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trouve subordonné au relatif.

Publié le 30/10/2013

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trouve subordonné au relatif. Sur le troisième plan, la relation est d'ordre métaphysique : il s'agit de l'essence des motifs. L'amour s'oppose à la haine. L'amour tend à l'être, la haine au néant. L'amour grandit dans le rapport à la transcendance ; dans la haine, le moi se réduit à un point épris de lui-même et détaché de la transcendance. L'amour exerce en silence une action constructive dans le monde, la haine déclenche avec fracas la catastrophe qui éteint l'être au sein de la réalité et qui anéantit la réalité elle-même. Chaque fois on se trouve devant une alternative, et dans la nécessité de prendre une décision. L'homme, s'il va jusqu'à l'essentiel, ne peut vouloir que l'un ou l'autre. Il obéit à son penchant ou au devoir, il reste dans la mauvaise foi ou il rétablit la pureté de ses motifs, il vit de haine ou d'amour. Mais il peut se dérober à la décision. Au lieu de se décider, il se laisse ballotter de-ci de-là à travers la vie, il combine l'un avec l'autre, et il fait même de cette combinaison une contradiction nécessaire. Cette, indécision est déjà par elle-même le mal. L'homme ne s'éveille que quand il distingue le bien et le mal. Il devient lui-même lorsqu'il exprime avec décision dans ses actes où il veut aller. Nous avons tous à nous reconquérir sans cesse sur l'indécision. Nous sommes tellement incapables de nous donner entièrement au bien que la force même des penchants qui nous emportent est indispensable pour que se maintienne à travers notre vie la clarté du devoir. Quand nous aimons vraiment, il nous est impossible de ne pas haïr, notamment ce qui menace ce que nous aimons. Nous nous égarons dans la mauvaise foi et dans l'impureté des motifs, précisément quand nous sommes certains de leur pureté. Sur les trois plans, la décision a un caractère distinct. Moralement, l'homme croit par la pensée fonder sa décision en montrant qu'elle est juste. Ethiquement, il s'arrache à la mauvaise foi et se rétablit dans la sincérité par une résurrection de sa bonne volonté. Métaphysiquement, il prend conscience du don qu'il est à lui-même par sa faculté d'aimer. Il choisit ce qui est juste, il devient sincère dans ses motifs, sa vie s'enracine dans l'amour. C'est seulement dans l'unité de ces trois aspects que se réalise l'absolu. Vivre par amour, cela paraît impliquer tout le reste. Un amour véritable garantit en même temps l'authenticité morale de la conduite. C'est pourquoi saint Augustin a dit : « Aime et fais ce que tu veux. « Mais il ne nous est pas possible, à nous, être humains, de vivre uniquement par amour uniquement sur la hauteur de ce troisième plan, car nous glissons sans cesse dans les déviations et les confusions. Aussi ne pouvons-nous pas compter aveuglément et à tout instant sur notre amour : nous devons l'éclairer. Et c'est pourquoi, pour nous, créatures finies, la discipline de la contrainte continue à être indispensable pour maîtriser nos passions ; indispensable aussi la méfiance à l'égard de nous-mêmes pour démasquer l'impureté de nos motifs. Quand nous nous sentons sûrs, c'est justement que nous sommes en train de nous égarer. Seul l'absolu du bien peut donner son contenu substantiel au devoir pur et simple, rendre leur pureté aux motifs moraux, dissoudre la volonté d'anéantissement de la haine. Mais l'amour qui est le fondement même de l'absolu, est identique à la volonté d'atteindre la réalité en soi. Ce que j'aime, je veux que cela soit. Et l'être en soi, je ne peux l'entrevoir sans l'aimer. Chapitre VI L'HOMME Qu'est-ce que l'homme ? La physiologie étudie son corps, la psychologie étudie son âme, la sociologie l'étudie omme être social. L'homme est pour nous un produit de la nature ; nous le connaissons comme nous connaissons d'autres êtres vivants. Il est aussi un produit de l'histoire, que nous étudions en soumettant la tradition à un examen critique, en cherchant à comprendre le sens que les hommes ont donné à leurs actes et à leurs pensées, en expliquant les événements par des motifs, des situations, des données naturelles. Les sciences humaines ont apporté toutes sortes de connaissances, mais non celle de l'homme dans sa totalité. La question qui se pose, c'est de savoir s'il est en général possible de se faire une idée exhaustive de l'homme au moyen de ce qu'on peut savoir de lui ; ou bien, si l'homme est, au delà de ce savoir, quelque chose de plus : une liberté qui échappe