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Descartes et la preuve

Publié le 08/11/2010

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descartes

  LES PASSIONS DE L’AME, LETTRE Ire A MONSIEUR DESCARTES.

On est accoutumé de voir que tous ceux qui s’imaginent qu’ils valent quelque chose en font tant de bruit, et demandent avec tant d’importunité ce qu’ils prétendent, et promettent tant au-delà de ce qu’ils peuvent, que lorsque quelqu’un ne parle de soi qu’avec modestie, et qu’il ne requiert rien de personne, ni ne promet rien avec assurance, quelque preuve qu’il donne d’ailleurs de ce qu’il peut, on n’y fait pas de réflexion et on ne pense aucunement à lui.

  Correspondance, année 1629, AU R. P. MERSENNE, 20 octobre 1629 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de septembre 1629.).

ainsi ce ne m’est pas une petite preuve de votre affection de voir que vous me conseilliez justement la même chose dont j’ai cru me devoir servir.

  Correspondance, année 1634, Au R. P. MERSENNE, 15 mars 1634 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de février 1634.).

car si je n’avais eu de trop longues preuves de la bonne volonté que vous me faites la faveur de me porter, pour avoir aucune occasion d’en douter, j’aurais quasi peur qu’elle ne fût un peu refroidie, depuis que j’ai manqué à la promesse que je vous avais faite, de vous envoyer quelque chose de ma Philosophie.

Mais d’ailleurs les observations qui sont dans ce livre fournissent tant de preuves, pour ôter au soleil les mouvements qu’on lui attribue, que je ne saurais croire que le P.

  Correspondance, année 1636, Au R. P. MERSENNE, mars 1636.

plus, la Dioptrique, les Météores, et la Géométrie, où les plus curieuses matières que l’auteur ait pu choisir, pour rendre preuve de la science universelle qu’il propose, sont expliquées en telle sorte, que ceux mêmes qui n’ont point étudié les peuvent entendre.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 27 mai 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 17 mai 1638).

et si on ne veut nommer démonstrations que les preuves des géomètres, il faut donc dire qu’Archimède n’a jamais rien démontré dans les mécaniques, ni Vitellion en l’optique, ni Ptolomée en l’astronomie, etc.

  Correspondance, année 1638, A Monsieur DE FERMAT, 25 septembre 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 11 octobre 1638).

La tangente de la ligne courbe que décrit le mouvement d’une roulette, qui est la dernière chose que le Révérend Père Mersenne a pris la peine de me communiquer de votre part, en est une preuve très assurée.

  Correspondance, année 1638, A UN R. P. JESUITE, 24 janvier 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 22 février 1638).

mais je vous dirai franchement que j’ai choisi cette façon de proposer mes pensées, tant parce que croyant les pouvoir déduire par ordre des premiers principes de ma Métaphysique, j’ai voulu négliger toutes autres sortes de preuves ;

et Thalès, ou qui que ce soit, qui a dit le premier que la lune reçoit sa lumière du soleil, n’en a donné sans doute aucune autre preuve, sinon qu’en supposant cela, on explique fort aisément toutes les diverses faces de sa lumière :

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).

ce qui n’est qu’une imagination fort aisée à réfuter, et dont il ne donne aucune preuve.

ce qui n’est nullement vrai, et il n’en donne aucune preuve.

et pour preuve de cela, vous pouvez le convier à vous en envoyer le fait ;

  Correspondance, année 1639, A MONSIEUR (DE BEAUNE), 30 avril 1639.

Au reste, je ne vous écrirais pas si librement de ces choses, que je n’ai point voulu dire ailleurs, à cause que la preuve en dépend de mon Monde, si je n’espérais que vous les interpréterez favorablement, et si je ne désirais passionnément vous témoigner que je suis, etc.

  Correspondance, année 1640, AU P. MERSENNE, 1er avril 1640.

Pour la mobilité de cette glande, je n’en veux point d’autre preuve que sa situation :

  Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.).

mais toute la force de ma preuve consiste en ce que je prétends que ma nature ne pourrait être telle que je pusse augmenter à l’infini par un effort de ma pensée ces perfections qui sont très petites en moi, si nous ne tirions origine de cet être en qui ces perfections se trouvent actuellement infinies.

A l’endroit où vous dites pourquoi Plemplius a tronqué mes réponses, on pourrait peut-être en ajouter la preuve, savoir que plusieurs les ont vues et transcrites deux ans avant que son livre parût.

  Correspondance, année 1640, A UN R. P. DOCTEUR DE SORBONNE, 11 novembre 1640.

mais je me fais fort de pouvoir remédier à tout ce qui manque, en cas que j’en sois averti, et de rendre les preuves dont je me sers si évidentes et si certaines, qu’elles pourront être prises pour des démonstrations.

  Correspondance, année 1641, Au R. P. MERSENNE, 1er juillet 1641.

J’ai tiré la preuve de l’existence de Dieu de l’idée que je trouve en moi d’un être souverainement parfait, qui est la notion ordinaire que l’on en a.

