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Gracián, Baltasar - littérature.

Publié le 28/04/2013

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Gracián, Baltasar - littérature. 1 PRÉSENTATION Gracián, Baltasar (1601-1658), écrivain et religieux espagnol, l'un des plus talentueux prosateurs, avec Quevedo y Villegas, du « conceptisme « baroque (voir littérature espagnole). 2 UN ESPRIT LIBRE ET PÉNÉTRANT Né près de Calatayud (province de Saragosse), Baltasar Gracián y Morales reçoit l'enseignement des jésuites puis entre, en 1619, dans la Compagnie de Jésus. Il y prononce ses voeux solennels en 1635. Il enseigne entre-temps dans les collèges de Calatayud, de Saragosse et de Tarragone et jouit d'une certaine notoriété comme prédicateur à Madrid. C'est d'ailleurs à la prédication qu'il choisit de se consacrer exclusivement à partir de 1637. Plusieurs séjours à Madrid, dans les années 16401641, l'amènent à fréquenter l'historien poète Hurtado de Mendoza ; ce dernier l'introduit auprès du roi Philippe IV, auquel Gracián a le privilège de remettre un exemplaire de son premier recueil de maximes, le Héros (El Héroe, 1630), court traité politique à l'usage des princes, énumérant les vertus de l'homme supérieur. Ses difficultés commencent lorsqu'il publie sans autorisation un autre recueil de maximes morales jugé mondain, l'Homme de cour (el Oráculo manual y arte de prudencia, 1647), sorte de portrait en même temps que traité pratique de l'« honnête homme «. Opiniâtre, enfreignant, au mépris de sa tranquillité, les réprimandes et les interdictions de publier que lui adresse sa hiérarchie, il fait paraître en 1651, sous un nom d'emprunt qui ne trompe personne, la première partie de l'Homme détrompé (el Criticón). Poursuivant la publication des deux derniers volumes (en 1653 et 1657), malgré de nouvelles admonestations des jésuites, il se voit cette fois frappé de sanctions disciplinaires : ses écrits sont saisis et, nonobstant son souhait de quitter la Compagnie pour intégrer un ordre ascétique, sa hiérarchie l'écarte en lui confiant d'importantes fonctions au collège de Tarazona (Saragosse). 3 UNE DOCTRINE ESTHÉTIQUE AU SERVICE D'UNE ÉTHIQUE Esprit subtil, scrutateur sagace mais sans illusion des passions et des moeurs humaines, doué d'une éloquence virtuose -- jugée parfois verbeuse aujourd'hui --, Baltasar Gracián est le dernier, et probablement le plus important, des moralistes espagnols du Siècle d'or. Tant par sa vie que par son tempérament, il se distingue de la plupart des écrivains de son siècle pour n'avoir jamais occupé de fonction élevée, n'être jamais parvenu aux plus hautes dignités, et n'avoir de surcroît jamais recherché la faveur du public. Son oeuvre est tout à la fois celle d'un moraliste, d'un philosophe et d'un théoricien du style. Dans Traité des pointes et du bel esprit (Agudeza y arte de ingenio, 1642), Gracián procède à un inventaire des artifices formels propres au baroque, illustré de citations puisées dans les littératures latine, espagnole et portugaise. Exposant ce faisant ses vues sur l'esthétique « conceptiste «, il s'efforce de démontrer que, loin de se résumer à de vains ornements, le recours à ces artifices, à ces figures de style (en particulier la métaphore et l'allégorie) est au service d'une éthique et procède d'une nécessaire spiritualisation de la langue afin qu'elle épouse l'intelligence humaine. Participant de l'épopée, du roman picaresque et du conte philosophique, l'Homme détrompé est, lui, un récit allégorique dans lequel deux personnages -- le mentor et son disciple --, au terme d'un parcours initiatique -- chacun des trois volumes correspond à un âge de la vie : la jeunesse, la maturité et la vieillesse --, font face à la désillusion. Représentant l'un l'instinct et l'homme naturel, l'autre la raison et l'homme de culture, mais n'étant en réalité que les deux facettes d'un même homme, ces deux personnages effectuent un pèlerinage qui les conduit de l'île de Sainte-Hélène à la France et l'Italie, et dont les multiples escales sont autant d'étapes de la vie. Profondément désenchanté, l'Homme détrompé se veut, en définitive, face à la vanité des choses, une défense de la raison pratique, fondée sur l'expérience et règle de toute action. C'est cet aspect de son oeuvre qui a valu à son auteur l'inimitié des jésuites. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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