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La politique

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

La politique
I)                   L’invention de la politique. (Philosophie politique grecque)
Cf. Essais de La Politique d’Aristote (la cité doit être fondée sur la nature).
1)     L’idéal politique des modernes (Les raisons de nous intéresser à la cité grecque)
 
  • On peut partir de la question d’Aristote : que signifie aujourd'hui être citoyen ? C’est aussi intéressant de se la poser dans un contexte de la crise de l’état (cf. devoir « l’Etat est-il plus à craindre que l’absence d’Etat ? »).
 
  • La conscience citoyenne se manifeste d’abord négativement :
-         être en désaccord avec certaine chose, nb et surtout haïr les privilèges, et ainsi réaffirmer une véritable justice républicaine et démocratique.
Deux exemples: la condamnation de ceux qui agissent de façon qu’ils se considèrent au-dessus des lois (actualité). Dans cet exemple, refus de voir remettre en cause la République (= état gouverné par des lois). Par ailleurs, la condamnation de ceux qui en ont excessivement + ou – que les autres au regard de la richesse ou du pouvoir. Pourquoi ? Parce que on risque de se retrouver ici dans ce qui serait lors du supra ou de l’infra démocratique. → Si on prend les deux figures extrêmes : le richissime rentier/pauvrissime SDF : ce sont deux figures de la marginalité par rapport au peuple. Par rapport à ça, il y a le désir d’affirmer un idéal républicain et démocratique qui montre que la justice est l’assurance d’une liberté possible. Cette justice se définit comme l’égalité des droits et des devoirs de chacun (réciprocité des lois).
-         Cet idéal républicain est finalement la conscience que l’Homme ne peut pas vivre libre dans la société naturelle ni d’ailleurs isolé des autres. Pour être libre, il y a le besoin de vivre ensemble mais ce vivre ensemble ne peut pas être une société naturelle. Vivre comme un homme, c’est vivre libre, et cela ne se peut que dans un état, dans une société qui assure la justice sur le fondement du droit. On retrouve ici, la citation d’Aristote : « l’homme est un animal politique ». On peut se demander quel est le fondement de ces valeurs qui accorde à l’état le prix de la liberté ? Ce fondement prend figure en France au moment de la révolution de 1789 : fin des privilèges, Louis XIV : « l’état, c’est moi » (pas de république, loi résulte du désir du Prince). Elle a conduit à la fin de l’aristocratie, à l’affaiblissement de la noblesse, puis à l’apparition de la bourgeoisie. La fin des privilèges a conduit à qqch de nouveau : l’Etat ou la République.
 
  • Le plan de l’édifice qu’est l’état moderne : la république. La source idéale théorique de l’état moderne ? On la trouve au XVIIIe chez les philosophes des Lumières (Rousseau, Condorcet, Voltaire, Kant…). L’homme est perfectible, il y a donc un progrès de l’Humanité. Dans Cosmopolite de Kant : progrès techniques (moyens utiles et efficaces), pragmatiques (homme de + en + sociable) et moraux (l’homme se moralise). Ces progrès vont être déterminants pour d’une part espérer conduire les hommes au bonheur, et d’autre part à la paix perpétuelle. Dans cet idéal né de la révolution Fr, il y a le refus de toute transcendance (=caractère de ce qui se situe hors de portée de l'expérience ou de la pensée humaine). L’homme peut se passer d’un souverain absolu, comme de Dieu, pour accomplir son œuvre dans le monde. Au contraire de cette transcendance, on retrouve l’immanence (=ce qui est existant à l'intérieur même des êtres) démocratique. On la retrouve chez Rousseau dans la « volonté générale » (Contrat Social, I, 6) : l’institution d’une société de lecteurs, les individus eux-mêmes décident de se regrouper dans une volonté générale. Par ailleurs, cette volonté générale décide de la restitution de l’Etat. La volonté générale s’auto institue et institue l’état. C’est un acte immanent, sans intervention de Dieu. L’état est bien l’œuvre rationnelle, libre, des hommes. C’est l’affirmation de l’autonomie de l’homme qui peut affirmer les valeurs de l’humanité (la tolérance…).
→ Illustration : Hegel à propos de la révolution Fr (Leçon sur la philosophe de l’Histoire, à partir page 528) : « Depuis que le soleil se tient au firmament, et que les planètes décrivent leurs cercles autour de lui, on n’avait jamais vu que l’homme se mit sur la tête (=devient raisonnable), c’est-à-dire sur la pensée, et édifia l’effectivité d’après celle-ci (=la pensée) [la révolution c’est la construction de la pensée par l’Homme]. Anaxagore avait dit le premier que le nous (=la raison en grec) régissait le monde, mais c’est seulement maintenant que l’homme est parvenu à connaître que la pensée doit régir l’effectivité spirituelle. Ce fut donc là un magnifique lever de soleil. Tous les êtres pensants ont concélébré cette époque. Une émotion sublime a régné en ce temps, un enthousiasme de l’esprit a fait frissonner le monde, comme si on était alors parvenu à la réconciliation effective du divin avec le monde. »
 
