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Le philosophe doit-il gouverner?

Publié le 28/02/2005

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Et cela d'autant plus que la cité juste vise un idéal donc une idée qui se situe au-delà du visuel, c'est-à-dire la raison et le modèle de sa propre organisation ; un idéal que l'on recherche dans la perfection du monde et des causes divines. C'est pourquoi, seul le philosophe peut gouverner.   Transition : Ainsi, le philosophe, possédant la sagesse, semble-t-il le plus apte à gouverner d'entre les hommes et à ne pas exercer un pouvoir tyrannique mais bien de développer la vertu parmi ses concitoyens. Cependant, la solution platonicienne reste une utopie et la question serait de savoir si justement ce philosophe-roi ou ce roi-philosophe n'est pas justement une vue de l'esprit, c'est-à-dire un homme au dessus de la corruption du pouvoir et de la nature humaine ? Ou plus simplement, la prudence due à la sagesse ne doit-elle pas enjoindre le philosophe à ne pas briguer le pouvoir ?     II - Prudence philosophie et pouvoir corrupteur   a) Il semble ici que l'on soit devant une double difficulté : le philosophe est sans doute le plus apte à exercer le pouvoir dans la mesure où il est peut-être le moins soumis aux sirènes de la délectation du pouvoir mais d'un autre côté, la prudence devrait lui signaler le risque de ce pouvoir. En effet, il semblerait être le plus apte à résoudre le problème du maître qui a besoin d'un maître pour être vertueux et bien agir comme l'énonce la sixième proposition de L'idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique de Kant. Dans ce cas, puisque le philosophe semble être de facto vertueux ne devrions-nous pas envisager par économie d'établir un philosophe en tant que législateur ? Alors l'on tendrait immanquablement vers la cité parfaite de Platon dans la République avec comme législateur un roi-philosophe c'est-à-dire vers cet idéal de la raison tel que le proposait le Conflit des facultés. La réponse kantienne est on ne peut plus claire : « Il ne faut pas s'attendre à ce que des rois philosophent ou à ce que des philosophes deviennent rois, mais il ne faut pas le souhaiter non plus ».

Le philosophe apparaît souvent comme le modèle de l’homme sage et maître de soi. Dès lors face à la séduction du pouvoir et à la nécessité de travailler pour le bien de la communauté il semble possible que voir le philosophe comme désigner pour diriger la cité. Possédant la sagesse et les critères du juste et de l’injuste, il serait le plus apte à produire des lois justes et ériger une cité juste et parfaite, conduite selon les règles de la raison. Etant vertueux, il serait un modèle à suivre et un exemple de moralité. Nul doute alors que l’on serait proche alors d’un idéal ou d’une vision utopique mais là n’est pas la question. En effet, l’enjeu de l’interrogation porte sur les qualités requises pour gouverner et le problème est alors de savoir quel est le rapport entre le philosophe et le pouvoir. C’est donc bien de la question « à qui doit appartenir le pouvoir et quelles sont les qualités requises pour gouverner ? « que dérive notre sujet.  De ce que nous venons de dire, il semble que le philosophe soit le plus capable de gouverner une cité. Pourtant force est de constater que peut de philosophes gouvernent dans le monde. Doit-on s’en morfondre ou plutôt se réjouir ? En effet, vouloir faire du philosophe un gouvernant n’est pas confondre un désir de sagesse et un désir de pouvoir voire pire mettre la philosophie au service de l’Etat et pervertir dès lors la liberté de penser et d’expression du philosophe. C’est pourquoi se pose la question : « le philosophe doit-il gouverner ? «.

            Ainsi, s’il apparaît que le philosophe pourrait avoir toutes les qualités requises voire les meilleures pour gouverner en tant que détenteur notamment de la sagesse (1ère partie), ne serait-ce justement pas faire preuve de sagesse et de prudence de ne pas joindre philosophie et pouvoir au risque de dénaturer la première (2nd partie) ? Dans ce cas se poserait alors une double question nous permettant de trouver une solution au problème de la gouvernance la meilleure à savoir : qui doit alors gouverner ? et quel rapport le philosophe entretient-il avec le pouvoir ? (3ème partie).

« II – Prudence philosophie et pouvoir corrupteur a) Il semble ici que l'on soit devant une double difficulté : le philosophe est sans doute le plus apte à exercer lepouvoir dans la mesure où il est peut-être le moins soumis aux sirènes de la délectation du pouvoir mais d'un autrecôté, la prudence devrait lui signaler le risque de ce pouvoir.

En effet, il semblerait être le plus apte à résoudre leproblème du maître qui a besoin d'un maître pour être vertueux et bien agir comme l'énonce la sixième proposition deL'idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique de Kant .

Dans ce cas, puisque le philosophe semble être de facto vertueux ne devrions-nous pas envisager par économie d'établir un philosophe en tant que législateur ? Alors l'on tendrait immanquablement vers la cité parfaite de Platon dans la République avec comme législateur un roi-philosophe c'est-à-dire vers cet idéal de la raison tel que le proposait le Conflit des facultés .

