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argumentation

Publié le 10/02/2013

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Le discours argumentatif transmet, après l'avoir constituée, une vérité,ou du moins, une conviction; sur le plan pratique, il vise l'efficacité de cette transmissionauprès du destinataire. En fonction du destinataire auquel il s'adresse, l'énonciateur chercheraplutôt à convaincre ou à persuader : en effet, l'argumentation étant fonction de son adaptation àl'auditoire, les techniques utilisées pour persuader ce dernier ne sont pas les mêmes lorsqu'ils'agit de convaincre un auditoire plus large. Convaincre et persuader ont la même visée, celle d'emporter l'adhésion de l'autre. Mais on convainc avec des arguments rationnels tandis que l'on persuade en jouant sur les émotions et sur la sensibilité. Or on trouve de l'argumentation dans des genres narratifs comme le roman, la poésie et surtout le théâtre. Dès lors, si émouvoir consiste à frapper la sensibilité du lecteur, on peut se demander si cette provocation sensible n'est pas nécessaire à tout auteur pour entrer en dialogue avec le lecteur et déclencher chez ce dernier une lecture active le menant à changer peut-être d'opinion voire à épouser la thèse défendue par l'auteur. Si l'effet du discours se rapporte à trois pôles: plaire, émouvoir, enseigner alors la persuasion est l'oeuvre du discours dans son ensemble, le docere est le but, le chemin intellectuel de la persuasion.Ainsi, en nous intéressant d'abord aux écrits dont l'argumentation est implicite, nous questionnerons la nécessité de l'émotion pour emporter l'adhésion du lecteur. Mais il nous faudra alors interroger le discours délibératif qui demeure un art de vivre et de penser avec autrui. Enfin, nous nous demanderons, puisque l'écriture est avant tout un art d'écrire, si l'écrivain n'a d'autres vocations que la sienne : éclairer les consciences par le biais de sa plume. Autrement dit, peut-on concevoir une écriture sans émotion ? L'apologue participe aussi bien de l'argumentation que de la narration, il est figure et il est genre. En cela il est une potentialité littéraire à disposition de l'écrivain aussitôt qu'il veut signifier quelque chose indirectement, par le biais d'un récit, d'une action fictive, d'une « fable «. Il s'insère dans tous les discours et tous les genres s'adaptant, dès lors, à de nombreux destinataires. L'apologue a figuré dans les ouvrages de rhétorique, les manuels de persuasion, à la rubrique des arguments. C'est pourquoi il se rapproche de l'exemple et sert à faire connaître, à faire comprendre. Si La Fontaine privilégie la forme narrative vive et enjouée pour délivrer une morale c'est qu'il trouve alors le moyen idéal de susciter l'interrogation chez le lecteur. Sous l'apparence d'un récit qui pique la curiosité et se fixe dans l'imagination, la violence du monde nous revient. Le lecteur adopte la moralité de la fable qui le mène à réfléchir sur la société ou la condition humaine plus facilement qu'un ouvrage savant. Les moralités des fables de La Fontaine sont la marque d'une complicité idéologique, l'expression de vérités sociales ou politiques vécues par de nombreux contemporains, des constats amers ou critiques sur la société qu'il était plus prudent d'avancer avec légèreté. Le récit destiné à plaire, surprendre ou enchanter trouve son épanouissement dans les possibilités poétiques, les différentes tonalités que développe La Fontaine. Ainsi écrit-il dans la Préface des Fables en 1668 : « La vérité a parlé aux hommes par paraboles ; et la parabole est-elle autre chose que l'apologue, c'est-à-dire un exemple fabuleux, et qui s'insinue avec d'autant plus de facilité et d'effet qu'il est plus commun et plus familier ? « Il apparaît donc que l'art de persuader parce qu'il prend en compte le destinataire et son émotion, amène ce dernier à se saisir de la vérité conduite dans le texte.

