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Li boins roys Artus de Bretaigne, La qui proeche nous ensengne Que nous soions preus et courtois, Tint court si riche comme rois A chele feste qui tant couste, C'on doit nommer le Penthecouste.

Publié le 02/02/2013

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Li boins roys Artus de Bretaigne, La qui proeche nous ensengne Que nous soions preus et courtois, Tint court si riche comme rois A chele feste qui tant couste, C'on doit nommer le Penthecouste. Li rois fu a Cardoeil en Gales. Aprés mengier, par mi les sales, Li chevalier s'atropelerent La ou dames les apelerent Ou damoiseles ou pucheles. Li un recontoient nouveles, Li autres parloient d'Amours, Des angousses et des dolours Et des grant biens qu'en ont souvant Li desiple de son couvant, Qui lors estoit riches et boens ; Mais or y a molt poi des siens, Qui a bien pres l'ont tuit laissie, S'en est Amours mout abaissie ; Car chil qui soloient amer Se faisoient courtois clamer Et preu et largue et honnorable ; Or est Amours tournee a fable Pour chou que chil qui riens n'en sentent Dïent qu'il ayment, mes il mentent ; Et chil fable et menchongne en font Qui s'en vantent et droit n'i ont. Mais pour parler de chix qui furent Laissons chix qui en vie durent, Qu'encor vaut mix, che m'est a vis, Un courtois mors c'uns vilains vis. Pour che me plaist a reconter Chose qui faiche a escouter Du roy qui fu de tel tesmoing C'on en parole pres et loing ; Si m'acort de tant ad Bretons Que tous jours mais dura ses nons. Le noble roi Arthur de Bretagne, dont la prouesse nous enseigne à être vaillants et courtois, réunit sa cour avec une magnificence convenable à un roi, lors de cette fête qui coûte tant qu'on l'appelle avec justesse la Pentecôte. Le roi était à Carduel, au pays de Galles. Après le repas, à travers les salles, les chevaliers s'assemblèrent là où les appelèrent les dames, les demoiselles, les jeunes filles. Certains racontaient des histoires, tandis que d'autres parlaient d'Amour, des tourments et des supplices, ainsi que des grands bienfaits que reçoivent souvent les disciples appartenant à son ordre, qui en ce temps-là était puissant et de qualité. Mais aujourd'hui il reste peu de ses fidèles ; ils l'ont, à peu près tous, abandonné, et, par conséquent, Amour se trouve en grand déclin. Car ceux qui, autrefois faisaient profession d'aimer méritaient qu'on les appelât courtois, vaillants, généreux, et honorables. Mais à présent Amour est matière à fiction, parce que ceux qui n'en ressentent rien disent qu'ils aiment, mais ils mentent. Ceux qui se vantent d'aimer sans y avoir droit en font un objet de fable et de mensonge. Mais afin de parler de ceux qui furent jadis, laissons de côté ceux qui sont encore en vie. Car mieux vaut, me semble-t-il, un courtois mort qu'un rustre vivant. C'est pour cette raison que je prends plaisir à raconter quelque chose qui vaut la peine d'être écouté, concernant ce roi qui marqua si bien son époque qu'on parle de lui dans tous les pays. Ainsi je partage cette opinion des Bretons, que son nom survivra jusqu'à la fin des temps. ...... Chrétien de Troyes Le chevalier au lion (Prologue, vers 1-38.)

« Le noble roi Arthur de Bretagne, dont la prouesse nous enseigne à être vaillants et courtois, réunit sa cour avec une magnificence convenable à un roi, lors de cette fête qui coûte tant qu'on l'appelle avec justesse la Pentecôte. Le roi était à Carduel, au pays de Galles. Après le repas, à travers les salles, les chevaliers s'assemblèrent là où les appelèrent les dames, les demoiselles, les jeunes filles. Certains racontaient des histoires, tandis que d'autres parlaient d'Amour, des tourments et des supplices, ainsi que des grands bienfaits que reçoivent souvent les disciples appartenant à son ordre, qui en ce temps-là était puissant et de qualité. Mais aujourd'hui il reste peu de ses fidèles ; ils l'ont, à peu près tous, abandonné, et, par conséquent, Amour se trouve en grand déclin. Car ceux qui, autrefois faisaient profession d'aimer méritaient qu'on les appelât courtois, vaillants, généreux, et honorables. Mais à présent Amour est matière à fiction, parce que ceux qui n'en ressentent rien disent qu'ils aiment, mais ils mentent. Ceux qui se vantent d'aimer sans y avoir droit en font un objet de fable et de mensonge. Mais afin de parler de ceux qui furent jadis, laissons de côté ceux qui sont encore en vie. Car mieux vaut, me semble-t-il, un courtois mort qu'un rustre vivant. C'est pour cette raison que je prends plaisir à raconter quelque chose qui vaut la peine d'être écouté, concernant ce roi qui marqua si bien son époque qu'on parle de lui dans tous les pays.. »

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