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Le donné comme tel est inintelligible.

Publié le 11/05/2011

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Dans les cas isolés d'opération des corps, nous ne pouvons jamais, par l'examen le plus poussé, découvrir autre chose que la succession de deux événements, sans que nous soyons capables de comprendre la force ou le pouvoir qui fait agir la cause, ou la connexion qui la joint à son effet supposé. La même difficulté se présente quand on considère les opérations de l'esprit sur le corps ; nous y observons que le mouvement de ce dernier suit la volonté du premier, mais nous sommes incapables d'observer ou de concevoir le lien qui unit, l'un à l'autre, mouvement et volonté, ou l'énergie qui permet à l'esprit de produire cet effet. L'autorité de la volonté sur ses propres facultés et idées n'est en rien plus compréhensible ; si bien que, somme toute, il ne paraît pas, dans toute la nature, un seul exemple de connexion que nous puissions concevoir. Tous les événements paraissent entièrement détachés et séparés les uns des autres. Un événement en suit un autre ; mais nous ne pouvons jamais observer aucun lien entre eux. Ils semblent être en conjonction, et non en connexion... La première fois qu'un homme vit le mouvement se communiquer par impulsion, par exemple dans le choc de deux billes de billard, il ne put affirmer que l'un des événements était en connexion avec l'autre ; il affirma seulement qu'il y avait conjonction. Une fois qu'il eut observé plusieurs cas de cette nature, alors il affirma que les faits étaient en connexion. Quel changement s'est produit, qui engendre cette nouvelle idée de connexion ? Rien, sinon que maintenant cet homme sent que ces événements sont en connexion dans son imagination et qu'il peut aisément prévoir l'existence de l'un de l'apparition de l'autre... Nous n'avons pas d'idée de cette connexion, ni même aucune notion distincte de la nature de ce que nous désirons savoir, quand nous nous efforçons de la concevoir. Nous disons, par exemple, que la vibration de cette corde est la cause de ce son particulier. Mais qu'entendons-nous par cette affirmation ? Nous entendons, ou que cette vibration est suivie de ce son et que toutes les vibrations semblables ont été suivies de sons semblables, ou que cette vibration est suivie de ce son et qu'à l'apparition de l'une l'esprit devance les sens et forme immédiatement une idée de l'autre. Nous pouvons considérer la relation de cause à effet sous l'un de ces deux jours ; mais, en dehors d'eux, nous n'en avons pas d'idée.

HUME.

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