  • La République et la démocratie nous lient aux grecs, ce lien a été institué à la Révolution Fr. Cet édifice prend racine dans la philosophie des Lumières, et ses matériaux dans la cité antique. (Rome et Grèce)
 
  • Les matériaux de l’édifice : la raison de l’homme qui a institué l’état moderne n’est pas partie de rien, cette raison s’est appuyée sur la cité grec (« le miracle grec » : bouleversement pas uniquement avec un sens politique, mais total qui fait basculer la Grèce ancienne, IX e siècle avant Jésus : moment où on est passé de l’explication par le mythe (= moyen d’expliquer tous les phénomènes physiques) et par l’image ; à l’explication par la science: physiologues d’Ionie [qui tiennent un discours rationnel sur la nature, se situaient en Ionie (=côte d’Asie Mineure), Thalès, Pythagore)]. Dans ce contexte, la cité grecque est apparue, elle va devenir le matériau même de l’état moderne. On trouverait au moment de la révolution Fr des éléments qui témoignent la volonté de restituer au XVIIIe de restituer la cité grecque. Hegel dit, qu’au moment de la révolution Fr, on a placé sous un baldaquin un buste de la liberté entre les bustes de Démosthène et de Brutus.
 
2)     La mise en place de la liberté
1)     L’institution de la polis
  • La polis nom grec signifiant la cité. On peut situer la date de la naissance de la démocratie à 508 avant JC, date l’isonomie de Clisthène (= législateur d’Athènes à l’origine de la constitution démocratique) : la constitution qui instaure l’égalité des droits pour tous et entre tous.
  • En 509 avant JC : date de fondation de la république romaine. Ce vent de république et démocratie athénienne avait été préparé bien avant.
  •  Solon a été le premier à lancer les bases de la démocratie, à partir d’un système qui pouvait apparaître profondément injuste : population classée selon les classes censitaires (selon la fortune) :
-         Pentacociomédimmes : ceux qui possèdent plus de 500 médimmes de blé (unités de céréales). Ce sont donc les plus riches. La fonction guerrière la plus importante : hoplite. En 490 avant JC, Les hoplites gagnent la guerre contre les Perses : hoplites en hauteur d’un fossé où se trouvaient les Perses, le poids des hoplites et leurs armes fondent sur les Perses→ Victoire de Marathon.
-         Hippeis : les cavaliers
-         Zeugytes 
-         Thètes : tâche ingrate, rameurs dans les trières (galériens)
En 480 avant JC, Les Athéniens gagnent encore une fois contre les Perses à Salamine, sur mer. Victoire grâce aux thètes. La population la moins noble d’Athènes grâce au général Thémistocle. Promotion de la démocratie athénienne car reconnaissance des thètes par leur victoire.
Guerre punique : Carthage/Romains. Guerre médique : oppose Athéniens/Perses.
ð La fortune et la classe à laquelle on appartient désigne une des activités premières dans la Grèce ancienne : la place à la guerre et la place de l’assemblée.
 
  • Solon a institué les bases démocratie en instituant l’Héliée : tribunal populaire où toute la population athénienne pouvait siégeait. Avant Solon, il y avait l’aréopage : tribunal composé exclusivement de nobles.
ð L’institution de la polis commence donc avec Clisthène et finit avec Solon.
 
