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Les journalistes font-ils la politique ?

Publié le 28/02/2004

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POLITIQUE (gr. polis, cité)

Hannah Arendt, commentant Aristote, distingue le politique qui est l'espace public (polis), commun à tous les citoyens, lieu où chacun délibère en vue de l'intérêt général, de la politique qui est l'art de délimiter cet espace et de conserver son intégrité. Cette distinction révèle l'essence du politique. S'il faut en effet protéger cet espace, c'est que le politique risque toujours d'être corrompu par le non-politique, par ces intérêts privés que sont les intérêts économiques. Ainsi, l'antagonisme des volontés partitique est en puissance l'espace de la raison, il est en fait le lieu où s'affrontent les passions qui naissent des différences sociales entre les hommes. Le politique est donc moins une réalité effective qu'une tâche infinie et impossible en raison des effets déviants de l'économique sur le politique, du privé sur le public. Il est par essence une valeur , la limite idéale vers laquelle tend la vie sociale. La citoyenneté, alors, est elle-même une conquête qui requiert le désintéressement et cette ferme volonté de résister aux pressions de l'intérêt privé qu'on appelle la vertu ou esprit civique et qu'on exige de chacun, vertu dont l'abandon, si l'on en croit Montesquieu, signale la mort des républiques.

« Le journalisme ne fait pas la politique Les journalistes politiques font de la politique, interviennent au niveau du politique, mais ils ne font pas la politique, car la politique, c'est la science de l'organisation et non celle du commentaire.

Le journalisme politique est une forme de spectacle P ar l'importance ac- cordée aux images, les médias encouragent «La presse (...) sert la pra- tique du pouvoir.

Mais néga- tivement.

Elle prépare des vedettes, le bavardage des meneurs de jeu et des pseudo-compétences.» Roger Dutheil, «Le Journal unanimiste », in Esprit la «vedettisation» de la scène politique.

La pres- se et la télévision sont de plus en plus ame- nées à négliger les idées au profit de la mise en scène de débats entre personnalités qui cap- tent l'attention et frap- pent l'imagination.

Le journalisme politique théâtralise la politique L es techniques audio- visuelles permettent la victoire de l'instant (le scoop).

C'est le tri- omphe de l'émotion instinctive et du sen- sationnel qui engage la politique dans l'art du paraître, ce qui fait dire à Georges Balandier, dans Le Pouvoir sur scènes: «Le mal démo- cratique, c'est l'anes- thésie cathodique.» L'influence du journaliste est «filtrée» S elon les sociologues américains Paul Lazarfeld et Elihu Katz, tout individu a ten- dance à se fermer aux messages qui ne le concernent pas.

En effet, l'attention à une information est motivée par la relation person- nelle ou sociale que l'on entretient avec cette information, et le jour- naliste n'a que l'influence que l'auditeur ou le lec- teur veut bien qu'il ait.

Il ne faut pas donner au journaliste politique plus d'importance qu'il n'en a.

Capable de faire d'une information et d'un commentaire un événement médiatique, il n'a cependant pas le pouvoir de les transformer en fait politique.. »

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