« plaire, surprendre ou enchanter trouve son épanouissement dans les possibilit és po étiques, les   diff érentes tonalit és que d éveloppe La Fontaine. Ainsi  écrit­il dans la Pr éface des Fables en   1668   :   «   La v érité a parl é aux hommes par paraboles   ; et la parabole est­elle autre chose que   l’apologue, c’est­ à­dire un exemple fabuleux, et qui s’insinue avec d’autant plus de facilit é et d’effet   qu’il est plus commun et plus familier   ?   » Il appara ît donc que l’art de persuader parce qu’il prend en   compte le destinataire et son  émotion, am ène ce dernier  à se saisir de la v érité conduite dans le texte. Or, l’ écrivain est aussi un  être de chair charg é d’une sensibilit é particuli ère, plus  à m ême de mettre  à   jour des ressentis partag és par autrui. Et parce qu’il noue un pacte de lecture avec son destinataire, la   relation qui s’instaure entre eux a valeur de mod èle et de r éflexion.     Le conte philosophique de Voltaire est une autre forme de l’argumentation indirecte qui provoque le   lecteur. Dans Candide, les rebondissements, les malheurs qui frappent le h éros na ïf et vertueux, les   diverses formes de cruaut é, de fanatisme, d’intol érance  éclairent le lecteur. Il prend alors conscience   de l’absurdit é du monde et partage avec l’ écrivain un regard ironique sur les travers des hommes et   des soci étés. Les id ées sont les m êmes dans les contes et les œuvres plus «   s érieuses   »   : ce sont les   m êmes convictions sur la guerre, la soci été, le commerce, les arts, la politique dans Le Monde comme   il va et dans le Dictionnaire philosophique. Ce conte  était une forme possible pour un combat unique,   une forme parmi d’autres, toutes d ériv ées de l’apologue, comme le dialogue, le roman, le th éâ tre ou la   lettre que d’autres philosophes des Lumi ères ont utilis ées. Le conte chez Voltaire est dot é d’une   ambition militante et le militant est mu par ses passions pour acc éder  à une sorte de v érité universelle.

  Voltaire lui­m ême n’a pris que peu  à peu conscience du pouvoir de propagande que recelait cette   forme. En laissant  à l’écrivain la possibilit é d’ouvrir enti èrement sa conscience, cette forme a pris tous   les degr és de l’ émotion qui travaillaient l’homme en train d’ écrire. C’est alors ces caract éristiques de   l’ écriture voltairienne qui se m êlent  à travers le registre ironique. Nous pourrions facilement supposer   que toute l’œuvre ant érieure du philosophe avait port é en germe cette forme nouvelle et qu’il r éalisait   l à son vœu le plus cher   : gagner plus ais ément les esprits aux grandes causes qu’il d éfendait.    La forme la plus aboutie de l’apologue est sans nul doute l’utopie, qui utilise la fiction narrative pour   transmettre un syst ème de pens ée. Ce qui est en jeu dans l’ émotion  à provoquer est naturellement   r éalisable dans la fiction. Celle­ci est un voile, une v érité envelopp ée et cette signification oblique   permet au lecteur de se saisir de cette v érité. En effet, elle contribue  à le placer en lecture active et de   ce fait, il est  à m ême d’ épouser plus librement une cause. Car, par la fiction, il ne s’agit plus d’imposer   des concepts mais de les partager avec la conscience de l’autre lisant. Ce dernier est alors capable   de critique, de distance et de recul, le temps de lecture devient un instant f écond d’ échange   intellectuel avec l’auteur. Si l’utopie d écrit un monde id éal ou effrayant, il est cependant enti èrement   constitu é et plausible. Depuis Thomas More au XVI ème si ècle, l’utopie permet d’exprimer le r êve   d’une soci été id éale ou ses peurs. On la retrouve dans la vision de la soci été aristocratique id éale de   l’abbaye de Th élème (Rabelais), dans les «   robinsonnades   » du XVIII ème si ècle ou dans le   Suppl ément au Voyage de Bougainville de Diderot quand elle se fait r êve de bonheur. L’apologue des   Troglodytes (Montesquieu, Lettres Persanes) en esquisse les contours, le r êve du narrateur dans L’An   2440,r êve s’il en fut jamais de Louis S ébastien Mercier en donne un exemple structur é et Le Meilleur   des mondes (Huxley) une vision plus effrayante. C’est dire donc qu’elle est enti ère d édiée à l’émotion,   aux ressorts de l’affectivit é humaine. . »

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