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Le couple Matamore/Clindor dans L'illusion Comique de Corneille

Publié le 29/07/2010

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illusion

 

Introduction

On rencontre deux nouveaux personnages : Matamore, vantard et peureux qui surenchérit ses exploits, Clindor, ironique. Matamore se refuse à l’affrontement avec Adraste ce qui met en doute sa valeur guerrière et son amour. Il se présente comme un héros mais l’invraisemblance des exploits qu’il s’attribue le tourne en ridicule/comique. C’est un personnage héroi-comique issu de la comedia dell’arte. Tout en contant ses exploits, il ne peut affronter son rival. Est-on dans l’illusion ? I - Matamore

Il incarne le rôle du miles gloriusus. Les termes de «vertus…juste fureur…valeur… perfections« renvoient à l’image d’un héros tragique. C’est une amorce de discours héroïque ici parodié car le passé se raccroche au mythe dans l’imaginaire du personnage et non dans la réalité du vécu du personnage. Il se dévoile en deux mouvements de la scène : - vantard par la parole - peureux par le geste Son emphase hyperbolique (cf. hyperbole) marque l’invraisemblance des conquêtes de Matamore qui se dégagent du coté épique de son discours : «contemple 2 fois (anaphore à l’hémistiche), race, abattus, périe, déserte, souffre (qui marque son dédain), détruit (qui marque la violence), vers 13 les déserts découlent de sa puissance guerrière«. Le pluriel des actions héroïques sur les deux continents accentue sa simili-puissance qui entraîne l’effroi. L’héroïsme est parodié car on touche à l’invraisemblance. Matamore confirme sa vantardise en affirmant que même les Dieux sont asservis à sa force et à sa puissance sur toute la Terre. La deuxième partie nous renvoie un autre personnage : quand il se retrouve dans une situation concrète il a d’abord peur : «où vous retirez vous ?« (jeu de scène). Il fuit devant le rival. Son mouvement de retrait s’oppose à la réplique de Clindor : « revenons à l’amour«. C’est un personnage qui a peur de la querelle. Tout ce qu’il prête à son rival renvoie à ce que Matamore est réellement. C’est le miroir de ses propres incapacités. Il passe du passé au conditionnel qui a pour rôle de projeter dans le futur (c’est un temps qui présente un énonciateur second dont le point de vue est différent de celui du premier). Le présent symbolise la peur de Matamore qui veut fuir alors que le conditionnel présente un Matamore vantard qui se prête des qualités qu’il n’a pas, il retourne dans l’illusion. Il détruit le discours héroïque par l’emploi de ces deux temps qui le font passer d’un personnage à un autre et il fait de même apparaître un personnage comique. Matamore n’est que le fantôme de ce que sera Rodrigue dans le rapport avec l’exploit guerrier. Matamore est dans le paraître tandis que Rodrigue est dans l’être. Matamore vit dans l’illusion de son personnage. C’est une illusion dans l’illusion théâtrale. Matamore se met en scène et ce qui accroît la théâtralité de son illusion. Tandis que dans le Cid, le coté illusoire est supprimé, le personnage colle à son être : on passe à la tragédie grâce à la vraisemblance des faits. II - le couple farcesque Matamore/Clindor

Matamore est le miles glorisus alors que Clindor est le servus currens (attaché à son maître) Clindor entre dans le jeu de son maître, il va le louer (valeur, rare…) ; il s’amuse de sa vantardise et le pousse à des justifications mais la couardise de Matamore apparaît dans l’image hyperbolique de sa réaction. Il veut le piéger et l’acculer à certaines réactions. Il a un double rapport avec son maître : un premier rapport de servilité et déférence (sans être dupe, il rentre dans le monde illusoire et fantasmatique de son maître) et un second de spectateur lorsqu’il lui dit «revenons à l’amour« et «comme votre valeur, votre prudence est rare« ou il emploie un ton des plus ironique. Conclusion

L’action ne progresse pas du tout sauf l’amorce d’une vague intrigue amoureuse, où l’amoureux d’Isabelle est présenté comme un rival. Alcandre présente le personnage de Clindor aux yeux de son père et de ceux du spectateur. On se demande quelle est la fonction de Matamore. Il y a un effet de surprise lorsqu’on découvre Clindor en valet. C’est une scène de pure comédie où la théâtralité est très forte. Les personnages sont traditionnels. Cette scène a un caractère fictionnel de la réalité que Primadant croit voir. Les frontières entre réel et illusion sont brouillées.

 

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