à toute connaissance objective, mais qui lui reste pourtant présente comme une réalité indestructible. En effet, l'homme peut être abordé de deux manières : comme objet de recherche scientifique et comme existence d'une liberté inaccessible à toute science. Dans le premier cas, nous parlons de l'homme comme objet ; dans le second, de la réalité impossible à objectiver que l'homme est, et qu'il approfondit quand il est vraiment conscient de lui-même. Ce que nous pouvons savoir de lui n'est pas exhaustif ; son être, nous ne pouvons que l'éprouver à l'origine même de notre pensée et de notre action. L'homme est en principe plus que ce qu'il peut savoir de soi. Nous sommes conscients de notre liberté si nous reconnaissons que certaines exigences nous concernent. Il dépend de nous de les satisfaire ou de nous y dérober. Nous ne pouvons pas sincèrement contester le fait que nous prenons des décisions et que par là nous décidons de nous-mêmes, nous sommes responsables. Celui qui tente de le nier doit s'interdire, s'il est conséquent, toute exigence à l'égard d'autres hommes. Un accusé voulut un jour plaider son innocence devant le tribunal ; il allégua qu'il était né avec des dispositions qui l'avaient entraîné au mal et que, ne pouvant agir différemment, il ne devait pas être tenu pour responsable. Le juge répondit avec esprit que la même raison justifiait également sa conduite à lui, juge ; il ne pouvait pas non plus faire autrement que de condamner, étant ce qu'il était et forcé par là d'agir selon des lois données. * ** Sûrs enfin d'être libres, nous avons aussitôt un second pas à faire pour saisir ce que nous sommes : l'homme est l'être qui se rapporte à Dieu. Qu'est-ce à dire ? Nous ne nous sommes pas créés nous-mêmes. Chacun peut penser de soi qu'il aurait pu ne pas être. Nous avons cela en commun avec les animaux. Mais en outre, nous prenons des décisions par nous-mêmes, nous ne sommes pas automatiquement soumis à une loi naturelle. Cette liberté, nous ne l'avons pas par nous-mêmes ; dans notre liberté, nous sommes à nous-mêmes un cadeau. Quand nous n'aimons pas, quand nous ne savons pas quel est notre devoir, nous ne pouvons pas obtenir de force notre liberté. Quand nous nous décidons librement, que tout prend pour nous son sens et qu'ainsi comblés nous nous emparons de notre propre vie, nous avons conscience de ne pas devoir notre être à nous seuls. Sur les sommets de la liberté, quand notre action nous paraît nécessaire, non sous la contrainte extérieure d'un déterminisme naturel inflexible, mais par l'accord intérieur de notre être qui ne saurait avoir d'autre volonté que celle-ci, nous avons conscience d'être à nousmêmes, dans notre liberté, un don de la transcendance. Plus l'homme est vraiment libre, plus il est sûr de Dieu. Quand je suis vraiment libre, je suis sûr de ne pas l'être par moi-même. Nous autres hommes, nous ne nous suffirons jamais. Nous tendons au delà et nous grandissons avec la profondeur de la conscience que nous avons de Dieu ; et cette conscience, en même temps, nous rend transparents à nous-mêmes et nous fait voir le peu que nous sommes. Que l'homme se rapporte à Dieu, ce n'est pas là une propriété naturelle. Comme elle coïncide avec la liberté, elle n'éclate pour tout homme en pleine clarté que lorsqu'il a accompli le bond qui l'arrache à la pure et simple affirmation vitale de soi pour l'amener à son être véritable. Là, vraiment libéré du monde, il est enfin tout entier ouvert au monde. Il peut être indépendant à son égard parce qu'il vit lié à Dieu. Il y a Dieu, pour lui, dans la mesure où il existe vraiment. * ** Je le répète encore une fois : l'homme, en tant que réalité empirique dans le monde, est un objet que l'on peut connaître. Ainsi, par exemple, les théories raciales établissent ses différences spécifiques ; la psychanalyse étudie son subconscient en activité ; le marxisme voit en lui un être vivant dont le travail producteur conquiert la maîtrise sur la nature et sur la réalité sociale, ces deux processus pouvant aller jusqu'à la perfection. Or toutes ces voies que la connaissance emprunte permettent de saisir quelque chose de l'homme - quelque chose de réel - mais jamais l'homme dans sa totalité. Lorsque des théories scientifiques de cette sorte se prennent pour la connaissance absolue de l'homme tout entier - ce qui leur est arrivé à toutes - elles perdent de vue l'homme véritable ; celui qui se fie à elles voit presque s'éteindre en lui la conscience de l'homme et enfin même de 'humain, la conscience de l'humaine condition qui est