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Question de synthèse sur l'acte III scène 3 Lorenzaccio

Publié le 05/01/2013

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question
Comment cette scène construit-elle la dimension héroïque et tragique du héros ?   Cette scène succède à l'arrestation de Pierre et Thomas Strozzi, appartenant à la famille républicaine. Dans cette scène, Lorenzo dévoile ses projets devant le chef du parti républicain Philippe Strozzi. «Je suis en effet précieux pour vous, car je tuerai Alexandre«. En dévoilant ses intentions, Lorenzo nous montre qu'il est convaincu de l'inutilité d'une quelconque action historique. Ayant perdu toutes les illusions pures de sa jeunesse, il ne se bat plus pour l'idéal révolutionnaire qui lui a été autrefois inspiré mais pour lui, ce meurtre est l'acte qui lui permettrait de coïncider avec celui qu'il était auparavant. Cette tirade est une réaction qui, pour Philippe est incompréhensible mais devient dès lors un sorte de plaidoyer ou Lorenzo tente d'élucider le mystère de son attitude, de dévoiler ses motifs cachés et de dénoncer les citoyens de Florence d'en faire une sorte de procès. Alors que les répliques de Lorenzo sont longues, celles de Philippe ne le sont pas. Philippe semble servir qu'à relancer le monologue intérieur de Lorenzo et le pousse à se dévoiler davantage à se confesser. Comment cette scène construit-elle la dimension héroïque et tragique du héros? Nous étudierons cette question tout d'abord avec l'ultime tentative pour Lorenzo d'échapper à l'absurde en étant tragique pour enfin nous diriger vers le procès des hommes et sa revendication de l’identité héroïque. C'est ce que nous allons voir successivement. La confession de Lorenzo relève sa vraie nature. Tout d'abord, Lorenzo évoque sa jeunesse, il exprime ici sa désillusion: «je marchais«, «je croyais«, «j’avais commencé«, «j’entrai«, «je vis«, «j’ai vu« «je me suis dit«. Il passe du temps passé au temps présent. On observe également l'utilisation des pronoms de la première personne, les images et les comparaisons «comme un enfant de dix ans […]«, «l’humanité souleva sa robe, et me montra […] sa monstrueuse nudité«, «comme à un adepte digne d’elle«, «j’ai avalé […] les larmes les plus vertueuses «,  mais se demande aussi « Suis-je Satan ? Lumière du ciel! « Nous avons ici une antithèse mais une question oratoire également. Puis il fait part de son plan. Il est certes conscient de la vanité de son action à venir, mais pour lui, l'assassinat du duc représente le sauvetage, qui, à défaut de lui rendre son innocence qu'il a perdu, rend le sacrifice pas complètement inutile et insensé. On voit un Lorenzo déterminé grâce au geste violent que nous décrit les didascalies. « Frappe sa poitrine «. Ce sacrifice apparaît à travers la représentation que Lorenzo se fait de lui même: un être perverti, évidé, avec le champ lexical de la mort, de la haine, de la violence, de la pourriture : « m'empoisonne « « spectre « « squelette « « l'ombre de moi même « « m’assommer «, « bûche pourrie «, « rage «, « cadavres «, « charogne «. Ici, Lorenzo semble déjà être mort. Ayant épuisé toute son énergie pour parvenir au tyran, il ne peut donc plus faire marche arrière et changer d'objectif à la dernière minute sans se condamner soi même à l'absurde. Les motivations du tyrannicide de celui-ci sont personnelles et l'utilisation des pronoms nous le montre « je « ainsi que les adjectifs possessifs à la première personne. Toute sa motivation repose sur des sentiments : la honte, l’orgueil, la vertu, l'honneur et son désir de notoriété. Ce n'est plus un crime politique mais il s'agit d'éliminer un tyran, c'est donc un projet égoïste, il recherche de la rédemption. Mais a-t-il vraiment le choix de commettre ou de ne pas commettre ce meurtre ? Ce meurtre nous apparaît comme le dernier recours d'un condamné. Là aussi les images utilisées par le héros sont significatives avec la métaphore « sur un mur taillé à pic « ; Lorenzo tient à accomplir car c'est la seule attache qui l’empêche de sombrer dans l’abîme du non sens « le meurtre est le seul brin d'herbe ou j'ai pu cramponner mes ongles « c'est là que se révèle tout le tragique de ce personnage. D'un coté le tyrannicide n'est pas pour lui un acte de politique pur mais une affaire de vie ou de mort, de l'autre coté il est parfaitement conscient que ce meurtre ne lui apportera pas le salut et ne le compensera pas de son l'échec de son action politique et de son projet révolutionnaire. Comme la plupart des héros romantiques, Lorenzo a fait l’expérience du désenchantement. Il a perdu toutes les illusions mais à travers son tyrannicide il tente de limiter les dégâts en préservant une certaine unité de soi même, c'est à dire ce fil qui le rattache à celui qu'il était autrefois. Il ne se bat pas pour les idées, mais pour la beauté et la grandeur d'un acte qui pourrait lui permettre de coïncider de nouveau avec lui même. Ainsi, dans un registre pathétique, le narrateur nous donne un portrait d'un héros tragique. La structure du plaidoyer s'adresse à Philippe, Lorenzo plaide sa propre cause aux