La réponse kantienne est on ne peut plus claire : « Il ne faut pas s'attendre à ce que des rois philosophent ou à ce quedes philosophes deviennent rois, mais il ne faut pas le souhaiter non plus ».

Ainsi, contrairement à Platon qui dans la République ne voyait que dans la seule figure du philosophe-roi ou du roi-philosophe la solution à l'édification d'une société juste, Kant juge-t-il cette possibilité plus nuisible que bénéfique.

Il l'explique par l'effet corrupteur ( Projet de paix perpétuelle ) que peut avoir sur le philosophe ou sur le roi l'exercice du pouvoir ce qui ne manque pas de renvoyer au problème de l'abus de pouvoir du maître comme c'est le dans L'idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique .

Cela signifie que la recherche de la bonne conduite dans l'exercice du pouvoir ne peut pas se faire par le biais de la philosophie quelque soit l'ascèse considérée.b) De ce point de vue Kant se place à un niveau extrême pratique en tant que conduite des affaires.

Prenant l'homme tel qu'il est, il ne considère pas la solution du philosophe-roi comme envisageable.

Et cela en raison de lapart égoïste de l'homme, qu'il soit philosophe ou non.

Cela ne veut pas dire que la philosophie soit incapable maisplutôt cela insiste à nouveau sur le fait que la philosophie n'est pas une réponse absolue au problème du mal radicalen l'homme.

La philosophie peut certes avoir des effets curatifs mais elle n'a pas la capacité de transformer elle-même en profondeur et de manière radicale la nature humaine.

Et c'est pour cela qu'il faut que le philosophe soit aucoté du législateur, pour le remettre dans le droit chemin ou, au demeurant, de lui en remémorer la voie.

Face auvertige du pouvoir, la philosophie n'est certes pas sans défense mais elle n'est une garantie suffisante.

Si Kant nesouhaite pas par ailleurs que la philosophie soit au cœur même du pouvoir c'est sans doute pour ne pas détourner laphilosophie de sa vocation ou de ses principes ce qui pourrait alors apparaître comme la plus grande corruption :celle de la mise de la philosophie sous tutelle ou au service de l'Etat.

Ainsi, comme le note Anne-Marie Roviello, dansL'institution kantienne de la liberté , il y a donc « impossibilité de principe d'une coïncidence entre le roi et le philosophe » car il y a exclusion de principe entre le désir de pouvoir et le désir de sagesse.

A supposer même qu'unphilosophe devienne roi, par la force des choses et la conduite des affaires, il deviendra non-philosophe « parce quela possession du pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison ».c) Pour autant, si le philosophe n'est pas roi alors qu'il peut en avoir les capacités et la vertu, cela n'implique pasqu'il représente un danger pour le pouvoir suprême.

Bien au contraire, Kant définit cette classe « d'après sa nature [comme] incapable de se liguer en bandes et en clubs [et] elle ne peut être suspectée, par médisance, depropagande ».

En ce sens, le philosophe se présente quasi essentiellement comme pure ou garant d'un contenu pur qui est la philosophie même en tant que moralement législatrice.

Ils ne peuvent pas donc pas être déclarésdangereux et cela d'autant plus en tant que « propagateurs des lumières ».

C'est par ailleurs en raison justement de ce statut de propagateur des lumières que les philosophes doivent avoir le droit de parler librement et ne doiventpas disparaître ( Projet de Paix perpétuelle ).

En effet, le groupe des philosophes par sa liberté à la capacité d'éclairer le peuple, c'est-à-dire « lui enseigner publiquement ses devoirs et ses droits vis-à-vis de l'Etat auquel il appartient »(Conflit des facultés ).

Plus simplement, les philosophes ont une mission éducatrice qui doit pallier l'absence de professeur de droit public établis par l'Etat.

Ils sont donc un truchement en l'Etat et le peuple.

Par ce statut, laclasse des philosophes obtient un double rôle qui est de d'aider au maintien de la communauté juridique et d'opérer,tout comme peut le faire un législateur qui accorderait une liberté de parole et d'expression au peuple ainsi que « laliberté de la plume », ou de faciliter pour une part « la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui- même responsable » ( Qu'est-ce que les lumières ? ) ce qui n'est rien de moins que la définition kantienne des Lumières.

Transition : Le philosophe ne doit donc pas gouverner la cité bien qu'il puisse être un aide nécessaire.

Exiger un philosophe-roiserait dénaturer la philosophie en la mettant au service d'autre chose qu'elle-même et en confondant désir depouvoir et désir de sagesse.

Mais comment faire alors pour pallier cette dérive du pouvoir ? Qui doit-êtrelégislateur ? Et quel lien le philosophe entretient-il avec ce dernier ?. »

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