous vengerai, ma soeur! s'ecria le seigneur Yanar, qui, la main haute, marcha vers le Hollandais. —Je me vengerai moi-mome!” Et, ce disant, la noble Saraboul se precipita sur Van Mitten, en poussant des cris de fureur qui furent heureusement entendus du dehors. XV.

OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE. La porte du salon s'ouvrit aussitot.

Le seigneur Keraban, Ahmet, Amasia, Nedjeb, Bruno, parurent sur le seuil. Keraban eut vite fait de degager Van Mitten. “Eh, madame! dit Ahmet, on n'etrangle pas ainsi les gens ...

pour un malentendu! —Diable! murmura Bruno, il etait temps d'arriver! —Pauvre monsieur Van Mitten! dit Amasia, qui eprouvait un sentiment de sincere commiseration pour son compagnon de voyage. —Ce n'est decidement pas la femme qu'il lui faut!” ajouta Nedjeb en secouant la tete. Cependant, Van Mitten reprenait peu a peu ses esprits. “Cela a ete dur? dit Keraban. —Un peu plus, j'y passais!” repondit Van Mitten.

En ce moment, la noble Saraboul revint sur le seigneur Keraban, et, le prenant directement a parti: “Et c'est vous qui vous etes prete, dit-elle, a cette.... —Mystification, repondit Keraban d'un ton aimable.

C'est le mot propre ...

mystification! —Je me vengerai! ...

Il y a des juges a Constantinople!.... —Belle Saraboul, repondit le seigneur Keraban, n'accusez que vous-meme! Vous vouliez bien, pour un pretendu attentat, nous faire arreter et compromettre notre voyage! Eh! par Allah! on s'en tire comme on peut! Nous nous en sommes tires par un pretendu mariage et nous avions droit a cette revanche, assurement!” A cette reponse, Saraboul se laissa choir une seconde fois sur un divan, en proie a une de ces attaques de nerfs dont les femmes ont le secret, meme au Kurdistan. Nedjeb et Amasia s'empresserent a la secourir. “Je m'en vais! ...

Je m'en-vais! ...

criait-elle au plus fort de sa crise. Bon voyage!” repondit Bruno. Mais voici qu'a ce moment Nizib parut sur le seuil de la porte. “Qu'y a-t-il? demanda Keraban.

Keraban Le Tetu, Vol.

II XV.

OU L'ON VERRA LE SEIGNEUR KERABAN PLUS TETU ENCORE QU'IL NE L'A JAMAIS ETE.

106. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles