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cité grecque

Publié le 30/01/2013

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1   PRÉSENTATION

cité grecque (en grec, polis), forme d’organisation politique caractéristique de la Grèce antique associant un territoire (centre urbain et campagne environnante) et un système de gouvernement centré autour de la communauté des citoyens, résidents libres unis par une même histoire, régis par leurs propres lois et placés sous la protection de leurs divinités.

2   DES MONARCHIES HOMÉRIQUES AUX CITÉS

L’apparition des cités grecques date de la fin du ixe siècle av. J.-C. ; en fait, les monarchies homériques — telles que le déchiffrement des tablettes écrites en linéaire B a permis d’en reconstituer le fonctionnement vers 1400 av. J.-C., à Argos et à Mycènes —, manifestent quelque parenté avec le système des cités ultérieures. Des facteurs religieux (regroupements autour de sanctuaires ou de tombes monumentales), culturels et économiques (passage d’une économie pastorale à une économie agricole) ont favorisé l’émergence des cités, de même que le morcellement de l’espace grec qui rendait difficile, dans les temps primitifs, l’établissement d’un pouvoir centralisé.

La mise en place d’un système de petites unités étatiques suivit une période intense de migrations : la Laconie, par exemple, fut désertée entre le xiiie et le xie siècle av. J.-C. Les invasions (« doriennes « selon la tradition homérique, ioniennes ou autres) qui détruisirent la civilisation mycénienne furent sans doute liées à ce mouvement migratoire ; elles se traduisirent par l’adoption de dialectes différents et la préservation de coutumes variant en fonction de l’origine des conquérants. Dans un premier temps, des aristocraties s’organisèrent — dont l’Iliade a gardé une trace (Homère) — qui laissèrent une élite s’imposer, tandis que la foule, troisième niveau dans la société des hommes libres, participait aux assemblées comme témoin et à la guerre comme infanterie subalterne.

Entre le ixe et le vie siècle, les cités se constituèrent progressivement : les sociétés essentiellement rurales jusqu’alors créèrent, souvent après s’être associées (synoecisme), des villes protégeant la chôra (le territoire de la cité) et s’intitulèrent polis, cité ; la cité est toujours celle des citoyens — non le nom d’une ville : les Athéniens, les Sybarites signaient les traités et non Athènes ou Sybaris. Elles préservaient à la fois l’attachement rural et l’attachement familial à l’oïkos (communauté associant un patrimoine, une famille étroite et des esclaves) et tribal au genos (les descendants d’un ancêtre commun mythique, comme les Alcméonides à Athènes).

Les assemblées du peuple, le dêmos, connurent aux viie et vie siècles av. J.-C. une importance croissante avec la reprise d’un dynamisme démographique important, et avec le développement du phénomène de la colonisation qui poussa des citoyens grecs à s’installer sur tout le pourtour méditerranéen. L’adoption du combat hoplitique (infanterie lourdement armée) dans le monde grec, rendant inutiles les chars coûteux et nécessitant une solidarité de tous dans l’action, rendait en même temps caduque l’inégalité entre les aristocraties traditionnelles et la foule des citoyens pauvres. Sur ces bases s’établirent de façon à peu près stable pour trois siècles les cités dont Aristote, vers 320 av. J.-C., composa l’histoire et les constitutions pour Alexandre le Grand.

3   ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT
3.1   L’espace politique

À travers leur diversité, les cités s’organisaient dans un espace assez similaire autour d’un centre religieux consacré au culte poliade, le culte de la cité qui, fréquemment, à Athènes ou Corinthe par exemple, associait plusieurs divinités tutélaires (dieux, demi-dieux ou héros). Cette pluralité de cultes faisait de ces centres des sanctuaires complexes dont les différentes acropoles étaient l’expression la plus aboutie. Les cérémonies religieuses permettaient de montrer l’unité de la cité.

L’agora était le second lieu commun à l’ensemble des cités : il s’agissait d’une place publique où, souvent, s’était à l’origine réuni le dêmos, et où les citoyens se rassemblaient pour discuter, préparer plaidoiries et projets de lois, honorer tel ou tel dieu, lire les décrets gravés dans le marbre et se livrer à des affaires commerciales.

3.2   Les magistrats

Les affaires publiques étaient gérées par les magistrats, dont le nom et les attributions variaient, de même que varia leur mode de désignation. Les éphores spartiates, les stratèges athéniens, par exemple, étaient élus. Mais les tyrans devaient à la puissance militaire leur pouvoir, au demeurant parfaitement admis dans la logique de la cité : leur légitimité était souvent conférée par la volonté du dêmos qui les préférait aux magistrats issus de l’aristocratie. Nombre de cités enfin, où l’élection par le dêmos était la règle, admettaient en même temps le maintien de rois comme à Sparte ou à Thèbes.

Les magistratures étaient exercées par des hommes issus des plus hautes classes : très onéreuses, elles étaient de surcroît investies d’un prestige religieux, ce qui explique que seuls ceux issus des génoi les plus illustres pouvaient les exercer. Les homoioi (les « égaux « selon la tradition ou les « semblables «) de Sparte ou les pentacosiomédimnes (voir Solon) d’Athènes pouvaient ainsi briguer les plus hautes charges de la cité devant les assemblées des citoyens.

3.3   Les assemblées

Leur pouvoir, extrêmement variable d’une cité à l’autre, évolua également selon les périodes. Enfin, chaque cité avait des assemblées particulières de noms et d’attributions divers.

Il existait souvent une assemblée des Anciens (tels les Gérontes à Sparte) ; son rôle, très prestigieux à l’origine, eut tendance à décroître entre le vie et le ive siècle av. J.-C. pour se cantonner dans des attributions surtout religieuses. D’autres assemblées avaient des fonctions judiciaires ou législatives ; elles étaient constituées par des citoyens choisis selon différentes procédures comme le tirage au sort pour les héliastes athéniens ou l’élection, ou encore par les anciens magistrats.

L’assemblée du peuple était présente dans toutes les cités où son rôle symbolique (elle manifestait l’unité politique de la cité) correspondait plus ou moins à un rôle politique effectif. L’apella spartiate et l’ecclésia athénienne du ve siècle av. J.-C. furent les modèles des assemblées exerçant les pleins pouvoirs dans la cité. Ce modèle de la démocratie, exportée par Athènes dans ses clérouquies (colonies sur un lot de terre tiré au sort) ou chez certains de ses alliés de la ligue de Délos, devint très vite l’objet d’une mythification dont s’inspirèrent une partie des théories politiques du xviiie siècle européen.

4   LIMITES DU SYSTÈME
4.1   Les exclus des droits politiques

À Athènes, comme dans la plupart des cités, la qualité de citoyen était en fait un privilège réservé à une partie de la population. Au milieu du ve siècle av. J.-C., sous Périclès, les Athéniens restreignirent la citoyenneté aux enfants légitimes dont les deux parents étaient eux-mêmes citoyens — soit environ 35 000 à 40 000 citoyens sur une population estimée à 340 000 ou 400 000 habitants. À Sparte, seule la classe des guerriers (les « semblables «) était admise au rang de citoyens. À Thèbes, cité dominante de Béotie, la citoyenneté n’était accordée qu’à condition d’avoir cessé depuis au moins dix ans de pratiquer une activité artisanale.

La population des cités comprenait en outre les résidents permanents (appelés métèques à Athènes ; à Sparte, les périèques ne pouvaient vivre à l’intérieur de la ville) et les esclaves : à Athènes, par exemple, ceux-ci étaient à peu près cinq fois plus nombreux que tous les libres, citoyens, métèques, femmes et enfants. Les femmes et les filles de citoyens ne jouissaient d’aucun droit politique et étaient juridiquement mineures. Cependant, comme à Athènes, leur participation à la religion civique (procession des grandes panathénées) et leur fonction reproductrice leur donnèrent un prestige certain dans la cité.

4.2   Fin et survivance des cités grecques

L’irruption de Philippe II de Macédoine et d’Alexandre le Grand sur la scène grecque, entre 359 et 323 av. J.-C., mit fin à l’autonomie politique de cités dont l’affaiblissement avait commencé dès la guerre du Péloponnèse (431-404) entre Athènes et Sparte. La monarchie macédonienne, puis les monarchies hellénistiques (les Antigonides régnant sur la Grèce), réduisirent les cités au seul pouvoir de s’administrer elles-mêmes et d’envoyer éventuellement des ambassades auprès des souverains. Dans ce cadre, Rome substitua son autorité à celle des Antigonides vaincus dans les premières années du iie siècle av. J.-C.

De plus en plus, les magistratures, vidées de leur contenu politique réel, furent concurrencées par les liturgies et par l’évergésie qui permettaient aux plus riches de montrer à la fois leur munificence à leurs concitoyens et leur fidélité aux autorités étatiques : elles devinrent le tremplin vers l’accession à la citoyenneté romaine. Rome, en effet, prit soin de marquer son respect envers les cités dont le système avait partiellement inspiré le sien et, au moins formellement, les magistratures anciennes subsistèrent longtemps et furent intégrées au vocabulaire politique habituel des juristes formés à l’école de la romanité.

Au cœur de la civilisation grecque, la cité avait également servi de cadre à la réflexion politique des philosophes antiques tels Platon (la République) ou Aristote, lequel avait défini l’homme grec comme un « animal politique « (la Politique).

Ainsi, à la fois par l’intermédiaire du droit romain et par celui de la philosophie grecque, la cité demeura-t-elle, à l’image d’Athènes pour toute la pensée occidentale, un modèle d’organisation politique où tout était à la mesure de l’homme libre.

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