liberté et rapport à Dieu. Il est du plus haut intérêt de suivre les progrès des sciences humaines, et le profit est grand tant qu'elles se éveloppent selon les exigences de la critique scientifique. Alors on découvre méthodiquement ce qu'on sait ; on oit combien c'est peu si on le compare à l'ensemble du possible, et on constate que la condition humaine éritable reste radicalement inaccessible à une connaissance de cet ordre. Dès lors on échappe aux dangers que ait naître une prétendue science de l'homme qui ne fait que l'obnubiler. * ** Connaissant les limites du savoir, nous nous confions en pleine lucidité à ce qui guide notre liberté par notre liberté même, quand elle se rapporte à Dieu. C'est là le grand problème de la condition humaine : où l'homme peut-il trouver sa ligne de conduite ? Une hose est certaine : sa vie ne s'écoule pas comme celle des animaux en se répétant purement et simplement selon es lois naturelles à travers la suite des générations ; étant libre, il ne peut pas être rassuré sur son être ; mais en ême temps sa liberté lui donne des chances de devenir encore ce qu'il est capable d'être, de réaliser son être le lus authentique. Il lui est donné, avec sa liberté, de pouvoir user de sa vie comme d'un matériau. C'est pourquoi ui seul a une histoire, c'est-à-dire qu'il vit non pas seulement selon son héritage biologique, mais encore selon la radition. La vie de l'homme ne se déroule donc pas comme un processus naturel ; mais sa liberté demande à tre guidée. * Ce besoin, souvent, se satisfait du succédané que représente la contrainte exercée d'homme à homme, mais je e développerai pas cela ici. Ce que nous cherchons, c'est ce qui peut servir à l'homme de guide suprême. La hèse qu'avance la foi philosophique est la suivante : l'homme peut vivre sous la conduite de Dieu. Essayons de oir ce que cela signifie. Dans l'absolu, nous croyons sentir que Dieu nous conduit. Mais comment cela est-il possible si Dieu n'est pas à comme réalité tangible, s'il n'est nullement présent de façon univoque en tant que Dieu ? Si Dieu guide 'homme, comment l'homme perçoit-il ce que Dieu veut ? Y a-t-il une rencontre de l'homme avec Dieu ? omment se produit-elle ? On nous raconte, dans certaines autobiographies, comment une soudaine certitude succéda à une longue ériode de doute alors qu'il s'agissait de prendre une décision grave dont dépendait tout le cours de la vie ; après voir longtemps hésité dans une perplexité impuissante, on éprouve cette certitude comme la liberté même qui ermet l'action. Mais plus l'homme se sait résolument libre dans la clarté de cette certitude, et plus limpide evient aussi pour lui la transcendance qui le fait être. Kierkegaard médita chaque jour sur lui-même en s'en remettant à la conduite de Dieu : il se savait toujours ans la main de Dieu. A travers ce qu'il faisait et à travers ce qui lui arrivait dans le monde, il entendait Dieu ; et ourtant il s'en rendait toujours compte, ce qu'il entendait ainsi avait plusieurs sens et restait ambigu. Dieu le onduisait, mais non d'une façon saisissable, ni par des ordres univoques, mais par sa liberté elle-même qui renait des décisions parce qu'elle se savait liée au fond transcendant. La transcendance nous guide autrement que toute réalité du monde : il n'y a qu'une seule façon d'être onduit par Dieu, et ce chemin passe par la liberté elle-même. La voix de Dieu se fait entendre par ce qui se évèle à l'être humain individuel lorsqu'il s'assure de lui-même en s'ouvrant à tout ce qui vient à lui, du fond de a tradition et du monde ambiant. L'homme est conduit par l'intermédiaire du jugement qu'il porte sur ses propres actions. Ce jugement ntrave ou stimule, corrige ou confirme. La voix de Dieu jugeant le comportement de l'homme n'a pas d'autre xpression dans le temps que ce jugement de l'homme lui-même sur ses sentiments, ses mobiles, ses actions. 'homme s'examine et se juge librement et loyalement ; il s'accuse lui-même, s'approuve lui-même, et il trouve à, indirectement, jamais définitif et toujours encore équivoque, le jugement de Dieu. C'est pourquoi le jugement humain est dès l'abord erroné si l'homme croit y trouver définitivement la voix de ieu ou pouvoir compter sur lui désormais. Nous devons impitoyablement déceler notre tendance à nous ériger n instance souveraine, ne fût-ce déjà que dans la satisfaction où nous sommes de notre conduite morale et dans otre prétention à l'infaillibilité. En fait, l'homme ne peut être toujours et totalement content de lui ; pour se juger, il ne peut s'appuyer que

