JEAN-CLAUDE RENARD

« POÈTES FRANÇAIS D'AUJOt'RD'HUJ 193 but que de réinventer le verbe divin ; comme le bourgeon, déjà aspire à redevenir noyau, à recommencer l'espèce, autrement dit l'essence.

C'est dans la mesure où la fabu· lation dont il revendique l'exercice épouse les mouvements les plus naturels de la conscience, y compris ceux, purement instinctifs, qui assimilent l'inspiration à la .révélation, que Jean-Claude Renard est le plus réellement et le plus haute­ ment poète: •.• Père, si fhomme est né des eaux et des· argiles, face obscure germant sous cette face d'or où le regard de Dieu voyait déjà son corps et dont il la couvrait de son amour fertile, Père, c'est que les temps de l'accomplissement ne prendront leur vrai sens et leur juste lumière que des noces qui lient la vigne et les sarments et la face de l'hoTr].me à la face du Père, qui unissent vraiment et forment d'un même or .

fœuvre de Dieu dans fhomme et de fhomme pour Dieu, fœuvre dont Dieu connaît fincorruptible corps, et qui fondée par Dieu doit s'accomplir en Dieu • ...

· Père, c'est que le Christ est à la fois venu pour accomplir les jours et pour sauver le monde, est à la fois le corps où la chair se transmue et se fonde à son tour dans le corps qui la fonde, c'est que la chair greffée et saisie par le Christ qui profère partout sa profonde unité est vraiment dans la chair et vraiment dans fEsprit quand elle porte en lui ce qu'elle doit porter, Père, c'est que chaque être accède à son vrai fruit, fait de son libre amour sa pleine liberté quand fEsprit le connaît et qu'il connaît fEsprit qui lui donne la vie pour qui il fut créé,. »