yeux d'une société qui le considère à priori comme un lâche. Toute la tirade est une réaction suscitée par la question de Philippe qui témoigne d’incompréhension sociale. Nous allons donc voir qu'à travers ce plaidoyer, Lorenzo va dénoncer l'attitude les républicains. On constate que c'est une scène de dévoilement. « Veux-tu que je laisse mourir en silence l'énigme de ma vie « la problématique de l'être (personnage héroïque qui s'est sacrifié pour un idéal révolutionnaire, et qui mène une action en tout seul) et du paraître (le Lorenzaccio méprisé par les florentins) est ici évidente. Cette scène se présente comme une confidence, comme un dévoilement de l'être, du Lorenzo véritable qui se cache sous le masque étouffant du vice qui lui est resté collé au visage. Le héros, longtemps considéré comme le proxénète du tyran, comme une femmelette qui a peur de l'épée, veut désormais dévoiler aux hommes sa véritable nature, et les mettre ainsi devant leur responsabilité historique. Il dénonce que les républicains parlent mais n'agissent pas, il se moque de leur attitude. Il dénonce la lâcheté des républicains. «Qui m'accablent d'injures pour se dispenser de m'assommer.« Lorenzo n'a plus rien à perdre, en accomplissant donc son tyrannicide, il prend les hommes de court, en les amenant à reconnaître leur propre défaillance. Lorenzo refuse de continuer à jouer le rôle de bouc émissaire que les républicains chargent de tous les défauts pour ne pas reconnaître les leurs. Il les décrit comme des républicains «sans bras« «sans noms« qui formulent des projets révolutionnaires sans jamais les mettre en application. «Bavardages« «brailler en plein vent«. Il utilise ici un lexique péjoratif. Lorenzo veut mettre chacun à sa véritable place et a son propre mérite. Ne pouvant plus supporter le jeu de dupes, Lorenzaccio laisse exprimer sa révolte, sa colère «j'en ai assez«. Il entend ainsi à se démarquer des autres florentins considérés comme des troupeaux mené par le «conducteur de bœuf« qui est le duc Alexandre mais au lieu de le nommer ainsi, il utilise une périphrase dévalorisante qui montre qu'il le méprise. A travers ce procès, Lorenzo revendique la singularité de l’héroïsme. Seul contre tous, Lorenzo ne fait pas seulement le procès des républicains mais il énonce clairement le rapport conflictuel qu'il entretient avec les hommes, et avec le monde entier «il faut que je le monde sache un peu qui je suis, et qui il est.« ce parallélisme met les deux entités sur le même pied d'égalité. Lorenzo se pose ici en tant que juge, au-dessus de tous les autres. Il passe ici d'un plaidoyer à un réquisitoire car il attaque les autres et ne se défend plus. «Dans deux jours les hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté«. On a une opposition entre les pronoms personnels «ils« et «je« qui montre qu'il affirme sa différence. A chaque fois, la première personne domine. «Ils agissent ou n'agissent pas, j'aurai dit aussi ce que j'ai a dire; je leur ferai tailler leurs plumes si je ne leur fais pas nettoyer leurs piques, et l'humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée marqué en traits de sang. Qu'ils m'appellent comme ils voudront (...), il ne me plaît pas qu'ils m'oublient. Ma vie entière est au bout de ma dague (...) je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre-dans deux jours, les hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté«. Il insiste sur la date, il utilise le présent pour évoquer une action future parce qu'elle est imminente. A la fin de la tirade, le temps dominant est le futur : il fait une prophétie, il annonce ce qu'il va se passer sans aucun doute. Son ultime but est d'inscrire son nom dans le livre de l'histoire, forcer la reconnaissance des autres en accomplissant une action que ceux ci sont incapables de mener. Un but qui reste cependant, vu les circonstances historiques, fortement incertain et hasardeux. «L’humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée marqué en traits de sang.« il veut se venger mais que les gens se souviennent de lui également. Et il se compare à deux personnages historiques qui ont commis un assassinat «Brutus« et «Erostrate«. Lui aussi deviendra peut-être un personnage historique. Il ne sait pas encore si son geste sera apprécié ou non. «Je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre «. Pour conclure, nous pouvons dire qu'à travers la prise de conscience de Lorenzo c'est bel et bien un héros tragique puisqu'il sait que son acte est inutile au niveau politique, mais persiste à le faire quand même. Il est aussi pessimiste et ne croit pas au bien et au mal. Il porte un regard sombre sur l'humanité qui pour lui est vénale, corrompue et vile. Mais c'est un héros héroïque puisqu'il le fait pour son propre bien. C'est également un héros romantique car cette scène révèle le chaos intérieur qui règne dans la conscience de Lorenzo qui est divisé, il regrette les années de la vertu et de la pureté mais son double ténébreux le porte vers la débauche, le vice et la corruption. Son côté héroïque se voit à travers la comparaison de deux héros qu’il mentionne dont Brutus.
question