« Chapitre VI L’HOMME Qu’est-ce quel’homme ? Laphysiologie étudiesoncorps, lapsychologie étudiesonâme, lasociologie l’étudie comme êtresocial.

L’homme estpour nous unproduit delanature ; nousleconnaissons commenous connaissons d’autresêtresvivants.

Ilest aussi unproduit del’histoire, quenous étudions ensoumettant la tradition àun examen critique, encherchant àcomprendre lesens queleshommes ontdonné àleurs actes età leurs pensées, enexpliquant lesévénements pardes motifs, dessituations, desdonnées naturelles.

Lessciences humaines ontapporté toutessortesdeconnaissances, maisnoncelle del’homme danssatotalité. La question quisepose, c’estdesavoir s’ilest engénéral possible desefaire uneidée exhaustive del’homme au moyen decequ’on peutsavoir delui ; oubien, sil’homme est,audelà decesavoir, quelque chosedeplus : une liberté quiéchappe àtoute connaissance objective,maisquiluireste pourtant présentecommeuneréalité indestructible. En effet, l’homme peutêtreabordé dedeux manières : commeobjetderecherche scientifique etcomme existence d’uneliberté inaccessible àtoute science.

Danslepremier cas,nous parlons del’homme commeobjet ; dans lesecond, delaréalité impossible àobjectiver quel’homme est,etqu’il approfondit quandilest vraiment conscient delui-même.

Ceque nous pouvons savoirdelui n’est pasexhaustif ; sonêtre, nous nepouvons que l’éprouver àl’origine mêmedenotre pensée etde notre action.

L’homme estenprincipe plusquecequ’il peut savoir desoi. Nous sommes conscients denotre liberté sinous reconnaissons quecertaines exigences nousconcernent.

Il dépend denous deles satisfaire oudenous ydérober.

Nousnepouvons passincèrement contesterlefait que nous prenons desdécisions etque parlànous décidons denous-mêmes, noussommes responsables. Celui quitente delenier doits’interdire, s’ilest conséquent, touteexigence àl’égard d’autres hommes.

Un accusé voulutunjour plaider soninnocence devantletribunal ; ilallégua qu’ilétait néavec desdispositions qui l’avaient entraînéaumal etque, nepouvant agirdifféremment, ilne devait pasêtre tenu pour responsable.

Le juge répondit avecesprit quelamême raison justifiait également saconduite àlui, juge ; ilne pouvait pasnon plus faire autrement quedecondamner, étantcequ’il était etforcé parlàd’agir selondeslois données. * * * Sûrs enfin d’être libres, nousavons aussitôt unsecond pasàfaire pour saisir ceque nous sommes : l’homme est l’être quiserapporte àDieu.

Qu’est-ce àdire ? Nous nenous sommes pascréés nous-mêmes.

Chacunpeutpenser desoi qu’il aurait punepas être.

Nous avons celaencommun aveclesanimaux.

Maisenoutre, nousprenons desdécisions parnous-mêmes, nousne sommes pasautomatiquement soumisàune loinaturelle.

Cetteliberté, nousnel’avons pasparnous-mêmes ; dans notre liberté, noussommes ànous-mêmes uncadeau.

Quandnousn’aimons pas,quand nousnesavons pas quel estnotre devoir, nousnepouvons pasobtenir deforce notre liberté.

Quandnousnousdécidons librement, quetout prend pournous sonsens etqu’ainsi comblés nousnousemparons denotre propre vie,nous avons conscience dene pas devoir notreêtreànous seuls.

Surlessommets delaliberté, quandnotreaction nous paraît nécessaire, nonsous lacontrainte extérieured’undéterminisme naturelinflexible, maisparl’accord intérieur denotre êtrequinesaurait avoird’autre volonté quecelle-ci, nousavons conscience d’êtreànous- mêmes, dansnotre liberté, undon delatranscendance.

Plusl’homme estvraiment libre,plusilest sûr deDieu. Quand jesuis vraiment libre,jesuis sûrdene pas l’être parmoi-même. Nous autres hommes, nousnenous suffirons jamais.Noustendons audelà etnous grandissons avecla profondeur delaconscience quenous avons deDieu ; etcette conscience, enmême temps, nousrend transparents ànous-mêmes etnous faitvoir lepeu quenous sommes. Que l’homme serapporte àDieu, cen’est paslàune propriété naturelle.

Commeellecoïncide aveclaliberté, elle n’éclate pourtouthomme enpleine clartéquelorsqu’il aaccompli lebond quil’arrache àla pure etsimple affirmation vitaledesoi pour l’amener àson être véritable.

Là,vraiment libérédumonde, ilest enfin toutentier ouvert aumonde.

Ilpeut êtreindépendant àson égard parcequ’ilvitliéàDieu.

Ilya Dieu, pourlui,dans la mesure oùilexiste vraiment. * * * Je lerépète encore unefois : l’homme, entant queréalité empirique danslemonde, estunobjet quel’on. »

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