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Les différentes fonctions de la comédie dans Tartuffe de Molière

Publié le 17/02/2011

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Molière est l'un de nos plus grands dramaturges. Il a écrit des farces, des comédies-ballets comme Le Malade imaginaire ou Le Bourgeois gentilhomme et a donné à la comédie ses lettres de noblesse en produisant des chefs-d'oeuvre tels que Dom Juan ou Le Misanthrope. Dans Le Tartuffe ou L'Imposteur, il attaque l'hypocrisie religieuse. Mais ses ennemis, regroupés en une puissante cabale, l'accusent de s'en prendre à la dévotion en général et de faire preuve de libertinage. Ils font interdire la pièce à deux reprises, en 1664 et en 1667. Pour se défendre et expliquer sa position au roi Louis XIV dont il recherche le soutien, il lui écrit des placets. La première date d'aout 1664.Molière y affirme que « le devoir de la comédie est de corriger les vices des hommes en les divertissant «. Ce jugement renvoie aux deux fonctions traditionnelles de la comédie « instruire « et « plaire «. Nous verrons en quoi ce point de vue peut s'appliquer à Tartuffe. Nous étudierons dans un premier temps la fonction didactique de la comédie puis sa visée récréative et cathartique des différentes formes de comique au service de la satire. Nous accorderons en dernier lieu une place à part à l'ironie qui requiert une participation plus active du destinataire

« impossible à enrayer.

Une véritable tornade ! A l'Acte V, malgré les révélations de son fils, enfin édifié sur le comptede l'imposteur, elle s'acharne à nier les faits martelant sa foi inébranlable en Tartuffe, à travers pas moins de onzerépliques répétitives provoquant la colère d'un Orgon abasourdi ! Notre homme qui s'était pourtant montré aussiobstiné que sa mère se trouve à présent dans la position embarrassante de l'arroseur arrosé, ce que Dorine nemanque pas de lui faire remarquer : « Juste retour, Monsieur des choses d'ici-bas : / Vous ne vouliez point croire, etl'on ne vous croit pas.

»D'ailleurs, Orgon est sans conteste le personnage le plus comique de la pièce car le plus grotesque en raison de samonomanie pour Tartuffe qui va crescendo jusqu'à l'Acte IV, scène 5.

Dorine nous décrit sa passion irrationnellepour son protégé sur le mode réjouissant de la dérision et à travers un récit imagé.

Nous apprenons lamétamorphose d'Orgon qui a perdu la raison « il est devenu comme un homme hébété depuis que de Tartuffe on levoit entêté ».

On imagine les gestes, les mimiques d'Orgon, attendri face à l'appétit d'ogre et surtout auxéructations incongrues de Tartuffe qu'il cautionne par un « Dieu vous aide ! ».

De même, nous ne pouvons nousempêcher de sourire de sa bêtise à l'Acte I, scène 4.

Quand Dorine lui raconte que sa femme a été malade pendantson absence, tandis que Tartuffe « gros et gras le teint frais et la bouche vermeille » mangeait goulûment, buvaitcomme un trou et dormait comme un loir, au lieu de plaindre son épouse comme chacun est en droit de s'y attendre,il ne cesse de plaindre son hôte répétant « Et Tartuffe ? », « Le pauvre homme ».

Ici, Molière joue du comique derépétition et de situation.Mais l'aliénation d'Orgon atteint son paroxysme au cours des actes III et IV.

Damis lui ayant révélé les assiduités deTartuffe envers Elmire, Orgon non seulement refuse de le croise mais le tance avec une extrême violence, le traitantde tous les noms d'oiseaux qu'il décline au gré d'un dialogue dominé par la stichomythie « Traitre/ pestemaudite/pendard/infâme etc.

» A ce comique verbal, s'ajoutent le comique de gestes et de situation car Orgonordonne à Damis de se jeter aux genoux de Tartuffe pour lui demander pardon.

Il réclame même un bâton pourcorriger ce fils récalcitrant et sacrilège qui ose calomnier son idole !Attitude impie qui lui arrache des larmes de colère et de honte en faveur du pauvre dévot offensé ! Or, lespectateur sait bien que Tartuffe est coupable et Orgon complètement aveugle.

Mais la folie du maître de maison nes'arrête pas là : pour venger Tartuffe et affirmer son autorité bafouée, il déshérite Damis, le chasse de chez lui,lègue tous ses bien à Tartuffe auquel il veut donner Marianne le soir même et qui plus est, l'autorise à voir Elmire àtoute heure ! Le comique de situation, de mots et de caractère atteint son comble lorsque venant de faire la partbelle à son hôte, il s'exclame encore « Le pauvre homme » On peut faire les mêmes remarques concernant la scènede la table (Acte V, scène 5) où Orgon tarde à sortir de sa cachette exposant ainsi la vertu de sa femme. Les procédés que nous venons d'étudier sont destinés à divertir le public mais ils sont aussi un moyen efficace decaractériser les personnages et leurs défauts.

Nous découvrons au fil des dialogues, des gestes, des mimiques lacrédulité d'Orgon et de sa mère et l'hypocrisie de Tartuffe.

Cependant, à coté du gros rire proche du comique defarce, Molière use de procédés plus subtils comme l'humour et l'ironie qui reposent sur la connivence entre lespectateur et les personnages.

C sont surtout Dorine et Elmire qui en font usage dans la pièce témoignant par là deleur intelligence. La scène du « pauvre homme » nous montre que Dorine observatrice et perspicace dont les antiphrases sontdestinées à ouvrir implicitement les yeux d'un Orgon subjugué sur la duplicité de Tartuffe qu'elle tourne en dérision.En effet, elle insiste sur sa gloutonnerie et son égoïsme en tous points contraires à la sobriété et à la charité d'unhomme d'église.

Elle finit par se moquer également de la niaiserie de son maître et surtout de son indifférence enversson épouse.

A l'Acte II, scène 2, elle lui fait remarquer que contrairement à ses pieux principes, il s'emporte.

Maisc'est surtout à l'Acte V, scène 5, qu'elle ridiculise Orgon en lui rappelant ses torts envers sa famille et envers lui-même puisqu'il est responsable de la perte de ses biens et de l'arrogance de son nouvel ennemi.

Elle feint de l'inviterà remercier Tartuffe qui, soucieux de salut de son âme a fait preuve, en le dépouillant, de charité chrétienne.

Lareligion ne prêche-t-elle pas la pauvreté et l'humanité ? Ainsi allégé des attaches terrestres, Orgon pourra plusfacilement accéder au paradis ! Dorine manie ici l'humour car elle parle avec une fausse légèreté d'un sujet gravemenaçant le bonheur de la famille.Quant à Elmire, sa finesse se manifeste à plusieurs reprises.

Tout d'abord au cours de l'Acte III lorsque Tartuffe luifait une déclaration mystico-galante.

Consciente de l'hypocrisie et de la concupiscence de son interlocuteur, elleaffecte la gratitude pour l'intérêt qu'il porte à sa santé ! De même, elle oriente la conversation sur la réputation deparfaite dévotion dont jouit Tartuffe, le poussant peu à peu à poser le masque s'il veut obtenir ses faveurs.

L'ironieaccentue ici le comique de situation et de caractère car c'est la première apparition de Tartuffe aux yeux duspectateur et ses gestes déplacés, indiqués par les didascalies ainsi que ses propos ne font que confirmer l'imagenégative fournie par Dorine, Damis, Marianne et Cléante.

En effet, le saint homme est en train de séduire la femmede son bienfaiteur sous son propre toit ! De plus l'ironie, révélatrice des distorsions entre le discours de Tartuffe etses véritables intentions installe une complicité entre Elmire et la salle.

On rit aux dépens de l'imposteur dont lessombres desseins se précisent. Enfin pendant l'Acte IV, Elmire révèle son habileté de metteur en scène en élaborant un stratagème visant àconfondre le traître.

Elle va déployer tout son charme pour reconquérir Tartuffe sur ses gardes afin de donner à sonmari, caché sous la table, la preuve éclatante de la culpabilité de leur hôte.Pour repousser les assauts de plus en plus pressants d'un Tartuffe encouragé par sa feinte déclaration d'amour etimpatient de satisfaire son appétit charnel, Elmire tousse pour avertir Orgon.

Ce dernier ne peut pas ne pas avoir. »

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