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Faut-il se méfier des apparences ?

Publié le 31/01/2004

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Pourquoi un tel ancrage, sinon parce qu'il y aurait un réel désir de se fier aux apparences? Certes l'apparence correspond bien à ce que notre sensibilité sent des choses, c'est-à-dire à leur surface (ce que Platon appelle image ou reflet), ou encore à leur extériorité (tout ce que les sens peuvent saisir). Mais l'apparence est aussi ce que moi subjectivement et relativement à ma propre sensibilité, je désire sentir. Ainsi la sensibilité ne serait pas pure réceptivité - auquel cas il y aurait une universalité de la sensibilité - elle est bien aussi active et donc productrice de ses propres sensations.La confiance ici accordée aux apparences prend le sens d'une véritable foi que j'accorde à ce qui au fond satisfait un désir. Cela ne signifie pas forcément que je vais déformer les choses qui m'apparaissent et donc transformer leur apparence. Cela signifie qu'il sera toujours possible de croire à certaines apparences qui me plaisent et auxquelles j'accorderai ma confiance. Ainsi je croirais plus volontiersà une apparence belle et agréable parce qu'elle me séduit ou me rassure. Par exemple une femme belle semble pleine de qualités dès lors qu'on l'aime : ici je me fie aux apparences parce que mes désirs sont en jeu, sollicités vivement. Au contraire, sur des apparences qui m'indiffèrent, je pourrais rester distant et méfiant.

« brutal qui nous menace, rendant par là même impossible toute «vision» du vrai que nous cherchons.

Notre «âme» nepeut que subir les errances du corps qu'elle incarne et «naît» donc embarrassée d'abord des croyances dont lesobjets sont les images, c'est-à-dire les apparences.

Ainsi, je ne peux que croire savoir, étape fondamentale de laconnaissance qui situe bien l'Amour du Vrai comme un état intermédiaire entre le manque (pénia) et la provision(poros, l'issue, l'expédient).

En ce sens, on ne peut que partir des apparences et donc s'y fier car ce sont bien ellesqui vont débuter notre cheminement, cette fameuse dialectique ascendante qu'illustre le dialogue socratique, et quifait qu'on doit absolument faire état de ces apparences, en ce qu'elles constituent une sorte de matière premièresans laquelle aucun savoir (au sens de connaissance) ne sera possible.

Car l'aporie (absence d'issue) qui prépare ledésir de connaître ne peut naître qu'une fois admis qu'on croyait savoir, et donc qu'on ne sait rien.Ainsi l'apparence reconnue comme apparence est bien une manière de se fier aux apparences : on s'appuie sur ellespour préparer le désir du vrai, on reconnaît leur nécessité (les choses ne peuvent pas ne pas apparaître à notrecorps sensible) et on les pose comme telles (dans un « il me semble que, pour moi, Socrate, la vertu, c'est...

»). [b) Le désir de se fier aux apparences :] Mais on peut aussi poser que ce primat de l'apparence vient de notre désir même de croire d'abord aux apparences.Certes notre sensibilité est première, antérieure à toute autre saisie des choses, mais elle pourrait être superficielle,éphémère.

Or elle est à ce point ancrée qu'on est obligé de la réactualiser, tel Socrate invitant ironiquement lessophistes à faire étalage de leurs croyances.

Pourquoi un tel ancrage, sinon parce qu'il y aurait un réel désir de sefier aux apparences? Certes l'apparence correspond bien à ce que notre sensibilité sent des choses, c'est-à-dire àleur surface (ce que Platon appelle image ou reflet), ou encore à leur extériorité (tout ce que les sens peuventsaisir).

Mais l'apparence est aussi ce que moi subjectivement et relativement à ma propre sensibilité, je désiresentir.

Ainsi la sensibilité ne serait pas pure réceptivité - auquel cas il y aurait une universalité de la sensibilité - elleest bien aussi active et donc productrice de ses propres sensations.La confiance ici accordée aux apparences prend le sens d'une véritable foi que j'accorde à ce qui au fond satisfaitun désir.

