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Qu'est-ce que l'illusion ?

Publié le 17/01/2004

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illusion

ILLUSION: 1) Toute erreur provenant de l'apparence trompeuse des choses (illusions perceptives). 2) Croyance ou opinion fausse abusant l'esprit par son caractère séduisant et le plus souvent fondée sur la réalisation d'un désir (Cf. l'analyse de Freud concernant la religion). Contrairement à l'erreur, qui peut être corrigée, l'illusion survit à sa réfutation.

Ce genre de sujet appelle une définition. Partez de la définition du sens commun et approfondissez-la. Faites des comparaisons, des distinctions. Examinez les enjeux.

Le besoin de se rattacher à nos impressions, nos sens ou nos sentiments rend difficile l’expérience de l’illusion : elle remet en cause notre perception de la réalité. Ainsi, l’illusion se présente comme une tromperie déstabilisante dont nous serions la victime bien involontaire (l’exemple de l’illusion d’optique est assez parlant). L’étymologie du terme rend compte d’ailleurs de ce dynamisme de l’illusion : illudere qui vient de ludere signifiant jouer. L ’illusion nous manipule ; il y a alors une force de l’illusion dont il faudra examiner la cause. Aussi, convient-il de cerner précisément la nature et l’origine de l’illusion. Car le langage courant confond trop facilement erreur, hallucination et illusion. Quelle est la spécificité de cette dernière ? De plus, il faut prendre en compte la notion  d’illusion intellectuelle : pensons au discours des sophistes (tant décrié par Platon) qui illusionne l’auditoire. Elle nous permettra alors d’affiner la nature de l’illusion en générale et de voir si oui ou non nous avons un moyen d’y échapper.

illusion

« C.

Selon Freud, le désir joue un rôle de premier plan dans le processus de l'illusion, car il s'intercale entre la réalité et nous même.

Ainsi, Christophe Colomb, lorsqu'il croit voir les Indesalors qu'il accoste en Amérique commet une erreur parce qu'il voudrait avoiratteint les Indes.

Ici, l'illusion n'est pas d'ordre optique, mais d'ordreintellectuel, et elle nous apprend plus sur nous-même que sur la réalitéextérieure. «[Les idées religieuses] sont des illusions, la réalisation des désirs les plusanciens, les plus forts, les plus pressants de l'humanité; le secret de leurforce est la force de ces désirs.» Freud, L'Avenir d'une illusion (1927). • Pour Freud, il ne suffit pas de dire que la religion est une erreur, qui décritde manière erronée la réalité et donne aux prêtres un ascendant illégitime surles gens assez crédules pour les croire.

La religion a une force propre, celle dudésir.

Elle est, comme l'ensemble des comportements humains, une desmanifestations de la libido.

Pour Freud, la croyance en un Dieu providentielest une projection de la figure paternelle, qui permet de se prémunir contreles angoisses rencontrées dans la réalité.

La religion est une pathologie, unenévrose obsessionnelle, qui nous maintient dans un stade infantile et dont ilfaut se délivrer pour parvenir à l'âge adulte.• La critique freudienne est à double tranchant, car elle permet aussi de voirque certaines critiques de la religion reproduisent, au nom de la science et dela liberté de penser, les mécanismes qu'elles croient critiquer.

Ce qui seprétend «discours rationnel» n'est souvent pas moins dogmatique et pas moins symptomatique de certains désirs et angoisses que la religion. Transition : l'idée s'une raison désirante rend difficile toute tentative d'y échapper, mais n'y a-t-il pas également une fonction propre à l'illusion, une fonction motrice ? II.

Les fonctions de l'illusion A.

L'illusion permet de mettre la force de son désir au service de la transformation du réel, et cela n'est possible que si l'on reste inconscient du caractère illusoire de notre but.

Ainsi Hegel, dans la raison dans l'histoire explique que par ses choix et son engagement individuel, l'homme d'action va faire évoluer l'humanité, concourir auxbouleversements et exprimer ainsi l'esprit du peuple auquel il appartient.

L'action nait de ses besoins, de sespassions et de ses intérêts, mais alors qu'il croit agir pour lui-même, il agit pour l'humanité.

C'est ce qu'on appelle la« Ruse de la raison » : croyant agir égoïstement, il trouve la force de transgresser les bornes du droit et de lamoralité.

Chez Hegel, la raison est plus qu'une faculté individuelle qui se trouverait toutentière en chacun, elle est absolue, c'est l'unité la plus haute de l'Esprit, et àce titre, elle est divine.

Dieu est Raison qui modèle la totalité du réel.

LaRaison gouverne le monde, si bien que l'histoire, dans la totalité de sondéroulement, est intégralement rationnelle.

Elle est la puissance infinie, à lafois matérielle et spirituelle de la vie.

Elle est substance, ce par quoi et enquoi toute réalité trouve son être, sa consistance et sa signification.

Elle nes'oppose pas à la réalité comme l'idéal ou le devoir être, elle est le réel même,qu'elle élabore de ses propres forces et de sa propre matière.

Tout ce qui semanifeste dans le monde est une manifestation de la Raison à l'oeuvre.Toutefois, cette Raison ruse : elle se sert des individus et de leurs passionscomme instruments pour atteindre ses fins.

Si nous peinons et travaillons envue de réaliser nos propres intérêts égoïstes, c'est à titre d'instruments del'universelle Raison.

La Raison nous trompe sur nos propres intérêts, car ellese sert de l'énergie de nos passions pour progresser.

Individus, c'est-à-direêtres particuliers et limités, nous payons le lourd tribut des intérêts de laRaison dans son déploiement.

La totalité du réel est donc rationnelle, c'est-à-dire légitimée en raison ; l'irrationnel n'est plus qu'un désordre apparent.L'irrationnel n'a pas de véritable existence, c'est un non-être, une illusion, unefantasmagorie.

B.

De plus, l'illusion est consolatrice, elle peut être source de changement, mais aussi, au contraire de pérennisation.

Freud, dans lacinquième leçon sur la psychanalyse parle de « bénéfices secondaires » : une fuite hors de la réalité pénibleprovoque un certain bien être, même lorsqu'elle peut mener à une maladie psychique.

L'illusion n'est donc pasnécessairement néfaste et nuisible, elle ne doit pas systématiquement être combattue.

C.

Mais outre ces visions pessimistes de l'humanité, on peut tout simplement rappeler que dans le domaine de l'art, l'illusion est un véritable moyen d'expression.

L'illusion n'est alors pas une fin en soi, mais un simple moyen pourexprimer autre chose, elle peut même être l'outil d'une révélation.

La finalité symbolique de la perspective à laRenaissance constitue l'une des manifestations les plus probantes.

En art, il s'agit tout simplement d'une illusionvoulue et maitrisée, qui n'a pas pour but de tromper.. »

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