  • La Cité grecque, instaurée avant la démocratie, depuis VIIIe av JC. C’est une structure qui rassemble dans un même espace, un régime politique unique, une même structure économique, culturelle, idéologique. C’est important car la Grèce n’existe pas politiquement : on est citoyen de Spartiate … il y a un sens à être grec du point de vue de la Nation (religion, langue communes) afin de faire différence avec le barbare (babaros, qui ne parle pas le grec). L’état athénien, spartiate … n’est pas la nation Hélène (Grecque). Cet espace, la polis comprend en fait deux espaces. C’est pourquoi traduire la polis par la cité, et non pas par la ville :
-         Asty (la ville)
-         Chôra (campagne groupée autour de la ville).
 
  • Au VIIIe, où s’institue la cité sous cette forme, ce qui manque, c’est la stabilité. Ces cités étaient très instables : changements économique, régime politique et culturels fréquents. Il n’y a donc pas de stabilité. L’isonomie de 508 av JC permet de fixer les choses: fixer l’égalité par la loi et devant la loi de tous les citoyens.
 
  • Chaque citoyen a vocation à se livrer aux deux activités principales de la cité : faire la guerre et prendre la parole politique à l’assemblée. Les deux assemblées athéniennes :
-         la Boulé (vient du verbe grec délibérer) : 500 bouleutes en rotation, interchangeabilité
-         l’Ecclésia (assemblée du peuple) : siège spontané, être citoyen à l’Ecclésia quand on le voulait Ainsi, les athéniens se nommaient eux-mêmes : « homoioi kai isoi » (= semblables et égaux). Seul critère : être citoyen, ce qui excluait les esclaves, peut venir au tribunal pou témoigner, mais sa parole n’étant pas libre, se faisait fouetter.
 
2)     Le sens politique de la « liberté » 
  • L’homme libre est le citoyen : éleuthéros. C’est celui qui exerce sa liberté dans un sens spécifiquement politique : en votant, en débattant aux assemblées, mais en également en faisant la guerre. Ce sens excluait une grande partie de la population athénienne qui n’était pas considéré comme libre :
-         L’enfant : pour qu’il recouvre la responsabilité politique, il faut qu’il passe par le service militaire. Athènes : éphébie de 16/17-19/20 ans. Spartiate : cryptie de 7 – 20 ans. P. Vidal-Naquet, Le chasseur noir : l’éphèbe n’est pas encore citoyen, en marge de la cité et qui suit beaucoup de rites initiatiques.
-         L’esclave était apolitique et non libre. En latin comme en grec, nom commun à l’esclave et à l’enfant : pais (en grec) et puer (latin).
-         La femme qui appartient de l’ordre du privé, du foyer (oikia)
-         L’étranger à la cité : métèque (= grec pas citoyen athénien, citoyen d’autre part, mais pas de droits politiques à Athènes)
-         Le barbare : l’étranger de la nation (= ni grec, ni athénien), pas de droit civique.
 
  • La liberté recouvre donc chez les Grecs une signification politique qui éclaire la destination métaphysique de l’homme. La question qu’est-ce que l’homme est donc une question réglée par les grecs par l’usage : la nature de l’homme recouvre sa destination « à quoi il sert  ? Pour quoi est-il fait ? ». Dans le dernier livre de la République (X, 601d) de Platon : il montre que ce qu’il appelle l’Idée (représentation intellectuelle + leur être : c’est une forme première de la réalité = sens et réalité). Parménide : «être et penser sont le même » : pas de différence du fait d’être et de penser. L’Idée c’est l’usage : « qu’est-ce que c’est ? » = « à quoi ça sert ? ». « Or à quoi tendent les propriétés, la beauté, la perfection d’un meuble, d’un animal, d’une action, sinon à l’usage (=chreia) en vue du quel chaque chose est faite, soit par l’homme, soit par la nature ? ». La beauté et la perfection de l’homme est donc l’usage.
Ex : qu’est-ce que l’Idée de lit : son usage, mobilier pour dormir. Donc l’Idée=usage.
 
  • Si on veut donc savoir ce qu’est-ce l’homme, on doit se demander à quoi sert l’homme. Réponse de Platon : l’homme sert à produire et à entretenir le lien politique en prenant part au combat, en prenant la parole à l’assemblée. « L’homme est un animal politique », c’est l’activité politique qui le définit, c’est dans cette activité qu’il réalise le propre de l’humanité. Platon dit que la gazelle sert à aller vite, de la même façon que le lit est une pièce de mobilier qui sert à s’allonger, que l’homme sert à épanouir la cité.
 
