L'Iliade

« Duel d' Ajax et Hector (Douris) EXTRAITS - ------ ----.

La fougue des combattants a souvent raison des armes mêmes Ajax en bondissant atteint l'écu de l'autre, où sa pique pénètre : le Priamide, en plein élan, est arrêté ; l'arme le blesse au cou ; le sang noir en jaillit.

Et cepen­ dant Hector aü casque scintillant ne cesse pas la lutte : il revient en ar- rière et, d'une pierre noire, énorme et raboteuse que son épais­ se main ramasse dans la plaine, il frappe en plein milieu, sur la bosse centrale, l'effrayant bouclier d' Ajax, fait de sept peaux ; le bronze tout autour sous le choc retentit.

Lors Ajax, pour sa part, prend en main une pierre encore bien plus grosse ; il la fait tournoyer et, lui communiquant une force infinie, il la lance ; soudain, le bouclier d' Hector se rompt de bout en bout sous le poids de ce roc aussi lourd qu'une meule et, ses genoux cédant sous le choc de l'écu, le preux, tout de son long, s'écroule à la renverse.

Mais sans perdre un instant, Apollon le relève.

Zeus ne peut être battu, même par Posidon, sauf s'il est distrait Lors, de ses yeux, Héra, déesse au trône d'or, debout sur un sommet de l' Olympe, regarde.

De [Posidon] elle a tôt fait de reconnaître la stature, alors qu'il se démène au milieu du combat qui donne gloire aux hommes ; elle en a joie au cœur.

Mais elle voit aussi que Zeus est installé sur l'un des plus hauts pics de l' Ida riche en sources, et son cœur s'en effraie.

La vénérable Héra, déesse aux larges yeux, se met à réfléchir : comment tromper l'esprit du porte-égide Zeus ? Le parti qu'à la fin elle croit le meilleur, c'est de se bien parer, puis d'aller sur l' Ida pour inspirer à Zeus un amoureux désir des' étendre auprès d'elle, pour lui verser ensuite un calme et doux sommeil qui couvrira ses yeux et son âme prudente.

Devant Achille armé par Vulcain, les Troyens fuient comme des lapins Les Troyens éperdus trouvent ainsi le temps de se réfugier en masse dans la ville, trop heureux d'être saufs.

La cité se remplit des fuyards qui s'y jettent.

Ils n'osent même plus s'attarder hors du mur pour s'attendre l'un l'autre et sa- voir _.

qui d'entre eux est mort, qui s'est enfui.

On voit se déver­ ser en hâte dans la ville tous ceux qu'ont pu sauver leurs pieds et leurs ge­ noux.

Ainsi dans la cité, tremblants comme des faons, les Troyens appuyés au parapet solide, étanchent leur sueur et boivent pour calmer leur dessé­ chante soif.

Les Argiens cepen­ dant, bouclier sur l'épaule, approchent du rempart.

Seul Hector reste là devant la porte .Scée, hors de Troie, enchaîné par un des­ tin funeste.

La chute de Troie (Peintre de Brygos) NOTES DE L'ÉDITEUR poètes homériques.

Les chanteurs pouvaient laisser de côté un incident, celui-ci ou celui­ là; mais n'étaient libres d'altérer le carac­ tère d'aucun:» - Stéphane Mallarmé, Les Dieux antiques, Gallimard, 1925 édifiants, les chefs grecs se comportent tous tellement comme des brutes, des menteurs, des assassins sans foi ni loi alors que les Troyens au contraire se conduisent si bien, qu'il ne peut guère y avoir de doute sur le côté où vont les sympathies de l'auteur.

En tant qu 'héritier des bardes de la cour minoenne, il retrouvait sa patrie spirituelle dans les gloires passées de Cnossos et de Mycènes et non pas auprès des feux de camp des barbares envahisseurs, venus du nord (les Grecs).» -Robert Graves, Les Mythes grecs, Librairie Fayard, 1967 « Sachez bien que le conte de Troie n'est point, tout entier, contenu dans l'Iliade et l'Odyssée, appelés généralement les poèmes d'Homère; mais certaines expressions et des allusions semées tout le long des poèmes, semblent indiquer que les poètes savaient nombre d'incidents dont ils ne se souciaient pas toujours de parler.( ...

) Les principaux incidents de l'histoire, et même les principaux traits de caractère des princi­ paux héros, s'offrirent, tout préparés aux Photos (a) D.R.

; (b, c, d, e, f,) RMN.

«Les vingt-quatre livres de l'Iliade sont nés d'un poème appelé La Colère d'Achille - qu'on pouvait sans doute réciter en une seule nuit et qui racontait la querelle qui opposa Achille à Agamemnon au sujet d'une princesse captive qu'ils voulaient l'un et l'autre ( ...

) Mais les conflits sont si peu HOMÈREOI. »