  Correspondance, année 1641, Au R. P. MERSENNE, 5 août 1641 ( Les éditions contemporaines datent cette lettre de septembre 1641.).

ce serait merveille s’il l’avait rencontrce en n’ayant dessein que de médire d’un homme qu’il haissait, et je ne réponds autre chose à sa belle lettre, sinon qu’il n’y a pas un seul mot contre moi qui ne soit faux, et sans preuve.

  Correspondance, année 1645, A Monsieur REGIUS, 15 juillet 1645.

J’avoue qu’on peut les proposer par définitions et par divisions, en descendant du général au particulier, mais alors il faut les appuyer de preuves ;

Et certainement ceux qui entendent les preuves n’ignorent pas aussi les conclusions, et par conséquent n’ont pas besoin de votre écrit.

Pour les autres, lisant vos conclusions sans preuves, et diverses définitions tout à fait paradoxes, dans lesquelles vous faites mention de globules éthérés, et autres choses semblables que vous n’avez expliquées nulle part, ils se moqueront d’elles et les mépriseront :

  Correspondance, année 1645, A UN SEIGNEUR (NEWCASTLE), octobre 1645.

La lettre que votre excellence m’a fait l’honneur de m’écrire le 19 de juin, a été quatre mois par les chemins, et le bonheur de la recevoir ne m’est arrivé qu’aujourd’hui ce qui m’a empêché de pouvoir plus tôt prendre cette occasion, pour vous témoigner que j’ai tant de ressentiment des faveurs qu’il vous a plu me faire, sans que je les aie jamais pu mériter, et des preuves que j’ai eues de votre bienveillance par le rapport de Monsieur N et M et d’autres, que je n’aurai jamais rien de plus à c_ur que de tâcher à vous rendre service en tout ce dont je pourrai être capable.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 décembre 1646.

Il me semble que j’en vois la preuve dans le livre de Regius, qui est enfin venu au jour.

  Correspondance, année 1647, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 12 mai 1647 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 mai 1647.).

La preuve de ceci est que, depuis trois ou quatre mois, un certain régent du collège des théologiens de Leyde, nommé Révius (Regius), a fait disputer quatre diverses thèses contre moi, pour pervertir le sens de mes Méditations, et faire croire que j’y ai mis des choses fort absurdes, et contraires à la gloire de Dieu :

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 6 juin 1647.

J’y ai trouvé de grandes preuves de votre amitié et de votre adresse.

Mais les preuves que j’ai de votre affection m’assurent si fort que l’inclination que j’ai pour vous est réciproque, qu’il faudrait que je fusse entièrement ingrat, et que je manquasse à toutes les règles que je crois devoir être observées en l’amitié, si je n’étais pas avec beaucoup de zèle, etc.

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

Si d’ailleurs il avait dit qu’il n’est pas possible à la raison humaine de trouver jamais aucune preuve par laquelle on puisse démontrer que l’esprit humain soit l’un plutôt que l’autre, certes son arrogance serait blâmable, mais du moins il n’y aurait point de contradiction en ses paroles.

comme aussi ne semble-t-il avoir disposé toutes ses raisons que pour la preuve de cela seul.

Toutes les raisons que j’ai apportées pour cette preuve se rapportent à deux.

Cependant l’auteur de ce placard, pour réfuter cette preuve, que plusieurs grands personnages éminents par-dessus les autres en esprit et en science, après l’avoir diligemment examinée, tiennent aussi bien que moi pour une très certaine et très évidente démonstration, emploie ce peu de paroles :

  Correspondance, année 1648, A MONSIEUR ***, 1er avril 1648. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mars ou avril 1648.).

et quoique votre imagination, qui se mêle importunément dans vos pensées, en diminue la clarté, la voulant revêtir de ses figures, elle vous est pourtant une preuve de la capacité de nos âmes à recevoir de Dieu une connaissance intuitive.

  Correspondance, année 1649, REPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORUS, 5 février 1649.

A l’égard de ma preuve, que vous appelez louche et presque sophistique, je ne l’ai employée que pour réfuter la proposition de ceux qui croient avec vous que tout corps est sensible, ce qu’elle fait, à mon avis d’une manière claire et démonstrative ;

  Correspondance, année 1649, A Monsieur CLERSELIER, 15 avril 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 23 avril 1649.).

car je vous suis d’ailleurs si acquis, et j’ai tant d’autres preuves de votre amitié, que cela ne m’est pas nouveau.

Pour ce qui est des difficultés qu’il vous a plu me proposer, je réponds à la première, qu’ayant dessein de tirer une preuve de l’existence de Dieu, de l’idée ou de la pensée que nous avons de lui, j’ai cru être obligé de distinguer, premièrement, toutes nos pensées en certains genres, pour remarquer lesquelles ce sont qui peuvent tromper, et, en montrant que les chimères même n’ont point en elles de fausseté, prévenir l’opinion de ceux qui pourraient rejeter mon raisonnement sur ce qu’ils mettent l’idée qu’on a de Dieu au nombre des chimères.

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