  • Est-ce là une définition acceptable de l’homme ? Quelles sont les implications de cette définition ? D’autre part, la question qui se pose : la cité grecque est-elle véritablement ce que nous appelons aujourd’hui un état ? Ce qui nous a conduits à nous tourner vers la cité grecque c’est l’état moderne d’aujourd’hui. Les traits de l’état moderne se retrouvent-ils dans la cité grecque ?
 
 
 
 
3)     L’ambigüité de cette liberté 
  • La cité grecque est-elle un état ? peut-on définir politiquement l’homme ?
 
1)     L’origine essentielle de la cité
  • D’où vient l’idée même de la cité (≠ histoire précédemment) ? Réponse dans le texte (ci contre) : Aristote, quelle est la structure ontologique de la cité ? → La polis, c’est la cité est fondée sur la Nature. La cité est un être naturel comme pour tous les grecs. Contrairement à ce qu’on pense aujourd’hui, la cité artificielle. Argument de démonstration : le besoin. Aristote nous montre que la cité est corrélative du besoin et donc de la satisfaction non seulement d’un besoin ou de plusieurs, mais de tous les besoins : autarkéia (=autarcie, satisfaction de tous les besoins). L’homme cherche à satisfaire des besoins quotidiens, la communauté qui permet à l’homme des les satisfaire c’est l’oikos (foyer, famille). Cela justifie le fait que les individus se rassemblent sous la forme de trois couples :
-         Mari/femme : réponse au besoin de la procréation.
-          Père/enfant : réponse au besoin de l’éducation.
-         Maître/esclave : réponse au besoin l’un de l’autre, l’un né pour commander mais sans exécuter, l’autre né pour exécuter mais pas commander → justification esclavage naturel
ð Trois structures qui reposent sur l’appel de la nature, la satisfaction du besoin.
 
  • Il y a des besoins qui excédent le quotidien : ce sont les besoins de justice et de religion. Pour les satisfaire, les différentes familles (structures précédentes) se rassemblent dans une structure communautaire supérieure : le village. C’est une communauté qui rassemble plusieurs foyers permettant de satisfaire des besoins non quotidiens
 
  • Les différents villages se rassemblent pour satisfaire tous les besoins sans exception y compris celui du bonheur (euzen, besoin libre): la cité. Garantie que tous les besoins sont assurés et notamment le besoin de bonheur.
 
  • La cité est donc le lieu d’épanouissement de l’homme. La réalisation de soi, c’est la réalisation du bien commun. La réalisation de soi est la réalisation communautaire. Si la cité est un être naturel puisque c’est le besoin qui la fonde, cela signifie que d’une part qu’il y a des sociétés qui sont en voie de se parfaire naturellement (la famille et le village) et d’autre part, il ya des sociétés contre nature et qui empêchent donc la réalisation de l’homme
→ Ex : la tribu du barbare est un type d’organisation contre nature, dans l’artifice et non dans la salification où l’homme pourrait parfaire son humanité.
 
2)     La cité : un Etat en trompe-l’œil
1)     La cité : une vitrine politique.
  • La polis signifie plusieurs choses importantes :
-         La source même du politique car la cité apporte une stabilité institutionnelle qui est garantie par ce que les grecs par la politéia de l’état (= la constitution, le régime politique, le nom que choisi Platon comme titre de son ouvrage La République). Parce que l’institution politique repose sur une constitution, on a une stabilité dans le temps qu’on n’avait pas avant. Cette stabilité a un sens à la fois historique et ontologique.
  • Historique : La cité apparaît au Ve avant JC et marque la fin de l’instabilité constante (religieuse, politique,…). Les pays qui sont en guerre et qui vivent une instabilité politique, ils sont en manque d’état, n’ont pas une constitution forte, et connaisse une instabilité politique. La constitution politique est un critère, une garantie d’une stabilité, mais aussi paradoxalement de mouvement et de changement. Il est d’autant plus facile d’interroger l’injustice lorsqu’on sait ce qu’est ce régime. Si le nazisme a pu être balayé comme il l’a été c’est parce que le IIIe Reich, qui avait une constitution claire. L’institution est une forme de stabilité, de lourdeur.
  • Ontologique : la cité c’est son régime politique. Aristote dans la Politique : qu’est-ce qui fait la cité ? Ce n’est pas la population car elle peut diminuer ou augmenter. La cité ne peut pas être le territoire qui peut varier. En fait, la cité est la politéia ( ?) car si le régime tombe, l’état aussi.
 
