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LE COMIQUE DU « TARTUFFE »

Publié le 14/02/2011

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   Introduction.    En général, pour faire rire, Molière exploite les ridicules qu'offre la réalité : réalité contemporaine, et c'est le comique de mœurs (les Précieuses ridicules, le Bourgeois Gentilhomme...) et la réalité humaine universelle, et c'est le comique de caractère (l'Avare, le Misanthrope...). Il fait d'autre part constamment appel aux procédés du métier : grossissement farcesque, jeux de scène, agencement de situations imprévues, parodie... Pour deux raisons cependant le comique s'estompe parfois : i° Les vices ridiculisés par Molière ont des aspects ou des conséquences pénibles qu'un art réaliste ne peut entièrement dissimuler ; 2° La polémique donne à certaines scènes un ton passionné, sinon âpre. Ces caractères du comique de Molière, n'allons-nous pas les retrouver pour la plupart dans le Tartuffe ?

« Orgon : Ah ! si vous aviez vu comme j'en fis rencontre, Vous auriez pris pour lui l'amitié que je montre.

Chaque jour, / à l'église, / il venait, / d'un air doux, / Tout vis-à-visde moi se mettre à deux genoux.

Il attirait les yeux de l'assemblée entière Par l'ardeur dont au ciel il poussait saprière...

...

Je vois qu'il reprend tout, et qu'à ma femme même Il prend, / pour mon honneur, / un intérêt extrême... (v.

281...

302.) langage et manières de Madame Pernelle, qui sont d'un autre âge ; naïveté de Damis qui croit pouvoir détromper sonpère ; l'hypocrisie surtout qui est essentiellement contradiction (entre le masque et le visage) et qui estparticulièrement ridicule quand elle se découvre ou quand elle imagine de belles raisons pour se tirer d'affaire :Tartuffe simule l'ascétisme : Laurent, serrez ma haire avec ma discipline... mais nous voyons son « teint frais et [sa] bouche vermeille » ; il simule le désintéressement, mais il accepte ladonation d'Orgon : Orgon : N'accepterez-vous pas ce que je vous propose ? Tartuffe : La volonté du ciel soit faiteen toute chose. Il tient, par principe, un langage dévot, mais il trouve le moyen de faire, dans ce langage, une déclaration d'amour àElmire : Et je n'ai pu vous voir, parfaite créature, Sans admirer en vous l'auteur de la nature Et d'une ardente amour sentirmon cœur atteint Au plus beau des portraits où lui-même il s'est peint. Il doit affecter un maintien pudique : Cachez ce sein que je ne saurais voir...

dit-il à Dorine. Mais, assis auprès d'Elmire, il ne peut maîtriser des réflexes sensuels, rapproche sa chaise de la sienne, serre le boutde ses doigts, pose la main sur son genou : Je tâte votre habit,...

l'étoffe en est moelleuse. Nous avons, dans le Tartuffe, toute une galerie d'hypocrites dont Molière nous fait découvrir le jeu : M.

Loyal,affable, obligeant dans sa manière d'expulser les gens : Mes gens vous aideront, et je les ai pris forts Pour vous faire service à tout mettre dehors, (v.

1791-2). Orante, prude « à son corps défendant » ; Madame Pernelle, qui cache mal un caractère autoritaire et envieux : ellecondamne le bal au nom de la religion : Ces visites, ces bals, ces conversations Sont du malin esprit toutes inventions ; Là jamais on n'entend de pieusesparoles ; (en effet !) Ce sont propos oisifs, chansons et fariboles... ...

Mais elle est sur le penchant de l'âge, et c'est...

une boiteuse ! (le rôle était tenu primitivement par Béjart, quiboitait).

On comprend dès lors qu'elle n'aime pas la danse ! L'ironie des gens sensés (Cléante, Dorine, Elmire) souligne le ridicule de tous ces personnages. 2.

— Les procédés du métier. Ce n'est pas tout que de relever les sottises des hommes.

Pour que l'effet soit franchement comique, Molière a misen œuvre toute sa science des procédés du métier : — le grossissement farcesque : la naïveté d'Orgon est colossale, sa confiance en Tartuffe aveugle, relevant del'idée fixe ; de là son triple « Et Tartuffe ? » et son triple « Le pauvre homme ».

Les contradictions de Tartuffe entreson langage dévot et sa gourmandise ou sa sensualité sont très accusées : dans sa déclaration à Elmire lesattitudes de l'adoration mystique se mêlent aux mouvements et aux regards de la concupiscence la plus brûlante. — Les jeux de scène : soufflet reçu par Flipote ; soufflet promis à Dorine, menaçant, imminent...

et manqué ; Orgoncaché sous la table et recevant mille coups de pied avertisseurs de la part d'Elmire, laquelle, au surplus, toussedésespérément ; Elmire cachant Orgon derrière elle et s'effaçant à l'arrivée de Tartuffe si bien que ce dernier, aulieu d'embrasser Elmire, embrasse en fait...

Orgon ; les va-et-vient de la scène de dépit amoureux... — La parodie, les allusions : notamment à la casuistique :. »

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