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Analyse d'un extrait de Terre des Hommes de Saint-Exupéry

Publié le 07/10/2012

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Le biographique, texte 2. Il était, quelque part, un parc... Introduction Terre des hommes publié en 1939 fait suite à deux romans, Courrier sud et Vol de nuit qui ont apporté la célébrité à Saint-Exupéry. Terre des hommes se présente comme un recueil de textes qui tiennent de l'autobiographie, du reportage ou de la méditation morale. En 1938 après un énième accident, Saint-Exupéry sérieusement blessé est contraint à une longue convalescence. Il retravaille alors des articles qu'il a rédigé entre 1931 et 1938. André Gide avait proposé à Saint-Exupéry d'écrire "quelque chose qui ne serait pas un récit continu... enfin, comme un bouquet, une gerbe, sans tenir compte des lieux et du temps, le groupement en divers chapitres des sensations, des émotions, des réflexions de l'aviateur". Saint-Exupéry a suivi ce conseil et Terre des hommes apparaît comme une succession d'essais ou s'entremêlent souvenirs et méditations sur la condition humaine. L'extrait qui nous intéresse provient du chapitre IV, l'auteur évoque un épisode autobiographique, une panne de moteur l'a conduit a s'échouer « dans une région de sable épais « Mouvement du texte : - l.1 à 7 : le processus de remémoration - l. 8 à 16 : le souvenir de la maison d'enfance - l. 17 à 19 : conséquence sur le plan psychologique de cette réminiscence. Ici, je ne possédais plus rien au monde. Je n'étais rien qu'un mortel égaré entre du sable et des étoiles, conscient de la seule douceur de respirer... Renoncement à l'avoir et instauration de l'être. « rien « en position de COD dans la première phrase est utilisé dans une phrase attributive ce mvmt marque le passage de l'avoir à l'être. La 1ère phrase confère au désert l'une des fonction que lui confèrent les textes sacrés : le lieu du dépouillement l'idée est amplifiée par l'utilisation de l'hyperbole. La deuxième phrase = tableau poétique de la condition humaine L'utilisation du terme mortel est chargée de connotations, mortel renvoie évidemment à la brièveté de la vie humaines, on pourra opposer ce ter...

« opposition plus profonde entre l’être (je me découvris) et le non être (je n’étais rien) ; entre l’anonymat (un mortel égaré) et l’identité (plein de songes). Cette dernière opposition peut se justifier en références à Shakespeare (nous sommes tissés de l’étoffe de nos songes), mais aussi à ce qui suit, les songes en question sont une rêverie qui fait surgir le monde de l’enfance. Ils me vinrent sans bruit, comme des eaux de source, et je ne compris pas, tout d'abord, 1a douceur qui m'envahissait.

Il n'y eut point de voix, d'images, mais le sentiment d'une présence, d'une amitié très proche et déjà à demi devinée.

Puis, je compris et m'abandonnai, les yeux fermés, aux enchantements de ma mémoire. Le paragraphe décrit sur un mode poétique, l’irruption du souvenir – le mot irruption est d’ailleurs impropre parce que le processus de remémoration est décrit comme une approche lente et amicale. La première proposition donne la tonalité : il s’agit d’un alexandrin rythmé qui introduit une comparaison hautement signifiante – on songera au Petit Prince (« l’eau peut aussi être bonne pour le cœur.

»).

Le comparant, les « eaux de sources », justifie à l’avance les termes qui vont caractériser cette intrusion du souvenir à savoir douceur et silence.

Il signifie également – métaphoriquement, la source désigne l’origine – la dimension essentielle de ces rêveries, perdu en plein désert, menacé de mort le narrateur est ramené à l’origine de sa propre vie, l’enfance. La résurgence du souvenir se fait en deux étapes « je ne compris pas tout d’abord », « Puis je compris ».

Il est probable qu’étant donné le contexte le narrateur n’était pas préparé à un tel surgissement de la mémoire.

Mais il s’agit de souvenirs amis, consolateurs, les personnifications font du « songe » un ami ; un ami plein d’égard qui se manifeste sans éclat et sans bruit.

Là encore on faire un rapprochement avec la dynamique de l’amitié telle qu’elle est décrite dans la Petit Prince – avant de devenir l’ami du Petit Prince le renard demande à être apprivoisé – c.à d.

conquis par la douceur, les égards et la patience. Le mot « mémoire » n’est prononcé qu’en toute fin de phrase, c’est elle qui est à l’origine de ces sentiments sécurisants que sont la douceur, l’amitié, les enchantements de l’enfance.

C’est elle qui procure au narrateur la consolation et le sentiment d’exister.

La mémoire est un enracinement dans l’existence. Il était, quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j'aimais.

Peu importait qu'elle fût éloignée ou proche, qu'elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m'abriter, réduite ici au rôle de songe : il suffisait qu'elle existât pour remplir ma nuit de sa présence.

L’évocation des souvenirs s’ouvre naturellement sur l’évocation d’un lieu : la maison de l’enfance.

Le narrateur utilise un tour impersonnel (« Il était quelque part, un parc..

; »( qui fait songer à l’ouverture d’un conte de fée au « il était une fois » s’est substitué le « quelque part » qui renvoie à la situation du narrateur perdu dans l’espace. Le narrateur oppose ensuite la réalité objective de cette maison perdue dans un espace indéfini à sa réalité subjective.

La maison réelle ne peut remplir son rôle protecteur, il en existe une autre celle que le narrateur porte en lui.

Elle occupe finalement ce rôle protecteur.

On comprendra ici le mot nuit dans son sens métaphorique, c’est la nuit de l’esprit désemparé par la perte de tout repère.

La maison de l’enfance va constituer le premier de ces repères dans la reconquête d’un identité. Je n'étais plus ce corps échoué sur une grève, je m'orientais, j'étais l'enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules, plein des voix qui l'avaient animée.. »

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