  • La cité est à l’origine de l’idée que la politique doit aussi garantir une certaine étique. C’est en effet ce que garantie l’isonomie clisthénienne : la justice produite entre les citoyens de l’état. L’égalité des droits au moment de la révolution française. La loi est là pour instituer un bien commun partageable entre les individus qui se ressemblent. Ce bien commun est censé protéger les grecs de l’hubris (= la démesure). La constitution d’Athènes est une façon de se prémunir de tout excès.
→Episode célèbre: à la veille de l’expédition de Sicile pour assurer le régime démocratique, le chef d’institution était Alcibiade (jeune homme très talentueux, chef d’armée) qui décide dans une fête avec quelques camarades d’allait émasculer les statues d’Hermès dans Athènes.
ð Il faut conserver la mesure des choses, dans la recherche de la mesure et de l’exactitude, cette idée a conduit la Grèce à philosopher.
 
  • Les citoyens ne sont donc pas une série d’individus, ce sont des semblables qui se tiennent dans un sentiment qu’Aristote avait nommé philia  (= amour ou amitié) dans l’Ethique de Nicomaque : l’idéal dans la cité est qu’il n’y est pas d’injustice, qu’il y est des rapports de philia, comme ce n’est pas le cas il faut introduire le nomos (=loi). C’est par défaut de philia qu’on doit instituer le nomos sur la philia.
La philia est l’idée qu’on aime les individus qui nous ressemblent. On aime son semblable.
→ C’est tout à fait différent de ce qui se passe dans l’éros (=autre nom de l’amour, l’amour sous la forme du désir). Eros, c’est désirer celui qui ne me ressemble pas car c’est une façon d’obtenir des qualités que je n’ai pas mais que je voudrais avoir. Platon, Le Banquet (discours d’Aristophane (poète comique): il raconte une histoire drôle, les origines mêmes de l’Humanité : le schéma corporel était très différent. Nous étions des sphères, l’androgyne (composé d’un homme et d’une femme) se déplace en roulant. Ils vont déranger les dieux, Zeus se met en colère et il les sépare en deux, une moitié manque. Aimer, c’est la recherche de sa moitié. On doit rechercher la moitié qui est notre complémentaire et donc qui ne nous ressemble pas. Aimer, c’est surtout redevenir soi, recomposer l’unité, coïncider avec soi-même.
→Une autre façon de dire l’amour : l’agopè, terme qu’on trouve dans l’expression grecque et dans la Bible : théos agapè est in (= Dieu est amour). C’est l’amour charitable, l’amour du prochain. Le prochain signifie deux choses. D’une part, celui qui m’est proche. Et d’autre part, ce peut être mon ennemi. Dieu aime et exhorte à aimer les hommes ceux qui ne sont proches et ceux qui nous inspirer jusqu'à la haine. Critique de Kant : l’amour n’est pas une affaire de raison mais de sentiments, on ne peut pas se forcer à aimer. Kant critique l’agopè.
 
  • Il y a une justification républicaine de la valeur du régime démocratique. C’est qqch qu’on reconnaît dans la Politique d’Aristote (classement des régimes). La démocratie est le régime préférable à tout autre. Raisons :
-         c’est un régime établi en vue du bien pour le grand nombre
-         c’est un régime préférable à la royauté et à l’aristocratie, qui risquent toujours une corruption probable en tyrannie et en oligarchie
-          c’est le régime le plus praticable car l’idéal, c’est le régime constitutionnel demeure une norme étique irréalisable (qui serait le mieux mais il est impossible).
ð La démocratie est certainement l’idéal républicain le plus praticable.
 
  • Il y a une justification anthropologique du politique, qui se reconnaît dans le texte distribué (La Politique, Chapitre II, livre I) : « l’homme est un animal politique ». C’est l’animal qui ne peut actualiser ses dispositions qu’en étant citoyen. Aristote, Métaphysique, ɵ, 6 : les choses sont :
-         soit en mouvement : c’est la tendance des êtres à s’accomplir, à s’actualiser : « l’enfant est un homme en puissance », il est entrain de devenir homme. L’actualisation : la puissance à l’acte
-         soit au repos (les sciences, les maths…).
 