« vertueuses »,  mais se demande aussi « Suis-je Satan ? Lumière du ciel! » Nous avons ici une antithèse mais une question oratoire également.

Puis il fait part de son plan. Il est certes conscient de la vanité de son action à venir, mais pour lui, l'assassinat du duc représente le sauvetage, qui, à défaut de lui rendre son innocence qu'il a perdu, rend le sacrifice pas complètement inutile et insensé.

On voit un Lorenzo déterminé grâce au geste violent que nous décrit les didascalies.

« Frappe sa poitrine ». Ce sacrifice apparaît à travers la représentation que Lorenzo se fait de lui même: un être perverti, évidé, avec le champ lexical de la mort, de la haine, de la violence, de la pourriture : « m'empoisonne » « spectre » « squelette » « l'ombre de moi même » « m'assommer », « bûche pourrie », « rage », « cadavres », « charogne ». Ici, Lorenzo semble déjà être mort.

Ayant épuisé toute son énergie pour parvenir au tyran, il ne peut donc plus faire marche arrière et changer d'objectif à la dernière minute sans se condamner soi même à l'absurde. Les motivations du tyrannicide de celui-ci sont personnelles et l'utilisation des pronoms nous le montre « je » ainsi que les adjectifs possessifs à la première personne.

Toute sa motivation repose sur des sentiments : la honte, l'orgueil, la vertu, l'honneur et son désir de notoriété.

Ce n'est plus un crime politique mais il s'agit d'éliminer un tyran, c'est donc un projet égoïste, il recherche de la rédemption.

Mais a-t-il vraiment le choix de commettre ou de ne pas commettre ce meurtre ? Ce meurtre nous apparaît comme le dernier recours d'un condamné.

Là aussi les images utilisées par le héros sont significatives avec la métaphore « sur un mur taillé à pic » ; Lorenzo tient à accomplir car c'est la seule attache qui l'empêche de sombrer dans l'abîme du non sens « le meurtre est le seul brin d'herbe ou j'ai pu cramponner mes ongles » c'est là que se révèle tout le tragique de ce personnage.

D'un coté le tyrannicide n'est pas pour lui un acte de politique pur mais une affaire de vie ou de mort, de l'autre coté il est parfaitement conscient que ce meurtre ne lui apportera pas le salut et ne le compensera pas de son l'échec de son action politique et de son projet révolutionnaire.

Comme la plupart des héros romantiques, Lorenzo a fait l'expérience du désenchantement.

Il a perdu toutes les illusions mais à travers son tyrannicide il tente de limiter les dégâts en préservant une certaine unité de soi même, c'est à dire ce fil qui le rattache à celui qu'il était autrefois.

Il ne se bat pas pour les idées, mais pour la beauté et la grandeur d'un acte qui pourrait lui permettre de coïncider de nouveau avec lui même.. »

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