Lecture analytique n° 2 : Article « Autorité politique » Denis Diderot, Encyclopédie

« Ainsi, Diderot commence à la base, la nature, puis glisse vers l'autorité de la puissance, et enfin vers l'autorité deconsentement : il progresse du négatif vers le positif, du provisoire vers le durable. II) UN TEXTE ENGAGE, À LA FOIS HABILE ET DANGEREUX C'est un texte en effet d'une grande audace où Diderot tente d'orienter la réflexion des lecteurs vers le rejet desrégimes politiques autoritaires et surtout celui de la monarchie absolue.a) Un discours habile :• l'emploi des connecteurs logiques : ils soulignent l'articulation de la penséeDans l'ordre d'apparition : « si » (l 2), « mais », l3, « ou/ ou » l6, « en sorte que », l 10, « alors », l 12, « quelquefois », l 14, « mais », l 15, « car », l 19, « parce que » l 20, « mais », l 24, « afin que » l 25.On distingue différentes relations logiques : Pour expliquer un phénomène : la cause et la conséquence Pour enrichir l'argumentation : la comparaison, l'opposition, la concession ou l'alternative Pour élargir l'argumentation : le but et l'hypothèse, Pour mettre en ordre des idées : le classement, l'addition et la conclusion Pour illustrer : l'exemple. A l'emploi de ces différents connecteurs logiques, on peut noter la présence du *champ lexical du raisonnement : «raison », « suppose », « des conditions »... L'article de Diderot est donc bien plus qu'une simple définition, il est une véritable démonstration rigoureuse. • Un discours habile : un style oratoireLe style de Diderot dans cet article est oratoire : il utilise des *Périodes : ce sont des phrases longues et rythméesavec plusieurs pauses secondaires, qui donnent au discours un rythme et une ampleur qui traduisent la force deconviction du locuteur Ex : (l.3-6) « Si la nature a établi quelque autorité, c'est la puissance paternelle ; mais la puissance paternelle a sesbornes ; et dans l'état de la nature, elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se conduire.

» Longuephrase avec des pauses par les virgules et les points virgules, style ample qui met en valeur la logique de ladémonstration. b) Un discours engagé et ...

dangereux !o Il dément sans justification mais de manière catégorique l'existence d'une autorité naturelle légitime.

(paragraphe1)o Il limite l'autorité paternelle en même temps qu'il la rappelle et la considère comme naturelle, et non sociale.(paragraphe 1)o Il légitime a priori toute révolte, ou révolution qui s'efforcerait d'éliminer un souverain qui se serait emparé dupouvoir par la force et qui maintiendrait ses sujets dans une situation de soumission.

(paragraphe 2) : voir lestermes appartenant au *champ lexical de la violence : « usurpation, force, commandent, obéissent, joug, imposé, loidu plus fort » qui s'oppose au deux termes antithétiques que sont « droit » et « justice ».o Il conteste toute autorité qui ne viendrait pas d'un contrat, d'un consentement : c'est contester la notion demonarchie absolue, qui ne repose elle, sur aucune idée de contrat.

C'est en même temps semer l'idée d'un accordentre prince et sujet, d'une reconnaissance venue des sujets. c) L'ultime audace : le rôle de Dieu...Pour fixer les limites du consentement à l'autorité, Diderot, l'athée, invoque une justification religieuse : seul Dieuest en droit d'exiger de chaque homme une obéissance sans réserve. L'argument surprend sous la plume du libertin libre penseur.

Mais il est habile : Diderot retourne contre les tenantsde l'absolutisme leur propre argument, le religieux, celui là même qui fonde leur théorie ! Argument efficace,particulièrement habile. Bien plus, il fait découler de la volonté divine : « Il permet pour le bien commun...

» lignes 22-23 la thèse dufondement contractuel de l'autorité ! Il accuse les tenants de la monarchie de droit divin de « crime d'idolâtrie », donc il s'attaque à l'image du souverainconsidéré comme le représentant de Dieu sur terre. Simultanément, on peut penser que Diderot désamorce un peu les effets de l'article en faisant référence et appel àla religion, mais reconnaissons quand même que c'est fort habile de la part d'un athée ! CONCLUSION / A VOUS DE JOUER...

Il légitime a priori toute révolte, ou révolution qui s'efforcerait d'éliminer un. »