  • L’homme ne peut être véritablement un homme que dans la cité. C’est en tant que citoyen que l’homme peut actualiser sa puissance. Argument d’Aristote : la possession du logos. L’homme est l’animal qui possède le logos (=le discours, la raison). Le logos est la capacité d’exprimer un jugement fondé sur le partage des valeurs communes. Les valeurs communes sont les valeurs étiques que les citoyens partagent communément. Le citoyen n’est pas comme l’animal qui peut exprimer qu’il a mal (la phoné). L’homme parce qu’il a le logos peut dire c’est mal, c’est un jugement de valeur. L’homme se distingue de l’animal par la détention du logos en plus de la phoné. Cela suppose également que les citoyens se distinguent des hommes qui ne vivent pas dans les cités et qui pour cette raison ne pourrait parvenir parfaitement à leur humanité. Il y a deux cas possibles de non-vie dans la cité :
-         ils ne vivent pas dans les cités car ils vivent dans des communautés plus étalées que la cité (le barbare),
-         ou parce qu’ils vivent dans le village. Ce n’est pas dans le cadre de la famille qu’on pourra actualiser son humanité.
 
ð La source, la stabilité de la république de la démocratique, la nature étique, la justification républicaine et anthropologique, nous a fait reconnaître dans la cité l’origine de la cité moderne. En dépit de tout cela, on voit que la polis est très loin de ce que nous appelons aujourd'hui l’état.
 
2)     Pourquoi la cité grecque antique n’est-elle pas un Etat ?
  • Première raison : la contradiction que nous comprenons aujourd'hui entre l’état de nature et l’Etat. L’un n’est pas l’autre. C’est complètement différent des grecs : Aristote démontre que l’état est un être naturel, or au contraire, aujourd'hui on trouve que l’état est un être artificiel, produit et décidé par la raison des hommes.
  • Cf. texte de Hobbes (XVIIe) : l’inverse d’Aristote.
-         L’Etat est comme un automate, est un homme artificiel.
 
  • La Nature n’est pas le fondement du politique. Il ne s’agit plus d’imiter l’ordre du cosmos (=monde ordonné, chez les stoïciens). On doit aussi opposer le fondement étique de la cité antique au fondement moral de l’état moderne
Caractéristiques de la cité antique. La cité antique est assez différente de ce qu’on appelle aujourd'hui un Etat.
Elle est d’une part fondée sur la nature et d’autre part sur l’éthique, et donc elle est donc immorale et amorale.
Amoral : ce qui se situe en deçà du bien et du mal, qui ne pense ni à Bien ni à Mal. Illustrations : la moralité, c’est le statut de l’enfant chez JJR : l’enfant lorsqu’il n’agit n’a pas conscience du bien ou du mal, c’est après lorsqu’il réfléchit qu’il s’en rend compte. C’est aussi l’homme à l’état de nature : le sauvage à l’état de nature conduit son action à la façon même de l’enfant : il n’est pas bon, ni mauvais, il est motivé par la pitié et l’amour de soi. Machiavel a une conception de la politique amorale : le prince ne doit pas être pervers mais ça veut dire que le prince doit penser l’efficacité politique, et non pas les critères extrapolitiques. D’ailleurs cette perspective amorale se trouve explicitement revendiquée par Aristote : il donne des conseille au tyran pour évite les séditions. Et Aristote se défend en disant que c’est un livre qui est consacré non pas à ce qu’on devrait faire de façon morale mais sur l’efficacité politique. L’efficacité politique implique une position amorale du politique. Cette efficacité amorale du politique est d’ailleurs une efficacité .qui est souvent revendiqué à l’époque moderne. Réception de Kadhafi, et président chinois ? Réponse : distinction politique et la morale. C’est politique et le domaine du choix politique se situe par delà la question du bien et du mal. Immoral : pervers, méchant. Transmuter les valeurs du bien et mal : faire le mal à la place du bien, inverser les deux valeurs. Le fondement de la politique, ne doit –il pas être jugé comme de l’immoralisme ?
Ajustée sur la commune plutôt que sur l nation, c’est un Etat à l’échelle de la commune (de la ville). Il n’y a pas d’Etat Grecques. La cité antique est fondée sur le principe que l’homme ne peut être homme sans être. Peut-on être homme sans être citoyen ? La citoyenneté est la vertu de l’homme.
Transition : Comment et pourquoi inversement à la cité grecques, l’Etat moderne a-t-il cherché son origine dans l’artifice et non plus dans la nature, dans la moralité et non plus dans l’étique, dans l’autonomie du politique vis-à-vis du religieux mais aussi vis-à-vis de l’économie ? Enfin, car on ne peut pas interroger le politique sans interroger l’homme, on aura à se demander quelle signification de l’homme suppose la révolution politique de la modernité.
 
