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LE MORT JOYEUX DE CHARLES BAUDELAIRE

Publié le 01/09/2011

Extrait du document

baudelaire

Dans une terre grasse et pleine d'escargots

Je veux creuser moi-même une fosse profonde

Où je puisse à loisir étaler mes vieux os

Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde.

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;

Plutôt que d'implorer une larme du monde,

Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux

A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,

Voyez-venir à vous un mort libre et joyeux ;

Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

A travers ma ruine allez donc sans remords,

Et dites-moi s'il est encor quelque torture

Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !

Par la revendication à la solitude absolue dans la mort, le regard abrupt

que le texte jette sur elle sans la moindre référence au sacré et dans la

seule certitude de la décomposition du corps dont est rendue visible la

pitoyable déchéance, dans le contraste maintenu entre ce thème macabre

et le ton allègre et joyeux adopté, se met en place une écriture qui installe

la dérision, la provocation et le défi au coeur de la poésie.

baudelaire

« tout en lui rappelant que ces espaces inconnus et effrayants sont son lot.

Les images et le choix du vocabulaire y contribuent : .,..

l'image provocatrice du squelette ; .,..

la présence d'un bestiaire macabre mais aussi infiniment familier ; .,..

l'agressivité suggérée du cadavre, la cruauté latente contenue dans l'image qui l'évoque; .,..

l'effet de contraste apporté par le dernier vers : dans sa sobriété et son réalisme il rappelle une conditions universelle, la seule certitude qui s'offre à la rationalité des vivants .

• Sous le macabre, la recherche du sens .,..

La parole du mort porte en elle les signes de l'agressivité et de l'hostilité aux autres.

.,..

S'affiche un refus des codes sociaux , des signes communautaires de la mémoire et du recueillement.

.,..

Par la proximité introduite entre argent et deuil ces signes sont décrétés hypocrites .

.,..

L'entrée dans la mort offre l'occasion d'une autre fraternité , moyen d'accès à une curiosité douloureuse .

.,..

Mais la mort est aussi vécue comme un repos, une paresse égoïste et heureuse .

• L'écriture de la provocation Les évocations du poème désacralisent la repré­ sentation traditionnelle de la mort telle que l'ont délivrée les textes religieux .

.,..

L 'image de la terre qui accueille le cadavre déroute l'idée chrétienne de la " poussière •• légère ·au corps et symbole de la vanité de l'existence .

.,..

Le cadavre est ici exposé dans sa trivialité .

mes vieux os escargots • corbeaux • vers comme un requin ce vieux corps sans âme • mon parmi les mons je hais ...

et je hais j'aimerais mieux inviter les corbeaux je hais les tombeaux testaments • tombeaux noirs compagnons • Dites-moi dormir dans J'oubli terre grasse et pleine d'es­ cargots les bouts de ma carcasse • vieux os .,..

Le texte défie J'idée plus commune de l'agonie un mon libre et joyeux douloureuse par celle du mort euphorique.. »

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