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En quoi Candide ou l'Optimisme est-il un conte philosophique ?

Publié le 18/09/2010

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conte

 

I. Un élément propre au conte

 

II. Une dénonciation du XVIIIème siècle

 

III. Pour penser par nous même, nous faire réfléchir

 

Nous sommes en 1758, au moment où la vie de Voltaire est une période pénible, de rupture et d’instabilité, notamment à cause de la guerre de 7 ans, entre la France et la Prusse. C’est aussi une période de crise dans les événements extérieurs : il y a eu un tremblement de terre très dévastateur à Lisbonne en 1755 qui l'a beaucoup marqué. Voltaire retrouve alors la veine du polémiste, et, pour mener son combat contre l'optimisme, le fanatisme et les aberrations de la société, il choisit le conte. C’est alors que Candide ou l’Optimisme paraît à Genève en janvier 1759. Nous allons donc nous demander en quoi Candide est un conte philosophique. Nous verrons d’abord que c’est un élément propre au conte. Nous montrerons ensuite qu’il s’agit d’une dénonciation du XVIIIème siècle. Enfin, nous expliquerons qu’il a pour but de nous faire penser par nous même et de nous faire réfléchir.

 

Dès les premières lignes, Voltaire nous fait rentrer dans un univers merveilleux. Il use pour cela de formules telles que « Il y avait en Westphalie «, équivalent à « Il était une fois «. Cette structure narrative propre au conte est aussi respectée par le schéma narratif. Tout d’abord la situation initiale : l'histoire commence dans le plus beau des châteaux, et le meilleur des mondes possibles. On peut qualifier d’élément perturbateur le fait que Candide ne puisse convoiter Cunégonde, la fille du baron, et que malgré tout, ces deux personnes soient surprises ensemble derrière le paravent. 

Le genre littéraire qu’est le conte a pour objectif de divertir le lecteur. En effet, dans son œuvre, Voltaire mêle à la fois des pauses narratives et longueurs de description à une action rapide. Par exemple, dans le chapitre 5, quelques lignes seulement contiennent la tempête, le naufrage, le séisme. « Il s'en retournait, se soutenant à peine, prêché, fessé, absous et béni, lorsqu'une vieille l'aborda et lui dit [...] «. Cette phrase du chapitre 6 montre qu’une seule ligne peut contenir une série d’actions. Cependant les chapitres 17 et 18, consacrés à l’Eldorado, sont assez calmes. Ils marquent une pause dans le récit, notamment grâce aux amples descriptions des paysages.

 

Voltaire s’en prend à la théorie de Leibniz : « Tout est bien dans le meilleur des mondes «. Il critique l’optimisme à travers le personnage de Pangloss : il a foi en cette théorie, et ne la remet pas en question, même devant les pires horreurs. Il est ridicule et Voltaire montre qu’il raisonne faux en détruisant ses théories, dont l’ironie souligne leur incohérence. Mais malgré ce que lui enseigne Pangloss, Candide est confronté aux maux qui existent dans le monde. Il découvre l’horreur partout et l’indifférence divine. Cependant, l’Eldorado fait figure d’utopie, mais Candide le quitte malgré tout pour retrouver Cunégonde. Ainsi, le lecteur observe le changement d'opinion du héros éponyme au fil du texte.

Candide ou l’Optimisme est une bonne occasion pour Voltaire de critiquer la superstition, le fanatisme et l’intolérance, même s’il n’est pas ennemi systématique de la religion. Il dénonce tout d’abord le moine qui dérobe les diamants de Cunégonde, l’immoralité et le libertinage de l’abbé périgourdin, l’alliance que fait le grand Inquisiteur avec un juif (qu’il aurait d’ordinaire envoyé au bucher) pour se partager Cunégonde. L’alliance de l’Eglise et de la politique est aussi le sujet de la critique de Voltaire. Il la dénonce à plusieurs reprises : au chapitre 2 : les deux rois ennemis se battent au nom de Dieu et le remercie une fois le combat terminé, au chapitre 14 : les jésuites exercent une domination tyrannique sur le Paraguay, au chapitre 19 : l’esclavage est justifié par le pouvoir religieux. Et enfin, la religion est aussi dénoncée par l’Inquisition. Le chapitre 6 lui est consacré. On y observe une insistance sur l’intolérance et l’horreur d’une décision absurde ainsi que sur le peu d’importance accordé à la vie humaine. 

On retrouve aussi une critique de l’injustice et de l’arbitraire. Dans le chapitre 2, Voltaire dénonce les pratiques d’enrôlement (courantes à l’époque) et la privation injustifiées de liberté. L’inquisiteur est mis en scène afin de dénoncer l’arbitraire : les personnages qui utilisent l’autorité dans la mesure où elle peut servir dans son propre intérêt. La guerre est évoquée afin de dénoncer la violence de l’arbitraire et de montrer la responsabilité du pouvoir politique. Dans le chapitre 3, la guerre repose sur une fausse image de l’esthétique, alors que dans le chapitre 23 elle est basée sur l’incohérence des comportements. Quand au chapitre 2, il décrit les horreurs des situations qu’elle provoque. 

 

Voltaire dénonce donc des mœurs tel un philosophe des Lumières. A travers Candide ou l’Optimisme, il pousse le lecteur à réfléchir par lui-même et remet beaucoup de choses en question. Notamment en décrivant la société idéale à ses yeux, privilégiant les sciences, et où le roi est accessible et ouvert à tous. 

Le conte est parodié et un ton ironique est employé, par exemple le baron est considéré comme riche et puissant car « son château avait une porte et des fenêtres «. La naïveté de Candide peut pousser le lecteur à s’interroger sur sa propre naïveté. Il est possible que Voltaire ai voulu que le lecteur s’apparente à Candide et qu’il réfléchisse à ce qu’on veut lui faire croire.

 

Ainsi, Candide ou l’Optimisme est caractéristique du conte, il dénonce le XVIIIème siècle et nous fait penser et réfléchir par nous même. Cette œuvre appartient donc au registre littéraire du conte philosophique. Les nombreuses critiques que fait Voltaire dans son œuvre auraient pu la rendre censurée. C’est pourquoi elle a été éditée en Suisse, afin de contourner cette censure française.

 

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