I)                   La construction de l’état moderne/ La naissance de l’Etat moderne
1)     Originalité et exclusivité du champ du politique
  • Originalité : C’est la caractéristique de qqch de nouveau, qui ne s’est jamais fait, qqch d’inouï ou d’inédit. Conception tout à fait inédite et inouïe de l’Etat.
  • Exclusivité : le champ du politique va être exclusif des autres champs (économiques, de la morale, …).
  • Rappelons que la cité antique maintenait une continuité entre la nature et l’institution politique. L’argument pour le montrer c’est convoquer le texte d’Aristote : la cité nait de la perfection de tous les besoins, donc la cité est naturelle (village, Etat, cf. cours). Et d’autre part, il existait aussi chez les anciens un lien étroit entre le politique et le religieux. Il faut ici rappeler des éléments de mythologie.
→ Quelle est l’origine d’Athènes dans la mythologie ? Il y a Athènes le mythe du premier citoyen. Athènes, à son origine, avait Erichthonios, fils d’Héphaïstos (dieu de la forge) et de Gaya (la terre). Le sperme d’Héphaïstos se répand sur la cuisse d’Athéna qu’il essayait d’abuser. De là est né le mythe du premier citoyen, et les Panathénées (fête des citoyens d’Athènes qui vénère cette naissance d’Athènes, représentation sur la frise du Parthénon, British Museum).
→ De la même façon, c’est qqch qu'on retrouverait à l’identique à Rome. Le fondateur de Rome en 753 avant JC, Romulus descendant d’Enée et Rhéa Silvia. 
  • Il y a dans l’institution même de l’Etat, il y a une origine religieuse, le politique a pour fondement le religieux.
  • Par rapport à cela, les modernes vont instaurer une double rupture : révolution qui donne une impression négative du politique. L’ordre de la nature est pensé par les modernes comme ce qui relève de l’infra politique. D’autre part, rupture également par rapport au religieux qui est pensé la comme du supra politique. En fait, on s’aperçoit ici que la volonté des modernes : rappeler que la politique est affaire de l’homme. L’homme est bien un animal, mais un animal capable de vouloir contre la nature ; et l’homme n’est pas un dieu et ne dépend pas d’une puissance transcendante mais il est capable d’instituer librement ce qu’il veut. La modernité ≠ Antiquité : c’est qqch qui nait avec l’humanisme au courant du XVe. De ce point de vue là, celui du changement, l’importance décisive des philosophes du contrat social (XVIIe siècle début avec Hobbes, idée du contrat social vient un peu avant), appelés aussi philosophes contractualistes du XVIIe et XVIIIe : Locke, Hobbes et Rousseau.
 