Cela ne signifie pas forcément que je vais déformer les choses qui m'apparaissent et donc transformer leurapparence.

Cela signifie qu'il sera toujours possible de croire à certaines apparences qui me plaisent et auxquellesj'accorderai ma confiance.

Ainsi je croirais plus volontiersà une apparence belle et agréable parce qu'elle me séduit ou me rassure.

Par exemple une femme belle semble pleinede qualités dès lors qu'on l'aime : ici je me fie aux apparences parce que mes désirs sont en jeu, sollicités vivement.Au contraire, sur des apparences qui m'indiffèrent, je pourrais rester distant et méfiant.

Je pourrais par exemplemettre en garde un ami séduit par une belle femme en lui adjoignant de «ne pas se fier aux apparences».C'est aussi que les apparences sont déjà «pleines» (consistantes) de quelque chose, alors que l'ignorance est vide.Il est donc beaucoup plus facile de se limiter aux apparences qui nous dispensent ainsi de tout travail et de toutcourage : se fier aux apparences, c'est ne pas chercher à connaître, c'est rester passif, simplement réceptif à cequi apparaît et qu'on peut alors facilement croire connaître.

C'est enfin ne pas prendre le risque de ne rien savoir, eten cela les apparences constituent des repères rassurants comparables selon Kant à un «parc» qui permet à l'enfantd'apprendre à marcher sans tomber ni se faire mal (Qu'est-ce que les Lumières?)Ainsi, il est bien possible de se fier aux apparences et on en comprend la raison : il y aurait un désir de se fier à ellesparce que le contraire exigerait de l'homme un courage - celui de combattre la paresse et la peur - courage qu'iln'aurait pas toujours. [c) La force persuasive de l'apparence, l'apparence comme preuve :] Cependant, on ne comprend toujours pas ce qui pourrait maintenir un tel désir sans aucun obstacle si l'on n'envisagepas aussi la puissance persuasive des apparences : elles nous offrent des preuves et des garanties contre ce qui,sinon, resterait incertain parce que invisible.

En ce sens, il devient même légitime de se fier aux apparences.Ainsi les apparences prennent le sens d'un témoignage efficace de cela même que je crois.

Je me fie à ce que voiscar sinon, plus rien n'assure ma confiance.

Une confiance se passant d'apparences serait naïve ou déplacée.

Encela, les apparences engendrent automatiquement une forme de confiance et on ne voit pas sur quels critères ilfaudrait s'en passer.

Tel est bien le rôle de l'expérience dans le domaine des sciences que de montrerextérieurement les lois que l'on veut établir.

L'expérience, ce serait la théorie qui se montre, qui s'effectue, qui semanifeste à nos yeux.

De même des exigences comme celles consistant à dire ce que l'on pense ou à faire ce quel'on dit ne soulignent-elles pas la valeur des apparences, de l'apparence sous toutes ses formes, parce qu'elleexprime dans sa vérité une intériorité dont on pourrait toujours douter si justement on ne la voyait pas? Ainsi, d'unecertaine façon, l'expression «se fier aux apparences» serait une pure tautologie, l'apparence engendrantsystématiquement la confiance et la confiance exigeant l'apparence.

Tel est aussi le rôle de l'exemple, comme on levoit dans les utilisations qu'en fait Socrate : susciter la confiance en faisant comprendre ce qui sinon resterait tropthéorique.C'est ainsi qu'on peut expliquer comment il est possible, voire légitime, de se fier aux apparences : elles préparentou remplacent notre connaissance, ou encore luioffrent des confirmations.

Cependant la connaissance n'exige-t-elle pas aussi un dépassement des apparences,voire un rejet méfiant, pour atteindre la réalité fondamentale située parfois «derrière» les apparences? [2) L'exigence de dépasser les apparences.] Car on peut supposer que bien loin de nous rapprocher - en douceur - de la réalité, les apparences nous enéloigneraient.

Les dépasser impliquerait alors un abandon radical de ce qu'elles nous montreraient.. »

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