Devoir de Philosophie

La Rencontre Amoureuse : Thérèse Et Laurent Raquin (Zola) - Commentaire

Publié le 12/09/2011

Extrait du document

raquin

A travers un point de vue interne, le narrateur dresse le portrait de Laurent d'après le regard de Thérèse. La description de Laurent est le seul passage du texte où le discours descriptif est employé, laissant place avant et après au discours narratif. On relève une énumération d'adjectifs tels que « grand, fort, le visage frais « (l.5), ce qui donne une force quantitative et un effet de profusion à la description de Laurent. Ce dernier est animalisé, se voyant attribuer des caractères pourtant propres aux bovins tels que « chevelure rude « (l.4), « joues plaines « (l.4), « lèvres rouges « (l.5), ou encore « chair épaisse « (l.10). Son « front bas « (l.4) s'oppose en tout point au front humain type, à savoir un front haut. En outre, Laurent possède un « dos bombé « (l.9), une caractéristique purement animale ; la bête courbée se distinguant de l'homme droit. Le narrateur précise également qu'il a « cou de taureau « (l.12), comparaison au mammifère ruminant.

raquin

« donne une force quantitative et un effet de profusion à la description de Laurent.

Ce dernier est animalisé, sevoyant attribuer des caractères pourtant propres aux bovins tels que « chevelure rude » (l.4), « joues plaines »(l.4), « lèvres rouges » (l.5), ou encore « chair épaisse » (l.10).

Son « front bas » (l.4) s'oppose en tout point aufront humain type, à savoir un front haut.

En outre, Laurent possède un « dos bombé » (l.9), une caractéristiquepurement animale ; la bête courbée se distinguant de l'homme droit.

Le narrateur précise également qu'il a « cou detaureau » (l.12), comparaison au mammifère ruminant.

Or, le taureau comporte une symbolique lourde de sens, àsavoir celle de l'avidité et du mâle impétueux.

La description renvoie d'ailleurs à la virilité masculine, d'où les « doigtscarrés » (l.8) et les « grosses mains » (l.6) de Laurent.

La phrase liminaire du texte témoigne parfaitement de cettesituation où Laurent, l'homme viril par excellence, impose sa domination, se comporte en maître des lieux, d'oùl'emploi du verbe pronominal réfléchi « s'installa » conjugué au passé simple de l'indicatif.

L'emploi de l'adverbe« parfaitement » (l.18) témoigne de la détermination dont fait preuve Laurent.Cette virilité exacerbée s'oppose en tout point à la position du chétif Camille, complètement occulté dans cettescène.

Il est comme invisible, spectateur ignorant de la rencontre.

Il n'est mentionné qu'à une reprise dans le texte,lorsque le narrateur précise qu'il « étala ses volumes de Buffon », ce qui confère un caractère intellectuel à Camille,en tout point opposé à l'idéal masculin recherché et désiré par Thérèse.

Le choix d'insérer dans le texte desouvrages du comte de Buffon n'est pas anodin : tout d'abord, le nom de l'écrivain fait écho au nom masculin français« bouffon », renvoyant à la situation du pauvre Camille.

Mais le comte de Buffon fut aussi un grand mathématicien,précurseur du Darwinisme et féru d'anatomie, à laquelle il accordait une grande place.

Cette référence inter-textuelle est donc un hommage implicite qu'a voulu insérer le narrateur dans le texte.

Ce dernier précise par la suiteque Camille étale également « ses livraisons à dix centimes, pour montrer à son ami qu'il travaillait » (l.14).

Cetteremarque est doublement cruelle pour Camille.

Son travail est en effet dévalorisé par l'expression péjorative « à dixcentimes ».

Mais de plus, il veut « montrer à son ami qu'il travaillait », il a donc une volonté de se justifier, unsentiment d'infériorité, la volonté inassouvie de s'imposer et la conscience de ne pas faire jeu égal avec Laurent.

Enoutre, le choix du prénom de Camille n'est pas anodin étant donné qu'il s'agit d'un prénom mixte, porté aussi bien parles hommes que par les femmes.

Ce procédé permet de mettre en exergue la faible part de masculinité de Camille. Ce texte relève donc d'un topos de la rencontre passionnelle en littérature, et non de la rencontre amoureuse,puisque nous avons explicité ci-dessus les différences qui constituent la frontière entre amour et passion.

Véritablescène clé de Thérèse Raquin - le roman éponyme d'Emile Zola-, ce texte annonce le rôle prépondérant de Laurentau sein de la famille Raquin et de l'œuvre en elle-même.

Ce dernier est décrit comme l'incarnation du mâle viril, maisla description qui en est faite rappelle également certaines caractéristiques propres aux bovins.

Sa carrure trancheavec la fébrilité du pauvre Camille.

La passion naissante entre les deux futurs amants, conjuguée au tempéramentnerveux de Thérèse, annonce le crime qui sera commis au nom de cette passion.

Cette rencontre entre Thérèse etLaurent nous renvoie évidemment aux nombreuses scènes de rencontres qui ont marqué la littérature.

Celle entreGertrude et Le Pasteur dans La Symphonie Pastorale d'André Gide est particulièrement intéressante puisques'opposant en tout point à celle entre Thérèse et Laurent.

En effet, ce sont de véritables sentiments amoureux quinaissent entre les deux individus, au mépris de la cécité de Gertrude qui témoigne d'un amour pur.

Les sentiments dupasteur, tout d'abord inexistants ou tout du moins inconscients, vont peu à peu s'extérioriser.

L'accompagnementdu pasteur pour éduquer Gertrude aboutit au fil du temps à la naissance d'un amour réciproque.

Les sentimentsamoureux qui les habitent vont en gradation croissante avec l'épanouissement de Gertrude.

Or, dans le cas deThérèse et Laurent, leur passion naît dès la première rencontre, sans que les sentiments éprouvés n’aboutissent àune véritable relation amoureuse.

La rencontre revêt donc plusieurs accoutrements, l’opposition entre celle deThérèse et de Gertrude en est le plus bel exemple.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles