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Qu'entendez-vous par matière ?

Publié le 27/03/2004

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N. B. - Cette question peut évidemment paraître un simple sujet « de cours », mais la façon dont elle est posée et la comparaison avec les deux autres données simultanément laissent croire qu'il s'agit plus d'un devoir personnel que d'un exposé - même critique - des diverses conceptions sur la nature de la matière. INTRODUCTION. - Les objets qui nous entourent et notre propre corps se présentent à notre expérience avec un ensemble de caractères qui nous les font qualifier de « matériels ». Mais si, de cette notion vulgaire et commune, nous voulons descendre jusqu'à ce qui constitue dans sa nature intime cette réalité qu'on nomme la matière, la tâche se fait plus lente et ardue, el plus nombreuses sont les conceptions. Essayons cependant de passer le plus objectivement possible de l'observation des propriétés à une étude raisonnée sur la nature de la « matière ». I. - COMMENT nous APPARAÎT LA MATIÈRE : SES PROPRIÉTÉS ESSENTIELLES. Il est facile, en considérant des objets matériels quels qu'ils soient, d'y constater les caractères suivants : A.

« II.

— CE QU'ON PEUT CONCLURE SUR LA NATURE DE LA MATIÈRE. A.

Une première constatation : les propriétés que nous venons d'énoncer semblent pouvoir se classer en deux groupes différents, voire quelque peuopposés : d'une part, étendue et inertie ne présentant rien que de passif ; d'autre part, la diversité multiple, l'énergie, les transformations substantielles,sont la manifestation d'éléments actifs et dynamiques dans leurs variétés. B.

Deuxième remarque : ces propriétés, ces caractères extérieurs de ce que nous appelons « la matière » ou « les corps », sont des phénomènes, des effets,des « accidents » qui ne peuvent exister sans une réalité profonde qui joue par rapport à eux le rôle de soutien, de cause, de substance.

Un purphénoménisme serait, là comme ailleurs, opposé à tous les principes de raison, lois de l'esprit et des choses : la « matière » n'est donc pas une simpleétiquette ou collection de caractères extérieurs; c'est une chose, une « nature », une substance et une cause manifestée par ces qualités visibles. C.

Dès lors, la présence des deux groupes de caractères nous suggère l'existence au sein de cette nature intime de deux éléments ou principesproportionnés aux qualités manifestées. — Si l'on réduit, comme l'a fait le mécanisme cartésien, la matière à l'étendue, il devient impossible d'expliquer la diversité des.

corps, leurs propriétésdynamiques : affinités, densités relatives, etc.— Si l'on envisage, avec Leibniz, le seul élément « force », on se rend incapable de comprendre la juxtaposition et la divisibilité des parties : en d'autrestermes, c'est détruire la réalité de l'étendue, c'est spiritualiserla matière.Pour donner une explication complète et valable, il faut donc faire la synthèse des deux conceptions et distinguer dans la matière deux principes de naturedifférente, mais indissolublement unis en une seule substance, et ne pouvant exister l'un sans l'autre : a) l'un, passif, indéterminé, identique dans tous les corps, quelque peu analogue à détendue cartésienne; c'est le fondement de la quantité et de l'extensionen même temps que l'inertie, communes à tous les corps;b) l'autre, actif, simple et divers, venant imprimer à l'élément uniforme les caractéristiques spéciales qui font chaque corps.

De ce principe analogue à la «monade » leibnizienne, dérivent les qualités des corps, la multiplicité de leurs espèces et leurs propriétés dynamiques.Cette explication, appelée ordinairement hylémorphisme, est due à Aristote, qui appela l'un des éléments matière première et le second forme substantielle. D.

L'une des constatations les plus éloquentes en faveur de cette conception (et qui fut d'ailleurs à son origine) est l'analyse de ce qu'on appelle leschangements substantiels (par exemple, transformation du bois en cendre, ou de l'hydrogène et de l'oxygène en eau).Ces mutations exigent, en effet, par leur nature même, un double élément : l'un déterminable, permanent, commun au point de départ et au point d'arrivée;l'autre déterminant, qui disparaît pour faire place à un nouveau.

Ainsi, quand l'hydrogène et l'oxygène se transforment en eau, il y a entre les deuxcomposants et le composé quelque chose de commun qui se manifeste par l'égalité des masses; mais il y a aussi quelque chose de substantiellementchangé : l'élément propre des deux gaz qui, par leur dynamisme mutuel, à engagé la réaction est remplacé par ce qui donne au nouveau corps les propriétésde l'eau. CONCLUSION. — Les découvertes de la physique moderne et les théories scientifiques qui en découlent sont d'ailleurs venues apporter leur appui a ces constatations basées sur l'observation ordinaire et la réflexion philosophique.

Les phénomènes de transformation des corps et de radioactivité ont permis àla théorie électronique d'expliquer la matière dans ses formes diverses, comme l'organisation variée d'éléments identiques grâce à l'énergie électrique etmagnétique qui dispose d'une façon propre à chaque corps le noyau et les corpuscules planétaires de l'atome.Ainsi se vérifie encore une fois l'étroite et précieuse collaboration qui doit régner entre la philosophie et la science, puisque toutes deux doivent expliquer àdes degrés divers les réalités du monde. a.

Une fausse évidence Les notions de matière et d'esprit sont a priori simples à saisir.

Elles correspondent toutes deux à une expérience constante et évidente.

L'esprit se saisit lui-même par la conscience.

La matière et les corps extérieurs sont saisis par la perception, notre propre corps par la sensation interne.

Mais l'analyse de laconscience a montré que l'esprit pouvait se fourvoyer sur lui-même, au point que son existence en tant que substance distincte du corps s'est révéléecontestable (cf.

chapitre 1 p.

9).

N'en est-il pas de même pour la matière ? Si l'on veut examiner en quoi elle consiste, et quels sont ses rapports avec l'esprit, les choses ne sont en effet pas si claires. b.

Exemple Quand on parle de la matière d'un vêtement ou d'un objet, on parle de ce en quoi ils sont faits, ce qui constitue leur étoffe ou leur « matière première », surlesquelles on a effectué ensuite une mise en forme ou un traitement chimique.

C'est cela qui permet à Aristote de distinguer, dans un objet, la causematérielle de la cause formelle.

Pour une statue sculptée, par exemple, la matière, c'est le marbre ; la forme, c'est la figure de la statue.

Mais appliquée àl'ensemble de la réalité extérieure, et non pas à tel ou tel objet, peut-on dire ce qu'est la matière ? Non pas quelle est la matière de la statue, ni celle dumarbre, mais la matière commune à tout objet et présente derrière toutes les différences de structure, de forme et de propriétés des corps. c.

Définition problématique Si la matière est présente en tout corps, elle n'est pas un corps en particulier, ni une substance chimique spécifique, elle n'est, autrement dit, rien deconstitué, est-elle même quelque chose ? Plotin établit ainsi le caractère d'être « en puissance » de la matière.

Cela signifie qu'elle est susceptible dedevenir toutes choses, qu'elle est potentiellement tout et n'importe quoi, du marbre mais aussi de l'eau, etc.

Or, si on la définit ainsi, son être nous échappe: soit elle est une matière concrète, définissable, mais c'est alors un corps particulier, soit elle est un support général, un « porte-empreinte de toute chose» (Platon, Timée), et dans ce cas on ne peut qu'en faire une sorte de non-être, non achevé, non déterminé.

Si elle est sans forme ni consistance, n'est-ce pas paradoxal ? Que reste-t-il d'elle ?. »

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