1.1)  Le refus de la détermination immanente de la nature
  • Au XVIIIe, il y a des penseurs qui pensent qu’il y a un intérêt véritable à penser l’origine de l’Etat dans la nature.
  • Philosophie contractualiste : La séparation de l’état de nature et de l’état civil.
  • Etat de Nature → Contrat social (pacte d’association : JJR : les individus se rassemblent dans une volonté commune, volonté générale, et un pacte d’institution) → Etat.  On remet en cause le schéma d’égalité entre l’Etat de nature et l’Etat. Cette distinction implique que ces philosophes ce qu’il faut entre par état et état de nature. De ce point de vue là, on peut se reporter au DSOFIPLH ou Second Discours de JJR, dans lequel il nous présente sa conception de l’Etat de nature (lire la préface). Qu’est ce que la nature ? La nature est pensée comme une origine. On sait très bien que la question que pose Rousseau dans la préface : cette origine doit elle être penser comme un commencement ou un fondement ? Le problème de l’Etat de nature est comparable à la statue de Gracchus, méconnaissable : laver la statue pour redécouvrir intacte la statue du dieu, ou le sel à attaquer la pierre, on ne retrouvera jamais intacte la statue. Pour JJR, l’état de nature est caché, et non perdu. « L’état de nature qui n’existe pas, qui n’a jamais existé, et qui probablement n’existera jamais ». Plus tard, c’est une hypothèse qu’il imagine pour mieux rendre compte de notre Etat présent. Mais c’est qqch qui est couvert par la culture, les coutumes … Dissociation entre la nature et la politique → dissociation nature et culture La culture désigne en effet tout ce que l’homme a jeté, ou a transformé de la nature. Le politique est une manifestation éminente de la culture puisque l’Etat ne pousse dans la nature, mais l’Etat est artificiellement et conventionnellement décidé par la volonté générale. Parce que l’Etat une création artificielle, l’Etat est une bien une institution juridique qui vient d’une volonté transcendante à la Nature (on pourrait bien vivre sans Etat, et même peut être bien vivre (≠Aristote)). L’état est donc une décision prise contre la nature. C’est ce que JJR indique Contrat social, Livre I, Chapitre I : « Cependant ce droit [constitutionnel à l’origine de l’état] ne vient point de la nature, il est donc fondé sur des conventions. » L’état de droit (l’état de droit positif) se fonde sur une institution juridique, c’est la constitution de l’Etat (système des lois dirigées vers un certain esprit → régime politique). Et c’est en ce sens, en se libérant de la nature que l’état est à la fois le produit de la liberté de l’homme et la garantie de sa liberté. C’est par le droit institué par l’état, que l’homme peut être libre. C’est d’ailleurs ce qui conduira plus tard Hegel dans La philosophie de l’Esprit, §486 à définir le droit comme ce qui englobe « toutes les déterminations de la liberté ». Le droit, c’est la liberté. Remarque : quand je parle du droit ici et je cite Hegel, il s’agit du droit positif. Le droit positif est un droit qui s’oppose au droit naturel (→ Antigone, Sophocle). On peut donc dire les philosophes du contrat social sont donc des philosophes qui affirment la légitimité du droit positif sur le droit naturel ou encore la supériorité du droit positif sur le droit naturel. Quand on lit JJR, on a toujours une position claire : le droit de nature n’existe pas, c’est une erreur. Soit on est dans la nature ou dans le droit, mais pas les deux en même temps. Ce qui fiat exercer par les hommes une puissance naturelle n’est pas la même chose que l’ordre du droit (pistolet, donner bourse et non la vie, pas réfléchir, a-t-on le droit de lui donner sa bourse ?). Le problème : lorsque JRR pense à cette distinction pense à un autre philosophe contractualistes qui pense aussi un droit naturel, Hobbes. Chez Hobbes, il y a un droit naturel. Ne jamais écrire que les philosophes contractualistes nient le droit naturel. Le droit naturel chez Hobbes, il y a l’expression du droit naturel et de la loi naturelle. Le droit naturel, c’est le droit que tous les individus possèdent dans l’état de nature de tout faire pour sauver leur vie et leurs biens. Mais ce qui permet d’appliquer ce droit, c'est-à-dire de la rendre réel et efficient c’est la loi. La loi naturelle vous oblige à faire tout ce qui est possible pour ne pas mourir. On est obligés de la suivre parce que ça vient de soi. Il y a un droit naturel mais aussi un droit positif. Hobbes, penseur du contrat social, il pense que les individus se rassemblent pour décider le passage à l’état, et l’institution d’une constitution. Hobbes : instituer l’Etat car c’est l’institution la plus grande pour garantir ma sécurité. Mais ça veut donc dire que le droit positif chez Hobbes est hiérarchiquement supérieur au droit naturel, puisqu’il est plus efficace. Le droit naturel ne suffit pas garantir ma sécurité. Mais ce qui est efficace, c’est le droit positif, c’est là où on retrouve la conception contractualistes de Hobbes. Pas la même conception du droit naturel, mais point commun : institution du droit politique. Rup

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