La Princesse de Clèves
Publié le 12/04/2013
Extrait du document
En 1961 , Jean Delannoy a réalisé une version cinématographique de La Princesse de Clèves, dans une adaptation et des dialogues de Jean Cocteau, avec Marina Vlady (la princesse de Clèves), Jean Marais (son époux) et Jean-François Poron (le duc de Nemours) dans les rôles principaux.
«
« Elle était aimée et
admirée de toute la
cour, excepté de
Mme de Valentinois.
»
EXT RAI TS
M.
de Nemours s'éprend
de Mme de Clèves
La passion de M.
de Nemours pour Mme de
Clèves
fut d 'abord si violente qu'elle lui
ôta le goût et même le souvenir de toutes
les
personnes qu'il avait aimées et avec
qui il avait conservé des commerces pen
dant son absence.
( ...
) Mme la Dau
phine , pour qui il
avait eu des sen
timents assez pas
sionnés , ne
put tenir
dans son cœur contre
Mme de Clèves.
Son
impatience pour le
voyage d'Angleterre
commença
même à
se ralentir et il ne
pressa
plus avec
autant d 'ardeur les
choses qui étaient
nécessaires pour son
départ.
Il allait sou
v e nt che z la reine dauphine, parce que Mme
de Clèves y allait souvent , et il n'était pas
fâ ché de laisser imaginer ce qu'on avait cru
de ses sentiments pour cette reine.
Mme de
Clèves lui paraissait d'un si grand prix qu'il
se résolut de manquer plutôt à lui donner
des marques de sa passion que de hasarder
de la faire con'naître au public.
Il n'en parla
pas même au vidame de Chartres , qui était
son ami intime , et
pour qui il n'avait rien de
caché.
Il prit une conduite si sage et s' ob
serva avec tant de soin que personne ne le
soupçonna d'être amoureux de Mme de
Clèves que le chevalier de Guise.
Le désarroi de M.
de Nemours
Qu'aurais-je à lui dire ? s'écriait-il.
Irais-je
encore lui montrer ce que je ne lui ai déjà
que trop fait connaître
? Lui ferais-je voir
que
je sais qu'elle m'aime, moi qui n'ai
jamais seulement osé lui dire que je l'ai- mais
? Commencerais-je
à lui parler ouver
tement
de ma passion, afin de lui paraître un
homme devenu hardi par des espérances
?
Puis-je penser seulement à l'approcher et
oserais-je lui donner l'embarras
de soutenir
ma vue
? Par où pourrais-je me justifier ? Je
n 'ai point d'excuse,
je suis indigne d'être
regardé
par Mme de Clèves et je n'espère
pas aussi qu'elle me regarde jamais.
Mme de Clèves, jeune veuve, s'interdit
d'épouser l'homme qu'elle aime
Mme de Clèves n'était pas en état d'en
trouver [du repos], ce lui était une chose si
nouvelle d'être sortie de cette contrainte
qu'elle s'était imposée , d'avoir souffert,
pour la première fois de sa vie, qu'on lui dît
qu'on était amoureux
d'elle, et d'avoir dit elle
même qu'elle aimait,
qu'elle ne se connaissait
plus.
Elle fut étonnée de
ce qu'elle avait
fait; elle
s 'en repentit ; elle en eut
de la joie : tous ses sen
timents étaient pleins de
trouble
et de passion.
Elle examina encore les
raisons de son devoir qui
s'opposaient à son bon
heur ; elle sentit de la
douleur de les trouver si
fortes et elle se repentit
de les avoir si bien mon
trées à M.
de Nemours.
Quoique la pensée de
l'épouser lui fût venue
dans l'esprit sitôt qu'elle
l'a vait revu dans ce
jardin, elle ne lui avait
pas fait la même
impression que venait de faire la conversa
tion qu'elle avait eue avec lui ; et il y avait
des moments où elle
avait de la peine à
comprendre qu'elle
pût être maheureuse en
l'épousant.
« La Princesse de
Clèves demeure un des
plus beaux romans
psychologiques de
notre littérature, le plus
achevé de la période
classique.
Avec cette
œuvre, le roman s'élève
pour la première fois au
niveau des plus nobles
genres littéraires.
»
Philippe Van Tieghem.
« Mme de Clèves fut
extrêmement surprise
de
le voir.
Elle rougit
et essaya de cacher sa
rougeur.»
,,
N OTE S DE L' EDIT EU R Quelle de nos bergères s'aviserait d'imiter
cette princesse dénuée d'esprit? »
aime et refuse pendant vingt-deux pages de
lui parler.
..
»
Roman extrêmement controversé, adoré ou
détesté,
La Princesse de Clèves a suscité ,
dès sa parution en 1678, un déchaînement
du public.
Dès le mois d'avril, Donneau de
Visé, le directeur du
Mercure galant, faisait
réaliser un sondage dans les provinces pour
savoir ce que pensaient les lecteurs de
l'aveu de la princesse.
« Pareil aveu ne
sortit jamais de lèvres féminines dans mon
rustique pays, écrit un correspondant.
Un certain abbé de Chames riposta au
roman
en publiant Conversation sur la
critique de la Princesse de Clèves, en mai
1679, dans laquelle il affirmait que
la scène
de
l'aveu était empruntée à Corneille.
Max Jacob se moquait de cette dame
« qui
parle en style oraison funèbre à sa femme
de chambre, rougit devant
l'homme qu'elle
1 cliché B.N .
/ Giraudon 2, 3 , 4 lith ograp h ies de Marie Lau renci n, L affo nt, Paris , 1947 / B.N.
Mais il en est aussi pour établir quelque
parenté entre la princesse sacrifiée et
l'Alissa de La Porte étroite (Gide).
On sait
par ailleurs que Raymond Radiguet rêvait
d'imiter ce roman en écrivant Le Bal du
comte d' Orge/.
«La Princesse de Clèves est le prototype du
roman français.
» Michel Raimond.
LA FA YE TIE 02.
»
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